AFRIQUE AUSTRALE: Les femmes zimbabwéennes, principales contributrices à l’économie, mais silencieuses

HARARE, 24 août (IPS) – Dans le village de Sasa, dans la province centrale du Masholand, au Zimbabwe, des femmes comme Esnath Mashaire, 45 ans, sont devenues des entrepreneuses, cultivant des produits agricoles pour les vendre sur le marché communautaire local.

Sur les terres communales, elles cultivent une grande variété de légumes tels que les tomates, oignons, haricots et les choux qu'elles vendent pour compléter leurs revenus formels.

Des années de crise économique ont gravement affecté la vie de beaucoup de citoyens du Zimbabwe. Avec un taux de chômage élevé, estimé à plus de 80 pour cent, le commerce informel s'est avéré être la principale source de moyens de subsistance après l'effondrement de l'économie formelle, bien que beaucoup affirment que le gouvernement n'a pas pris de mesures pour soutenir les petites et moyennes entreprises (PME).

La majorité des femmes zimbabwéennes contribuent à l'économie à travers les PME, mais leurs efforts semblent être insignifiants puisqu’ils sont ignorés par les institutions qui pourraient leur fournir un appui.

“Beaucoup de femmes dans ce village s'engagent dans la culture maraîchère au niveau individuel ou familial parce que nous n'avons pas assez d'espace agricole pour agrandir nos jardins”, a déclaré Mashaire à IPS.

“Le capital est devenu aussi l'un des principaux obstacles qui nous empêchent de cultiver suffisamment. Ainsi, nos entreprises ne se développent pas pour atteindre les normes internationales pour l'exportation. Toutefois, nous avons réussi à fournir des légumes frais aux marchés locaux”, a-t-elle affirmé.

La Banque centrale du Zimbabwe (RBZ) a demandé aux banques d’engager 30 pour cent de leurs prêts pour stimuler la croissance des PME.

Selon la RBZ, les entreprises classées comme PME devraient avoir une base d'actifs comprise entre 10.000 et deux millions de dollars et un chiffre d'affaires annuel situé entre 30.000 et cinq millions de dollars. Cependant, la plupart des petites entreprises dans le pays n'ont pas cette base d’actifs élevée ou un chiffre d'affaires annuel.

Selon un rapport compilé par l’organisation 'Ernest and Young', pour 2011 – 2012, “70 pour cent de la population économiquement active a été exclue de l'accès aux services financiers formels”.

Le ministre des Petites et Moyennes Entreprises et du Développement coopératif, Sithembiso Nyoni, a admis que les PME n’arrivaient pas à se développer en raison des taux d'intérêt élevés et des conditions strictes d’octroi de crédit.

Des analystes économiques soutiennent que les contributions des femmes entrepreneuses demeurent inaperçues, bien qu'elles contribuent efficacement à l'économie.

“Si un million de femmes impliquées dans de petites entreprises comme la vente sont en mesure de se faire en moyenne deux dollars par jour, le pays fait une recette de deux millions de dollars par jour et 728 millions par an. Aussi petites qu'elles soient dans leur capacité individuelle, elles constituent collectivement un groupe important de personnes qui contribuent efficacement à l'économie qui a besoin d’un grand appui”, a déclaré à IPS, Paidamoyo Makoti, un économiste du travail.

Udo Etukudo, un conseiller économique du Programme des Nations Unies pour le développement au Zimbabwe, a indiqué qu'il était important pour les pays en développement de promouvoir l'inclusion financière des PME.

“Les banques ont besoin de trouver une façon progressive de soutenir les petits acteurs. Les PME jouent un grand rôle dans les économies en développement. Les banques constituent le carburant et sans elles, il n'y a pas de développement pour le secteur”, a souligné Etukudo à IPS.