Il est Temps pour des Résultats alors que le Soudan Entame la Deuxième Année de Partenariat CDN

KHARTOUM, 24 novembre 2020 (IPS) – Plus tôt cette année, lorsque des fortes pluies ont provoqué des inondations massives au Soudan, un état d’urgence de trois mois a été déclaré en septembre. Les inondations qui ont commencé en juillet ont été les pires que le pays ait connues au cours des trois dernières décennies et ont touché quelque 830 000 personnes, dont 125 000 réfugiés et personnes déplacées à l’intérieur du pays.

Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, le Nil avait atteint un niveau de plus de 17 mètres, faisant éclater ses berges et laissant des milliers «sans-abri et ayant désespérément besoin d’un soutien humanitaire».

Le Soudan, le plus grand pays d’Afrique, est le plus vulnérable à la variabilité et au changement climatiques.

«La sécheresse et les inondations sont les plus grands défis climatiques au Soudan et nous l’avons senti récemment», a déclaré à IPS, Rehab Abdelmajeed Osman, chercheur et coordinateur des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) au Conseil Supérieur Soudanais pour l’Environnement et les Ressources Naturelles (HCENR), se référant aux récentes inondations.

Les CDN décrivent les plans des pays pour réduire les émissions nationales et s’adapter aux impacts du changement climatique. Comme convenu dans l’Accord de Paris de 2015, les pays passent en revue ces plans tous les 5 ans.

Assistance pour soumettre des CDN améliorées

Avec le soutien du Climate Action Enhancement Package (CAEP) (Programme de renforcement de l’action climatique), une initiative du Partenariat CDN, le Soudan est l’un des 63 pays qui ont reçu une assistance financière et technique pour soumettre des CDN améliorées et accélérer leur mise en œuvre. Le CAEP a réuni des pays membres et 40 partenaires, dont l’Agence Internationale pour les Energies Renouvelables (IRENA), le World Resources Institute (Institut des Ressources Mondiales) , l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture et la Nature Conservancy (organisation de protection de l’environnement fondée en 1951 aux États-Unis d’Amérique dont le but est la préservation des plantes, des animaux et des communautés naturelles). Au Soudan, le soutien est mis en œuvre par le biais du HCENR.

Abdelmajeed Osman et Areeg Gafaar, le coordinateur du partenariat CDN, s’empressent de terminer le plan d’ici l’année prochaine.

Les CDN du Soudan donnent la priorité à l’atténuation et à l’adaptation en tant que stratégies.

«En examinant l’atténuation, nous examinons les problèmes que nous avons au Soudan à travers cette lentille. Le Soudan est confronté à des inondations et des sécheresses croissantes et cela affectera la sécurité alimentaire et aussi dans certains endroits, les précipitations diminuent et les gens doivent s’adapter en conséquence », a déclaré Gafaar à IPS.

La sécurité alimentaire reste également l’une des principales préoccupations des populations. Une évaluation après les inondations a noté que plus de 2 millions d’hectares de terres agricoles avaient été touchés.

Et en août, le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies a noté que 1,4 million de personnes rien qu’à Khartoum «connaissent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire jusqu’en septembre en raison du déclin économique, de l’inflation et des hausses des prix alimentaires exacerbées par les effets de la pandémie COVID-19».

«Dans l’agriculture, nous devons nous adapter aux vulnérabilités climatiques et à cet égard, nos projets d’adaptation sont essentiels et ils fournissent des services tels que des semences améliorées et travaillent à l’amélioration de nos systèmes de micro-prévisions», a ajouté Gafaar.

L’environnement prend la banquette arrière au conflit

Les défis auxquels le Soudan est confronté pour élaborer et mettre en œuvre les CDN ne sont pas seulement liés à des facteurs externes, tels que l’accès au financement, mais aussi à des facteurs internes, qui comprennent la structure chaotique dans laquelle les entités environnementales du Soudan opèrent, ainsi que les conflits.

«Le conflit est la plus grande menace pour l’environnement car il est le résultat de la concurrence pour des ressources rares et en est une source. La paix s’assure que les conflits sur les ressources sont atténués », a déclaré Abdelmajeed Osman.

En avril 2019, le président soudanais Omar el-Béchir, qui avait gouverné pendant 30 ans, a été évincé du pouvoir après quatre mois de manifestations soutenues. Une guerre entre le gouvernement de transition et les groupes rebelles de la région ouest du Darfour et des états du sud du Kordofan du Sud et du Nil Bleu, s’est terminée en octobre après la signature d’un accord de paix historique entre le gouvernement de transition et les groupes armés.

Au cours des 15 dernières années, le Soudan a développé deux communications nationales dans le cadre de ses obligations envers la convention sur le climat et maintenant une troisième communication est en cours.

«La communication n’est qu’une communication mais pas une stratégie. Le Soudan avait un plan d’action national et il a été élaboré conformément aux engagements pris à la convention pour aider les pays à mettre en place un système respectueux du climat. Mais en raison de problèmes politiques, le Soudan n’a pas pu accéder à de nombreuses sources de financement et, par conséquent, quelques projets pilotes ont été mis en œuvre, mais ils n’ont pas été appropriés », a déclaré Gafaar.

Les raisons en sont l’inclusion du Soudan sur la liste des États parrains du terrorisme pendant 27 ans (le Soudan a été retiré de la liste ce mois-ci par le président américain Donald Trump) et les États-Unis ayant imposé des sanctions au pays depuis 1998.

Une autre raison est la structure chaotique de services créée par le précédent gouvernement soudanais.

«Il y avait de nombreuses institutions différentes telles que le [HCENR] où nous travaillons, mais aussi un conseil national pour l’environnement ainsi que le conseil national sur la déforestation et le nouveau gouvernement a créé une loi qui a fusionné ces conseils et nous a mis sous le conseil de Ministres », a déclaré Abdelmajeed Osman.

Sous le gouvernement d’Al-Béchir, les mêmes entités se sont retrouvées sous l’ancienne présidence ainsi que sous l’éphémère Ministère de l’Environnement. Le ministère avait essentiellement les mêmes services que le HCENR, ce qui a entraîné une duplication des efforts et un manque de coordination qui a conduit à un antagonisme envers le HCENR.

Une nouvelle structure en place

«Maintenant que nous sommes sous le Conseil des ministres, notre budget va augmenter et les décisions sont prises plus rapidement grâce au circuit direct», a déclaré Abdelmajeed Osman.

La déclaration constitutionnelle du Soudan pour la période de transition donne la priorité à la protection de l’environnement en tant que mandat du gouvernement, déclarant que le gouvernement «travaillera au maintien d’un environnement propre et de la biodiversité dans le pays et à sa protection et à son développement de manière à garantir l’avenir des générations».

Cet engagement des échelons supérieurs du gouvernement est essentiel, car les CDN sont décrites par le conseil supérieur comme un document gouvernemental qui doit être mis en œuvre par lui.

Gafaar, qui a des années d’expérience dans ce domaine, a déclaré à IPS que certaines des options d’atténuation sur lesquelles le gouvernement peut se focaliser comprennent les énergies renouvelables, la gestion des forêts et la gestion des déchets.

«Ce processus nous a donné accès à des partenaires. Nous aurons accès à des options d’atténuation par une société d’experts internationaux et nous travaillerons sur l’énergie et la nature avec l’IRENA », a déclaré Gafaar.