Les Agences de l’ONU Appellent à s’Engager pour Transformer l’Éducation dans les Situations de Crise

Nations Unies, 20 Septembre 2022 (IPS) – L’avocate des jeunes réfugiés, Mary Maker, a appelé les États membres de l’ONU à honorer leurs engagements de transformer l’éducation de la base au sommet, en commençant par ceux qui vivent dans les circonstances les plus malaisées et les plus difficiles.

Mary Maker, une réfugiée sud-soudanaise qui a fui son pays et a trouvé l’espoir en fréquentant une école dans le camp de réfugiés de Kukuma au Kenya, a présidé une session intitulée ” l’Éducation dans les Situations de Crise – Un Partenariat pour des Actions Transformatrices pour les Apprenants” le dernier jour du Sommet ‘’Transformer l’Éducation’’ (TES).

La session s’est focalisée sur l’éducation et l’apprentissage en situation de crise et sur le déplacement forcé qui résulte souvent de ces situations.

“Je suis très excitée par cette session parce que c’est mon histoire. C’est l’histoire de tant d’autres réfugiés”, a déclaré Maker, qui soutient également le HCR. “Et comme nous avons discuté ces derniers jours, j’espère que cet Appel à l’Action deviendra quelque chose que nous pourrons mettre en œuvre après cette session.”

Elle a parlé de l’importance de la session, “étant donné l’augmentation des déplacements dans le monde, et le besoin supplémentaire d’un effort collectif pour transformer la fourniture et le financement d’une éducation de qualité.”

Les États membres ont affirmé leur engagement à transformer l’éducation lors de la troisième et dernière journée du Sommet sur la Transformation de l’Éducation. La Journée des Leaders de la TES, le 19 septembre, a été consacrée aux Chefs d’État et de Gouvernement pour qu’ils présentent leur Déclaration Nationale d’Engagement envers les objectifs du sommet lors des Tables Rondes des Leaders. En parallèle, des sessions thématiques ont été organisées dans le but d’établir des priorités transversales pour la transformation de l’éducation et de réaffirmer les engagements et les plans d’action des multiples parties prenantes, y compris les gouvernements mondiaux, les partenaires de l’ONU et les organisations de la société civile.

La session a lancé ” L’Éducation en Crise : Un Appel à l’Action”, un engagement à transformer les systèmes éducatifs pour qu’ils puissent prévenir, se préparer, répondre et se remettre des crises et pour que tous les enfants affectés par les crises aient accès à des opportunités d’apprentissage continues, inclusives et sûres. L’Appel à l’Action demande aux pays, aux organisations multilatérales, aux groupes de la société civile et aux partenaires de l’éducation d’œuvrer en faveur de l’accord en améliorant l’accès à l’éducation et les résultats d’apprentissage en matière d’égalité et d’inclusion ; en protégeant et en améliorant le financement externe ; en travaillant ensemble pour construire des systèmes éducatifs résilients dans l’esprit de la coopération internationale ; en mettant à l’échelle et en intégrant les interventions à fort impact et fondées sur des preuves dans les efforts de politique et de programme.

“Cet Engagement à l’Action est le résultat de consultations approfondies avec plus de 45 pays touchés par la crise sur les cinq continents, plus de 100 organisations de la société civile, ainsi que d’autres parties prenantes, notamment les jeunes”, a déclaré Estefania Giannini, Sous-Directrice Générale de l’UNESCO.

Les agences des Nations unies, représentées par leurs dirigeants, ont souligné l’urgence de l’éducation en temps de crise.

Filippo Grandi, Haut-Commissaire du HCR, a évoqué l’impact des crises cumulées, telles que le changement climatique, la famine et les conflits armés.

“À travers tous ces aspects sous-jacents des crises, les forces des crises, vous avez le déplacement forcé”, a-t-il déclaré. “Les gens fuient ou sont obligés de fuir leurs maisons parce qu’il y a des combats. Ils sont obligés de fuir leurs maisons à cause de la faim, et ils sont maintenant de plus en plus obligés de fuir leurs maisons à cause du changement climatique. Plus important encore, tous ces facteurs sont liés entre eux.”

Il a ajouté : “Et tous ces visages de la crise sont des multiplicateurs de la vulnérabilité… Ces défis, ou ces crises comme nous devrions les voir, mettent l’éducation au défi.”

En raison des crises en cours, des catastrophes induites par le climat et des déplacements forcés, 222 millions d’enfants et de jeunes ont connu des perturbations dans leur éducation, affectant leur accès ou leur continuité à l’apprentissage.

Yasmine Sherif, Directrice Exécutive de l’organisation Éducation Sans Délai, s’inquiète du fait que le monde compte désormais le plus grand nombre de personnes déplacées depuis la Seconde Guerre Mondiale. Crédit : ONU

“Nous avons atteint un nombre historique – une triste histoire – de personnes déplacées de force, le plus grand nombre de peuples depuis la Seconde Guerre Mondiale”, a déclaré Yasmine Sherif, Directrice Exécutive de l’organisation Éducation Sans Délai (ÉSD), lors d’une table ronde.

“Malgré l’énormité de ce défi, nous devons atteindre chacun d’entre eux, et nous devons nous assurer qu’ils bénéficient d’un apprentissage fondamental”, a déclaré Catherine Russell, Directrice Générale de l’UNICEF.

S’adressant directement aux Chefs d’État et de Gouvernement, Mme Russell leur a demandé de donner la priorité à l’éducation, en particulier à son accès en période de crise. “Nous avons besoin de votre aide pour allouer des fonds nationaux et humanitaires à l’éducation. Nous avons besoin de votre aide pour prévenir ou mettre fin aux attaques contre l’éducation. Nous avons besoin de votre engagement pour construire des systèmes éducatifs résilients afin qu’ils puissent résister aux chocs futurs qui, nous en sommes certains, vont arriver. Et nous avons besoin de votre engagement pour protéger l’éducation des enfants les plus vulnérables.”

Les États membres représentés lors de la session, dont le Qatar, l’Équateur, le Sud-Soudan, le Pakistan, la Norvège, la Suisse, la Commission européenne et l’État de Palestine, ont affirmé leur soutien à l’Engagement à l’Action et ont fait part des mises en œuvre de leurs États en vue d’améliorer l’accès à l’éducation.

“Nous savons que les systèmes éducatifs doivent être suffisamment résilients pour prévenir, préparer, repousser et se remettre d’un conflit armé. Nous espérons que notre Appel à l’Action y parviendra”, a déclaré Virginia Gamba, Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour les Enfants et les Conflits Armés, alors qu’elle clôturait la séance sous les projecteurs

“L’alignement entre les priorités nationales et les engagements internationaux est essentiel pour rendre les systèmes éducatifs plus résilients et peut garantir la protection des enfants et de leurs droits, notamment la Convention relative aux Droits de l’Enfant.”

Cet esprit de coopération internationale entre de multiples parties prenantes sera en effet essentiel pour transformer l’éducation à un niveau fondamental. Dans le cadre de la conversation mondiale, cette question sera réexaminée lors de la Conférence de Haut Niveau sur le Financement d’ÉSD, prévue les 16 et 17 février 2023. La conférence aura lieu à Genève, avec comme co-organisateurs le Sud-Soudan, le Niger, l’Allemagne et la Norvège.