SWAZILAND: A la recherche des travailleurs des mines infectés par la tuberculose

MBABANE, 15 avr (IPS) – Depuis plus d'une décennie, après 1992, lorsque Benson Maseko, 50 ans, un travailleur des mines d’or originaire du Swaziland, est tombé malade avec des douleurs à la poitrine et une toux persistante, il n’a pas cherché un traitement.

A cause de sa maladie, Maseko a été licencié sans avantages sociaux de son travail dans une mine à Johannesburg, en Afrique du Sud. Et quand il est retourné chez lui à Mahlangatsha, un petit village à la périphérie de Manzini, la capitale économique du Swaziland, il a choisi de poursuivre le traitement traditionnel de sa maladie au lieu d'aller voir un médecin.

“Je suis allé à l'hôpital seulement en 2005 lorsque j'ai été déclaré souffrant de tuberculose (TB) et j’ai été soigné”, a-t-il dit à IPS. C'était grâce à Médecins sans frontières, une organisation internationale non gouvernementale, que Maseko a pu faire les voyages mensuels vers l'hôpital. Ils lui donnaient les frais de transport d’environ 5,50 dollars et des rations alimentaires.

Mais après avoir fini son traitement de six mois, il avait rechuté à deux reprises. “(Puis) un an après avoir terminé le traitement à nouveau, je suis retombé malade”, a indiqué Maseko.

Ce père de cinq enfants est aussi séropositif, et sa tuberculose récurrente a déjoué les agents de santé parce qu'il était sous traitement antirétroviral. Mais, a-t-il expliqué, quand il a dit aux agents de santé qu’il avait l'habitude de travailler dans les mines, tout ce qui concerne sa maladie avait un sens pour eux.

“J'ai été ensuite reconnu comme souffrant de la MDR-TB (tuberculose résistante à plusieurs médicaments)”, a-t-il souligné. Il a depuis lors terminé avec succès son traitement en janvier et est programmé pour un bilan de santé en avril.

Selon Dr Samson Haumba, le directeur exécutif de la 'University Research Co., LLC' (URC), une organisation non gouvernementale opérant à travers le monde et au Swaziland où elle fournit un appui technique sur le VIH et la tuberculose, la MDR-TB est très fréquente chez les travailleurs des mines.

Depuis le début d’avril, l’URC, en partenariat avec l’Association des migrants et travailleurs des mineurs du Swaziland (SWAMMIWA), a commencé un enregistrement national des ex-travailleurs des mines et de leurs familles. En outre, ils leur font également des tests de dépistage pour la tuberculose et les renvoient pour un traitement.

Ce pays d'Afrique australe ne dispose pas de base de données pour les travailleurs des mines, qui ont commencé à aller en Afrique du Sud pour la première fois travailler dans les mines dans les années 1920. Mais le ministère du Travail et de la Sécurité sociale estime le nombre à environ 100.000.

“Nous voulons savoir là où les travailleurs des mines se trouvent et quelle distance les sépare des installations sanitaires”, a déclaré Haumba. “S'il le faut, nous mobiliserons des ressources pour renforcer les capacités des installations sanitaires”.

Haumba a indiqué que l'identification des travailleurs des mines dans leurs communautés les aiderait “à contenir la maladie” avant qu'elle ne se propage davantage au sein des communautés.

“Le taux de défaillance dans le traitement est aussi très élevé parce que les travailleurs des mines hésitent à passer un certain temps pour aller chercher leurs médicaments, puisqu’ils craignent d'être licenciés parce qu'ils constituent les soutiens pour leurs familles au pays”, a-t-il expliqué.

C’est un problème répandu non seulement au Swaziland, mais aussi dans toute la région. Les chefs d'Etat de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ont signé la Déclaration de la SADC sur la TB dans le secteur minier en 2012. Le roi du Swaziland, Mswati III, était parmi les signataires.

Selon un rapport publié en février par l’Organisation mondiale de la Santé, l'Afrique a dépassé l'Asie avec le nombre le plus élevé de décès dus à la TB estimé à 600.000 personnes en 2011. L'organisation a déclaré qu’en 2011, 1,5 million de personnes sont mortes de tuberculose, et sur ces cas, plus de 95 pour cent provenaient des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire.

Haumba a indiqué que la silicose était la maladie couramment rencontrée chez les travailleurs des mines, une maladie respiratoire due à l'inhalation de la poussière de la silice provenant de l'or.

“La silicose affaiblit le système pulmonaire de sorte qu'il est facile d'attraper la TB”, a-t-il dit. “C'est pourquoi la tuberculose est très fréquente chez les travailleurs des mines”. C’est aussi parce qu'ils travaillent dans une zone souterraine close où la circulation d'air est insuffisante, a ajouté Haumba.

Maseko a indiqué que les travailleurs des mines avec lesquels il avait travaillé n'avaient pas de masques pour se protéger contre la poussière.

“Nous avons l'habitude d'aller sous terre sans masque. En plus de l'obligation de supporter l'odeur âcre provenant de la fonte de l'or, la chaleur était insupportable parce qu'il n'y a pas de circulation d'air”.

Beaucoup d’anciens travailleurs des mines souffrent de tuberculose en conséquence, mais la seule différence entre eux et Maseko, c'est qu'ils ne vivent plus pour raconter leur histoire, a déclaré le secrétaire général de la SWAMMIWA, Vama Jele.

“Les travailleurs des mines souffrent de maladies pulmonaires à cause de la poussière qu'ils inhalent (en travaillant sur) les mines en Afrique du Sud”, a souligné Jele à IPS.

Le ministre sud-africain de la Santé, Dr Aaron Motsoaledi, a approuvé. Le 21 mars, lorsque les ministres de la Santé de la région se sont rencontrés au Swaziland et ont renouvelé leur engagement pour la lutte contre la TB et le VIH, Motsoaledi avait déclaré: “Si le VIH/SIDA et la tuberculose étaient un serpent, je peux vous garantir que la tête serait en Afrique du Sud”.