NIGER: De petits paysans apprennent à accroître leurs productions

NIAMEY, 23 août (IPS) – De petits producteurs valorisent leur savoir-faire local au Niger et apprennent à adapter les nouvelles technologies de la recherche à leur milieu dans des Parcelles d’initiatives paysannes (PIP), pour accroître leurs rendements agricoles.

Les PIP expérimentées dans la région de Maradi, dans le centre-est de pays sahélien d’Afrique de l’ouest, sont dans un projet financé par le Fonds international de développement agricole (FIDA).

«C’est une initiative d’un projet FIDA…, le Projet de promotion de l’initiative locale pour le développement à Aguié (PPILDA), qui a développé plusieurs autres initiatives comme les champs de diversités phytogénétiques, l’appui-conseil agricole paysan…», explique Issa Hassane, un technicien du projet FIDA dans la région. Le coût global du projet est de 37,6 millions de dollars US. Selon Hassane, «Les PIP sont des champs de démonstration des technologies porteuses issues de la recherche ou du milieu paysan, pour améliorer les productions agricoles, animales et pour gérer des ressources naturelles». «Ce sont des champs d’environ un hectare pris en location où paysans, chercheurs et agents vulgarisateurs se retrouvent pour partager leurs connaissances sur les bonnes pratiques agricoles, les variétés de semences améliorées et les technologies adaptées à l’environnement local, en vue d’une large vulgarisation de celles-ci», ajoute Hassane à IPS.

Abdou Soulèye, un paysan d’Aguié, au sud de Maradi, déclare avoir appris, grâce aux PIP, «beaucoup de techniques intéressantes comme la transformation de l’urine humaine en fertilisant qui donne un rendement meilleur à celui de l’urée, le choix des meilleures variétés, les densités de semis, le démariage à trois plants…» «Le fertilisant à base d’urine, qui s’obtient à travers une collecte et un stockage des urines dans des bidons de 40 litres fermés pendant un mois pour tuer les germes, me permet de réaliser environ 1,7 tonne de mil à l’hectare contre 1,3 tonne avec l’urée dans mon champ de 2,5 hectares», indique Soulèye à IPS.

«Nous l’utilisons comme engrais de couverture avec de la fumure organique et ceci nous permet de réaliser des économies, car on achète moins d’engrais chimiques lorsqu’on exploite un grand champ», explique-t-il.

Saoudé Adamou, une agricultrice de 40 ans, a bénéficié également du renforcement des capacités dans les PIP, et cela lui a permis non seulement de mieux valoriser sa parcelle de 800 mètres carrés, mais aussi d’en accroître le rendement, selon elle.

«Rien ne poussait avant sur certaines parties de mon champ à cause de dureté du sol, mais j’ai pu les récupérer grâce aux techniques de Zaï et de demi-lune agricole que j’ai apprises dans le champ école», dit-elle à IPS.

Productrice d’arachide, Adamou affirme réaliser aujourd’hui entre 12 et 15 sacs de 100 kilos par campagne contre seulement six auparavant, à travers l’utilisation de variétés précoces et à haut rendement et une bonne fertilisation de sa parcelle.

«La vente de ma production m’assure une relative autonomie financière et me permet de prendre en charge certaines dépenses de mon foyer comme l’habillement de mes cinq enfants, l’équipement de la maison et l’achat de produits divers», souligne-t-elle.

«Les semences de base qui sont utilisées dans les PIP pour les expérimentations, sont fournies par l’Institut national de recherches agronomiques du Niger (INRAN)», souligne à IPS, Salami Issoufou, l’agronome coordonnateur de l’Unité semencière de l’INRAN à Niamey, la capitale nigérienne.

Almou Boukary, un autre petit producteur de la région exploitant un champ familial d’environ cinq hectares avec son jeune frère, a estimé leur récolte de mil «entre 35 et 40 sacs de 100 kilos avec l’utilisation des variétés précoces à haut rendement et les bonnes pratiques agricoles apprises dans les PIP, alors qu’auparavant elle ne dépassait guère 20 sacs».

L’engouement suscité par ces techniques et innovations agricoles chez les paysans a favorisé la création de quelque 90 PIP dans la région de Maradi, selon le PPILDA.

«A travers ces dispositifs, les capacités de plus de 2.700 paysans, dont plus de 870 femmes, ont été renforcées; et comme chaque stagiaire s’engage à former à son tour six autres paysans, cela fait un total de 16.200 bénéficiaires touchés», indique Hassane.

Et le PPILDA dit avoir constaté l’adoption de certaines innovations enseignées dans les PIP, comme le système de rotation des cultures (céréales-légumineuses, spécialement le mil et le niébé) même par des paysans de villages du Nigeria situés le long de la frontière avec le Niger, notamment à Dankama.

«Les paysans vivant dans l’ouest du Niger sont aussi intéressés par ce type d’intervention, mais malheureusement, nous constatons que les projets financés par le FIDA sont essentiellement concentrés dans le centre et l’est du pays», déplore Halima Seydou, membre de la coopérative paysanne «Beegué» (qui signifie 'attrait' en Djerma) de Goudel, un village périphérique de Niamey. En visite de travail au Niger fin-juillet, le président du FIDA, Kanayo F. Nwanze, a répondu à cette préoccupation lors d’une conférence de presse, soulignant que «c’est le gouvernement nigérien qui choisit les zones d’interventions» de son institution dans le pays.

Devant la motivation des bénéficiaires des projets pour accroître leur productivité qu’il a constatée sur le terrain, Nwanze a annoncé «deux nouvelles allocations de financements de 200 millions de dollars US en cours de préparation avec d’autres partenaires pour soutenir l’agriculture familiale au Niger».