AFRIQUE AUSTRALE: Traverser les frontières en faisant du commerce

MBABANE, 25 août (IPS) – Les commerçants transfrontaliers du Swaziland sont à peine capables de joindre les deux bouts en raison des taxes élevées et des droits de douane qu'ils doivent payer lorsqu’ils importent des marchandises par les postes-frontières de ce pays d'Afrique australe.

Les vendeurs ambulants qui importent des habits d’occasion du Mozambique voisin, un pays limitrophe du Swaziland à l'est, se plaignent qu’ils payent des taxes très élevées par rapport à leurs homologues sud-africains. Le Swaziland est limité à l'est par l'Afrique du Sud et le Mozambique, et la plupart des commerçants obtiennent leur stock à partir des deux pays.

Dudu Fakudze vend des vêtements d’occasion à Mbabane, la capitale du Swaziland, et va au Mozambique chaque semaine pour s’approvisionner.

“C'est toujours frustrant d’amener le stock du Mozambique parce que les douaniers ne considèrent pas la valeur à laquelle vous avez acheté le produit”, s’est plaint Fakudze.

Alors que le Trésor du Swaziland (SRA) impose une taxe de 14 pour cent de la valeur ajoutée (TVA) pour les marchandises provenant d'Afrique du Sud, une formule différente s'applique à celles qui sont importées du Mozambique.

“Nous sommes obligés de payer soit E450 (46 dollars) par balle ou de débourser entre E3 et E5 (30 et 50 cents) par article pour les habits d’occasion”, a indiqué Fakudze à TerraViva. “Je fais de bénéfice à peine à cause du montant que je paie à la frontière”.

Le directeur de la communication du SRA, Vusi Dlamini, a admis que les importateurs à partir du Mozambique paient plus par rapport à ceux provenant d'Afrique du Sud. Il a attribué cela au fait que le Mozambique ne fait pas partie de l'Union douanière d'Afrique australe (SACU), dont sont membres le Swaziland et l'Afrique du Sud.

Dlamini a déclaré que selon le Livre tarifaire harmonisé utilisé par tous les pays de la SACU, on devrait prélever E25/kg (2,50 dollars/kg) de droits seulement sur les vêtements d’occasion, plus 14 pour cent de TVA. Mais il a indiqué qu’il apparaissait que l'application de cette disposition sortirait les commerçants des affaires.

“Après beaucoup de contacts avec le représentant des vendeurs ambulants, il a été décidé qu'un tarif forfaitaire qui inclut à la fois des droits de douane et la TVA à l'importation soit utilisé pour une gamme de produits généralement importés”, a-t-il dit.

Des responsables corrompus du SRA en rajoutent également à la tension, s’est plaint Sipho Mabaso, un autre vendeur ambulant à Mbabane. Il a déclaré qu'il a été forcé de payer des pots-de-vin à l’entrée de la frontière.

“Des responsables du SRA menacent de confisquer nos produits si nous ne leur donnons pas une 'boisson fraîche' qui pourrait coûter entre E50 et E100 (cinq à 10 dollars)”, a affirmé Mabaso.

Toutefois, la situation n'est pas non plus facile pour les commerçants qui importent des marchandises d'Afrique du Sud, a déclaré le président de l'Association des vendeurs ambulants 'Phandzelumntfwana', Mabhodweni Dlamini. Il a affirmé qu'à cause du faible nombre des agents des douanes à la frontière, les files d'attente sont généralement très longues, notamment à la fin du mois où il y a beaucoup de commerçants et de voyageurs.

“Les vendeurs ambulants passent souvent jusqu’à six heures à la frontière et quand vous arrivez devant la queue, vous êtes souvent très frustré”, a déclaré Dlamini. “C'est-à-dire lorsque vous êtes obligé de payer un pot-de-vin”.

Il a souligné que certains petits commerçants achètent leurs marchandises auprès des vendeurs ambulants en Afrique du Sud qui ne délivrent pas de reçus. Bien que le SRA soit conscient de cette situation, a-t-il dit, les agents des douanes refusent d'accepter les prix déclarés par les commerçants.

Dlamini du SRA a indiqué que l'organisation déterminera les postes qui ont besoin de plus de personnel grâce à l'utilisation d'un modèle clairement défini conforme aux normes de service à la clientèle.

Dlamini a déclaré que depuis la création du SRA en 2011, l'organisation a renvoyé une partie de son personnel qui s’est engagé dans un comportement de corruption ou contraire à l'éthique. Il a souligné que le SRA a reçu des plaintes émanant des importateurs revenant du Mozambique.

“Toutefois, lorsque vous désirez plus de détails, les informations manquent”, a ajouté Dlamini.