Q&R: La radio donne de la voix à la jeunesse sud-africaine

NATIONS UNIES, 13 mars (IPS) – Lesedi Mogoatlhe a consacré sa vie à l'autonomisation des jeunes Africains en les aidant à trouver leurs voix à travers le journalisme de radio.

A un moment de difficultés économiques, culturelles et politiques, les jeunes Sud-Africains sont confrontés à des problèmes extrêmement difficiles. En tant qu’adolescents, ils s'inquiètent pour leurs amis, leurs familles, leur éducation et pour leur statut social, mais doivent aussi en tant que Sud-Africains faire face aux dures réalités de la pauvreté, la maladie et de la violence.

Mogoatlhe, une formatrice à la 'Children’s Radio Foundation' (Fondation de la radio des enfants – CRF) en Afrique du Sud, se concentre sur la construction de l'intérêt pour les questions sociales, provoquant une pensée critique et entretenant la communication.

“Elle tente d'énumérer le nombre de défis et d’inégalités auxquels sont confrontés les gens sur le continent, pour parler de la façon dont les ressources naturelles sont mal exploitées, ou comment la corruption est devenue synonyme de leadership africain”, a déclaré Mogoatlhe à IPS, “mais cela semble être un exercice futile si je ne peux pas apporter des solutions à ces problèmes”.

Avoir une voix est essentiel pour obtenir un moyen de subsistance, et à travers des organisations comme la CRF et des formateurs comme Mogoatlhe, davantage de jeunes sont dotés de compétences en communication de base qui font plus que leur permettre simplement de dire comment ils se sentent.

Joan Erakit a parlé avec Mogoatlhe de son travail dans le journalisme de radio pour les jeunes en Afrique du Sud et son impact sur la vie des jeunes. Voici quelques extraits de l'interview.

Q: Vous formez des jeunes non seulement à s’autonomiser mais aussi à autonomiser leurs communautés à travers le journalisme de radio. Quel genre de tendances avez-vous commencé à voir? R: Les jeunes qui viennent de milieux ruraux sont plus avides de connaissances que les jeunes en milieu urbain. Ils semblent être plus concentrés et plus curieux au sujet des opportunités qui s’offrent à eux, et ils ont tendance à être meilleurs à s'organiser et à utiliser tout ce que la plateforme de la radio apporte sur leur chemin.

J'ai aussi réalisé que le premier moment d'autonomisation qui s’offre aux jeunes arrive lorsqu’ils ont un micro pour s’exprimer à travers. Quelque chose permettant d'amplifier leurs voix semble également amplifier toute autre chose qui se rapporte à eux.

Q: Comment les jeunes avec qui vous travaillez réagissent-ils aux différents aspects économiques, culturels et politiques de leur pays? R: Il est tellement difficile de répondre pour les jeunes d'Afrique du Sud. Dans certaines communautés, les jeunes sont préoccupés par comment obtenir de l'eau courante et de la nourriture. Dans d'autres ménages, les jeunes s’inquiètent de ne pas être en mesure d’optimiser leurs iPhones.

Mais la seule chose qui est évidente dans notre paradigme collectif, c’est le manque de plateformes pour que nos voix soient des plateformes écoutées où nous pouvons parler des problèmes quotidiens auxquels nous sommes confrontés, qu'il s’agisse de l'éducation, la discrimination raciale, l'inégalité de genre, la violence, la stigmatisation ou de l’absence d’opportunités d'emploi.

Notre lutte n'est pas aussi noire et blanche que celle de nos parents, qui ont vécu sous l'apartheid. Nos parents se demandaient “A quand la liberté?”. Nous nous demandons “C’est quoi liberté?”.

Q: Est-ce que les jeunes ont le sentiment que leurs voix sont entendues, que ce soit à travers la radio ou en dehors de cela? R: Pour la majorité des jeunes en Afrique du Sud, certains viennent de régions rurales où ils n'ont pas accès aux informations, et ce qui constitue des questions de défis pour eux n’est pas pris en compte dans les informations. Ils sont sous-représentés dans les médias. Des questions aux adultes dans leurs foyers et leurs communautés ne sont pas entendues, et leurs opinions ne sont pas recherchées lorsque des décisions importantes doivent être prises pour toute la société.

A travers les projets de radio que nous avons lancés, les jeunes parlent de la grossesse chez les adolescentes, l'abus d'alcool, le fait de vivre avec le VIH et de ce que ces choses signifient vraiment pour eux. Ils nous disent que les perceptions répandues sur eux changent depuis qu'ils interviennent à la radio, au lieu d'être catalogués comme mal inspirés ou paresseux, ils sont désormais considérés comme des leaders et des ambassadeurs pour leurs communautés.

Q: Dans votre travail, comment abordez-vous l'expérience de la vie avec le VIH? R: Je forme actuellement un groupe de jeunes infectés par le VIH, originaires de Khayelitsha, à devenir journalistes de radio. Ma contribution dans le processus est d’encourager leur partage (d’expériences), de faire l'éloge de leur apprentissage, de leur enseigner des compétences et leur rappeler le bon ou mauvais impact que leurs histoires peuvent avoir une fois qu'elles sont diffusées.

Si un étudiant veut divulguer sont statut parce qu'il se sent en sécurité dans l'anonymat que la radio offre, je lui demande, s'il préfère, de le faire sous un pseudonyme. Je ne m'implique pas nécessairement dans les efforts de résolution des problèmes qui peuvent se poser.

Dans ce projet particulier, le co-facilitateur est un conseiller sur le VIH et activiste, quelqu'un en qui les jeunes ont confiance. Nous commençons également l'atelier de formation avec un module sur la confidentialité et l'éthique; nous établissons des règles internes qui crée un sentiment de confiance entre nous.