Soutien à l’Éducation Holistique en Colombie pour Contrer la Crise de l’Apprentissage qui Fait Boule de Neige

NEW YORK & NAIROBI, 24 avr. 2023 (IPS) – La plus grande crise de déplacement externe dans l’histoire récente de l’Amérique latine se déroule alors que les pays ouvrent leurs frontières à un afflux de réfugiés du Venezuela à la suite de troubles politiques sans précédent, d’une instabilité socio-économique et d’une crise humanitaire.

“La crise régionale en cours au Venezuela est telle que plus de 6,1 millions de réfugiés et de migrants ont fui le pays, déclenchant la deuxième plus grande crise de réfugiés aujourd’hui. La Colombie à elle seule accueille 2,5 millions de réfugiés et de migrants vénézuéliens qui ont besoin d’une protection internationale”, explique à IPS Yasmine Sherif, Directrice Exécutive d’Éducation Sans Délai (ÉSD).

Mme Sherif félicite la Colombie d’avoir ouvert ses frontières en dépit des difficultés qu’elle rencontre en son sein. En effet, 2,5 millions de réfugiés et de migrants en provenance du Venezuela s’ajoutent aux 5,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays.

“Le gouvernement colombien a pris des mesures remarquables pour permettre aux réfugiés et aux migrants du Venezuela d’accéder à des services essentiels vitaux tels que l’éducation. En soutenant ces efforts dans le cadre du lien entre l’humanitaire, le développement et la paix, nous jetons les bases d’un avenir plus pacifique et plus prospère, non seulement pour le peuple colombien, mais aussi et surtout pour les réfugiés et les migrants vénézuéliens”, souligne-t-elle.

L’afflux de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays a accru le risque que les enfants et les adolescents soient exclus du système éducatif. Alors que la vie telle qu’ils la connaissaient s’effondre et que l’incertitude plane, l’accès à une éducation sûre, de qualité et inclusive est leur seul espoir.

Les filles, les enfants handicapés et ceux des peuples indigènes et afro-colombiens sont très vulnérables car ils sont souvent laissés pour compte, oubliés alors qu’une vie d’apprentissage et d’opportunités de gains manqués se profile à l’horizon.

La Délégation de Haut Niveau de la mission d’ÉSD, conduite par la Directrice Exécutive Yasmine Sherif, et les partenaires nationaux, Fundación Plan, Conseil Norvégien des Refugiés, Save the Children, UNICEF, World Vision, au centre d’apprentissage “Eustorgio Colmenares Baptista”, soutenu par ÉSD, à Cúcuta, en Colombie. Crédit : ÉSD

Pour éviter une catastrophe éducative, car de nombreux enfants risquent d’être exclus d’un système éducatif déjà fragile, l’initiative ÉSD a l’intention de continuer à accroître ses investissements en Colombie. Pour tenir la promesse d’une éducation holistique et donner aux enfants vulnérables une chance de s’en sortir.

ÉSD a investi près de 16,4 millions de dollars américains en Colombie depuis 2019. Le fonds a l’intention d’étendre son soutien avec 12 millions de dollars américains supplémentaires pour la prochaine phase triennale de son Programme Pluriannuel de Résilience, ce qui, une fois approuvé, portera l’investissement global en Colombie à plus de 28 millions de dollars américains.

Le nouveau Programme Pluriannuel de Résilience sera élaboré au cours de l’année 2023 – en étroite consultation avec les partenaires et sous la direction du gouvernement colombien – et soumis au Comité Exécutif d’ÉSD pour approbation finale en temps voulu.

Sherif, qui a annoncé le renouvellement du soutien lors de sa récente visite d’une semaine en Colombie, souligne qu’ÉSD travaille en étroite collaboration avec le ministère de l’Éducation et d’autres ministères de tutelle en Colombie pour soutenir les efforts du gouvernement visant à répondre aux crises interconnectées du conflit, des déplacements forcés et du changement climatique, tout en continuant à fournir une éducation de qualité.

Cette collaboration est essentielle. Malgré les efforts louables du gouvernement pour étendre le statut de protection temporaire aux Vénézuéliens en Colombie, les enfants continuent de ne pas bénéficier de leur droit humain à une éducation de qualité.

Rien qu’en 2021, le taux d’abandon scolaire des enfants colombiens était déjà de 3,62 % (3,2 % pour les filles et 4,2 % pour les garçons). Ce chiffre double presque pour les Vénézuéliens (6,4 %) et atteint 17 % pour les enfants déplacés à l’intérieur du pays.

“Mais même lorsque les enfants peuvent aller à l’école, la majorité d’entre eux prennent du retard. Une analyse récente montre que près de 70 % des enfants de dix ans ne peuvent pas lire ou comprendre un texte simple, contre 50 % avant que la pandémie de COVID-19 n’entraîne la fermeture des écoles dans toute la Colombie”, observe Mme Sherif.

Dans ce contexte, elle évoque le besoin urgent de fournir aux filles et aux garçons touchés par les crises interconnectées des conflits, des déplacements, du changement climatique, de la pauvreté et de l’instabilité, la sécurité, l’espoir et l’opportunité d’une éducation de qualité.

Le programme élargi d’ÉSD permettra à la Colombie de mieux soutenir les enfants et les adolescents du Venezuela, les enfants déplacés à l’intérieur du pays et les communautés d’accueil, ainsi que les communautés indigènes et afro-colombiennes touchées par ces crises permanentes.

“L’investissement d’ÉSD s’aligne étroitement sur la stratégie d’inclusion du gouvernement colombien et renforcera le système éducatif au niveau national et dans les régions les plus touchées par les déplacements forcés. Le programme mettra également l’accent sur l’éducation des filles afin que personne ne soit laissé pour compte”, a-t-elle ajouté.

Une jeune fille fait de l’artisanat à l’école indigène Yukpa de la communauté Manüracha, à Cúcuta, en Colombie. Crédit : ÉSD

En novembre 2022, plus d’un demi-million d’enfants et d’adolescents vénézuéliens avaient été inscrits dans le système éducatif formel colombien. Les investissements d’ÉSD ont permis de toucher 107 000 enfants dans le pays à ce jour.

“Le financement est essentiel pour s’assurer qu’aucun enfant n’est laissé pour compte. Mais les fonds sont actuellement insuffisants pour répondre aux défis sur le terrain et aux besoins croissants. On estime à 46,4 millions de dollars américains le montant nécessaire pour financer intégralement la réponse pluriannuelle actuelle en matière de résilience en Colombie”, explique Sherif.

Le Programme Pluriannuel de Résilience d’ÉSD en Colombie est mis en œuvre par l’UNICEF et un consortium d’ONG dirigé par Save the Children, comprenant le Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC), World Vision et Plan International.

Les investissements d’ÉSD en Colombie permettent d’accéder à des environnements d’apprentissage formels et non formels sûrs et protecteurs, à des services de santé mentale et de soutien psychosocial, ainsi qu’à des services spécialisés pour soutenir la transition vers le système éducatif national des enfants qui risquent d’être laissés pour compte. Diverses actions visant à renforcer les capacités des autorités éducatives locales et nationales à soutenir l’éducation depuis la petite enfance jusqu’à l’école secondaire.