DEVELOPPEMENT: Ce qui est bon pour le Brésil est bon pour l’Afrique

ADDIS-ABEBA, 4 juil (IPS) – Comme l'Afrique transforme son économie, elle aura besoin des emplois modernes et d’une productivité accrue pour combattre la faim sur le continent, ont convenu les dirigeants africains lors d'un sommet de deux jours.

Les dirigeants ont convenu que l'investissement agricole et le fait d’avoir un budget pour les pauvres du continent mettront un terme à la faim extrême et renforceront le développement des économies africaines, lorsqu’ils se sont réunis au sommet sur “L’éradication de la faim en Afrique d'ici à 2025” à Addis-Abeba, du 30 juin au 1er juillet.

“L'Afrique discute de la transformation de son économie et pour ce faire, nous avons besoin de mettre (l'accent) sur les pertes enregistrées à cause de la faim sur le continent, et sur ce qui nécessite des investissements”, a déclaré à IPS, Carlos Lopes, secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique.

“La nécessité d'investir dans l'agro-industrie, la modernisation de l'agriculture et une transformation de la base industrielle de l'Afrique constituent ce que je fais comprendre aux chefs d'Etat. L'Afrique a besoin des emplois modernes et d'un type de productivité totalement différent”, a-t-il indiqué.

Ce sommet était la plus grande réunion axée sur l’éradication de la faim en Afrique depuis la déclaration en 2003 du Programme détaillé de développement agricole en Afrique (PDDAA). Le PDDAA a été créé comme une initiative pour la mobilisation des ressources, pour un engagement Sud-Sud et pour que les pays consacrent une partie de leurs budgets nationaux à la réduction de la pauvreté à travers l'investissement dans les petits agriculteurs.

Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale estiment que la croissance économique en Afrique subsaharienne atteindra 5,5 pour cent en 2013 et 6,1 pour cent en 2014, bien au-dessus de la moyenne mondiale. Pourtant, un quart de tous les Africains souffrent encore de la faim chronique.

Mais l'Afrique se tourne vers le Brésil pour des solutions. En 2003, l'ancien président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, avait lancé le programme 'Faim zéro', largement loué, dans son pays, qui avait aidé 28 millions de personnes à vaincre l'extrême pauvreté en deux ans.

Lula a conseillé aux dirigeants africains présents au sommet de voir les dépenses favorables aux pauvres comme un investissement et non comme une dépense. “C'était un stimulant pour la croissance économique du Brésil, où les pauvres sont rapidement devenus des consommateurs”, a-t-il dit.

Brazil currently buys 30 percent of the ingredients for school meals from smallholder farmers. The country, which has the fastest-growing middle class in Latin America, annually invests 500 million dollars in purchasing food from smallholder farmers and 12 billion dollars in direct cash transfers to assist farmers “grow” out of poverty.

Le Brésil achète actuellement 30 pour cent des ingrédients pour les repas scolaires auprès des petits fermiers. Ce pays, qui a la classe moyenne à croissance plus rapide en Amérique latine, investit chaque année 500 millions de dollars dans l'achat des aliments auprès des petits fermiers et 12 milliards de dollars sous forme de transferts directs de fonds pour aider les agriculteurs à “sortir” de la pauvreté.

“Si c'est possible au Brésil, alors c’est possible en Afrique”, a déclaré da Silva.

Les dirigeants africains ont convenu de renforcer leur appui aux agriculteurs en augmentant les transferts de fonds et les achats de produits afin du garantir la demande pour les produits agricoles des petits fermiers.

La ministre brésilienne du Développement social et de la Réduction de la Faim, Tereza Campello, a indiqué à IPS que vaincre la faim était non seulement un impératif moral, “mais aussi un choix de développement économique modèle avec une inclusion sociale accrue”.

“Au Brésil, la création d'emplois formels, l'augmentation du salaire minimum, le renforcement des petits agriculteurs et la mise en œuvre des programmes de transferts de fonds effectués sur conditions ont tous contribué à réduire la faim”, a affirmé Campello.

Forngueh Alangeh Romanus Che, conseiller de la Plateforme régionale des organisations paysannes d'Afrique centrale, a souligné que bien que le programme 'Faim zéro' ait été un succès au Brésil, toute initiative similaire lancée en Afrique doit tenir compte du contexte régional.

“Nous demandons que le projet 'Faim zéro' soit réalisé dans un contexte africain. Nous avons besoin d'intégration régionale sur le continent pour la libre circulation des personnes et des biens”, a déclaré Che à IPS.

Il a dit que l'Afrique avait plus que besoin d'un projet de protection sociale.

“Nous devons développer des projets sociaux et économiques qui renforcent la production agricole. Des dépenses favorables aux pauvres en Afrique doivent donner aux agriculteurs l'accès au crédit et l'accès à la terre”, a-t-il dit.

Le Malawi est l’un des pays africains qui ont atteint l'Objectif du millénaire pour le développement (OMD) de réduire de moitié la faim d'ici à 2015. Ce pays d'Afrique australe a fini par reconnaître ces dernières années que l’investissement dans le développement agricole affecte positivement les autres OMD, tels que l'accès à l'eau potable, aux soins de santé et l'autonomisation économique des femmes.

Les dépenses intérieures dans le secteur agricole au Malawi augmentent de cinq à huit pour cent par an. Le pays consacre actuellement 18 pour cent de son budget national annuel à l'agriculture, alors que le PDDAA exige seulement 10 pour cent du budget national d'un pays.

“L'investissement agricole est essentiel pour notre pays, sinon nous risquons un effondrement total en termes de sécurité alimentaire, d'économie et de population”, a déclaré à IPS, Peter Mwanza, le ministre de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire du Malawi.