AFRIQUE: Obama annonce une nouvelle attention américaine sur le trafic des espèces sauvages

WASHINGTON, 3 juil (IPS) – Le président Barack Obama a annoncé lundi, pendant sa tournée africaine, une série de nouvelles initiatives pour combattre les niveaux grimpants de braconnage international et élaborer un nouveau plan national sur le trafic des espèces sauvages.

Cette industrie illicite s'est développée de manière significative ces dernières années, et le président américain la considère désormais comme une “crise internationale”.

Selon un décret pris lundi par le président, les Etats-Unis fourniront désormais des millions de dollars pour une coordination renforcée et une formation du personnel dans les pays en développement. De ce montant, 10 millions de dollars seront affectés à l'Afrique, où le président Obama se trouvait encore en début de semaine pour une tournée de huit jours.

Au cours des dernières années, les braconniers ont tué un nombre record d'éléphants et de rhinocéros, en particulier en Afrique. Des analystes et législateurs préviennent que cette industrie illicite est désormais très dominée par le crime organisé international et des groupes de militants armés avec des armes et outils de haute technologie.

“Les opérations de braconnage sont allées au-delà des actions opportunistes à petite échelle pour devenir un abattage coordonné commandé par des associations criminelles organisées et armées”, a indiqué Obama dans le décret.

“La survie des espèces sauvages protégées… a des impacts économiques, sociaux et environnementaux bénéfiques qui sont importants pour toutes les nations. Le trafic d’espèces sauvages réduit ces avantages tout en générant des milliards de dollars de recettes illicites chaque année, contribuant ainsi à l'économie illégale, alimentant l'instabilité et sapant la sécurité”.

Sous l'initiative d'Obama, une nouvelle attention significative sera également mise sur les règlements ici aux Etats-Unis, qui constituent le deuxième plus grand marché après la Chine pour les produits de la faune illégalement trafiqués. Le président a ordonné la création d'un groupe de travail inter-agences et un conseil consultatif externe, qui examineront désormais tous les deux comment les règlements américains peuvent être renforcés de manière pertinente.

Le président a pris le nouveau décret lorsqu'il était en Tanzanie, largement considérée comme l'un des points chauds du commerce illicite de l'ivoire. Selon des chiffres fournis lundi par les responsables de la Maison Blanche, le trafic des espèces sauvages à travers le monde pourrait être en train de générer plus de 10 milliards de dollars par an, tandis que d'autres ont indiqué que ce chiffre pourrait être doublé presque.

“Cette attention américaine de haut niveau permettra de présenter le profil du trafic des espèces sauvages à travers le monde”, a indiqué à IPS, dans un communiqué, Allan Thornton, président de l'Agence des investigations sur l’environnement (EIA, son sigle anglais), un groupe de plaidoyer.

“L'épidémie de braconnage à travers l’Afrique menace d'anéantir les populations de rhinocéros et d'éléphants, et nous saluons la décision du président Obama de lutter contre le massacre insoutenable et le commerce des éléphants, rhinocéros et d’autres espèces menacées”.

Plus précieux que l’or Selon certaines estimations, le trafic des espèces sauvages est maintenant le quatrième plus grand crime transnational dans le monde, mais n'a jamais été attaqué avec l’attention ou les ressources d'autres crimes du genre.

Le groupe de travail, qui sera dirigé par les ministères de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères, va maintenant élaborer une nouvelle stratégie nationale sur le trafic des espèces sauvages dans les six prochains mois, visant à la fois “la lutte contre le trafic et la restriction de la demande”. Obama a donné des instructions spécifiques selon lesquelles le groupe de travail devrait examiner spécifiquement la façon d'utiliser la législation américaine anti-crime organisé dans cette lutte.

“Au cours de ces dernières années, le trafic des espèces sauvages a vraiment explosé en termes d'échelle et également en termes de types de braconniers et de réseaux de crime organisé qui sont impliqués dans cette activité… en particulier en Afrique australe et en Afrique de l'est, il atteint des proportions épidémiques”, a déclaré lundi aux journalistes, Grant Harris, le directeur principal pour l'Afrique du Conseil américain pour la sécurité nationale.

“Les Etats-Unis sont le deuxième plus grand marché, lamentablement, et ainsi … [le] Groupe de travail présidentiel examinera cette question et développera une stratégie nationale pour s’assurer que, comme les Etats-Unis, nous sommes organisés de façon appropriée et que nous faisons preuve de stratégie sur la façon de faire cela”.

Harris a noté que les trafiquants reçoivent environ 30.000 dollars par livre pour une corne de rhinocéros – “littéralement plus précieuse que son pesant d’or” – et que les populations de rhinocéros dans le monde ont chuté de plus de 90 pour cent au cours du demi-siècle passé.

De même, quelque 30.000 éléphants ont été tués en Afrique en 2012 seule, le nombre le plus élevé depuis deux décennies. On pense que le commerce illicite de l'ivoire a doublé seulement au cours des six dernières années, renforcé par de nouvelles ventes alimentées par Internet et une demande croissante du marché (et le pouvoir) dans des économies en croissance, en particulier la Chine.

“Ces associations sont en train de dépouiller l'Afrique de ses richesses”, a affirmé lundi, Carter Roberts, président du bureau du Fonds mondial pour la nature (FMN) aux Etats-Unis.

“L'engagement du président Obama d’aider à stopper la vague de crimes à travers le monde, qui vident les forêts et savanes du continent, est une nouvelle opportune. Il donne un coup de pouce salutaire à tous ceux qui sont impliqués dans la lutte contre le trafic des espèces sauvages – depuis les gardes sur le terrain jusqu’aux décideurs à travers le monde en passant par les groupes locaux de préservation”.