L’argent Pousse sur les Arbres – Ne les Déracinez pas

PEMBA, Zambie, le 26 juil.2019 (IPS) – Jennifer Handondo, une agricultrice de petite échelle du district de Choma dans le sud de la Zambie, sème des cultures vivrières telles que le maïs principalement pour les besoins de sa famille. En raison des températures inhabituellement élevées et des faibles précipitations pendant la saison des pluies en mars, la mère divorcée qui s’occupe seule de ses trois enfants n’a pas pu récolter autant qu’elle le fait habituellement. Elle s’est donc diversifiée dans la vente de plants de neem, de Moringa et d’autres arbres médicinaux.

“Pour moi, les arbres représentent de l’argent et un moyen de subsistance, mais pas par la mauvaise façon grâce à la production de charbon de bois, mais grâce à ces semis”, a-t-elle déclaré à IPS. Y donnant de la valeur ajoutée, elle s’est récemment diversifiée dans la vente de poudres de feuilles telles que Moringa Oleifera – un arbre alimentaire et médicinal scientifiquement prouvé.

Alors qu’elle gagne en moyenne environ 78 dollars en vendant des semis et des poudres chaque mois, elle a déclaré qu’elle gagnait jusqu’à 5 400 dollars par mois lorsqu’elle avait de grosses commandes de poudre de Moringa. Elle reçoit des commandes de poudre de grandes institutions locales et explique qu’elle doit généralement collaborer avec d’autres agriculteurs pour exécuter ces commandes.

«Mon gagne-pain est basé sur les arbres», a-t-elle déclaré.

La menace croissante de la déforestation en Zambie

La Zambie a une couverture forestière de 49,9 millions d’hectares, représentant 66 pour cent de la superficie totale de ce pays d’Afrique australe et comptant au moins 220 espèces d’arbres différentes. Cependant, avec un taux de déforestation compris entre 250 000 et 300 000 hectares par an, cette riche biodiversité risque d’être anéantie.

Un récent rapport sur les perspectives environnementales de la Zambia Environmental Management Agency (ZEMA) a montré que les niveaux élevés de déforestation du pays ne ralentissent pas. Le rapport met en évidence diverses causes à cela, parmi lesquelles l’abattage illégal et aveugle d’arbres et la collecte imprudente de bois de feu, la combustion de charbon de bois, la récolte de bois, le défrichage de grandes pistes de terre pour l’agriculture grâce à des méthodes de coupe et de brûlage, l’urbanisation et de nouveaux établissements humains.

En outre, les chiffres du pays sur la connectivité des énergies renouvelables ne sont pas impressionnants. On estime que seulement environ 25% de la population de 17 millions d’habitants est connectée à des sources d’énergie renouvelables.

L’histoire de Handondo est cependant différente. Décrocheuse en neuvième année (classe de 4è), elle est retournée à l’école et est diplômée en agriculture générale du Zambia College of Agriculture (institut d’agriculture de Zambie). Passionnée et active dans la conservation des forêts, elle participe à des campagnes de plantation d’arbres et à des programmes de sensibilisation depuis 2016.

Pour elle, donc, le lien avec la vente de plants et de produits à base d’arbres comme source de revenu était facile.

Elle est également agente de changement et championne du projet de régénération des forêts géré par les agriculteurs (FMNR) soutenu par Zambia World Vision, qui est mis en œuvre dans le sud de la Zambie. La FMNR est la régénération et la gestion actives des arbres et des arbustes à partir de souches abattues, des systèmes racinaires ou des graines qui poussent dans le but de restaurer les terres agricoles dégradées et la fertilité des sols, et d’augmenter la valeur et/ou la quantité de végétation ligneuse sur les terres agricoles.

“L’objectif principal de la FMNR est de donner à la communauté les connaissances nécessaires pour réduire la déforestation qui est très répandue dans ce pays”, a déclaré à IPS Shadrick Phiri, spécialiste de l’agriculture et des ressources naturelles chez Zambia World Vision.

Lucky Choolwe, un facilitateur de terrain pour Grassroots Trust (cartel communautaire) en Zambie, qui collabore avec les propriétaires fonciers et les décideurs politiques pour régénérer les écosystèmes, organise une session pratique avec les agriculteurs sur la FMNR. Gracieuseté: Friday Phiri

Selon Phiri, la technique est très appropriée pour les communautés rurales et les terres qui ont été dégradées à un point où la perte du couvert végétal pérenne, de la biodiversité et de la fertilité des sols sur les terres agricoles diminue les moyens de subsistance et la qualité de vie.

«La FMNR peut avoir lieu soit comme une activité à la ferme pratiquée par des agriculteurs individuels, soit dans des zones forestières protégées et gérées par la communauté», a déclaré Phiri, ajoutant que cette pratique est également pertinente pour la régénération des pâturages.

«Nous avons choisi d’utiliser un système bon marché mais robuste de régénération naturelle de nos forêts. Nous avons actuellement 600 agriculteurs dans le cadre des quatre programmes de développement régional de la province du Sud qui pratiquent actuellement la FMNR. Le chiffre s’élève actuellement à 2 600 ménages à l’échelle nationale dans les 25 programmes régionaux où World Vision travaille actuellement. »

Le projet FMNR est l’une des nombreuses initiatives en Zambie visant la restauration des terres dégradées. D’autres projets incluent:

    • la Gestion Communautaire des Ressources Naturelles en Zambie avec le Fonds mondial pour la nature comme secrétariat;
    • le Programme des Forêts Communautaires en Zambie mis en œuvre par Bio Carbon Partners;
    • le projet de Promotion de la Régénération Communautaire et Résiliente au Changement Climatique des Forêts Indigènes dans la province centrale de Zambie par ZEMA;
    • et le Projet de paysage forestier intégré de la Zambie avec l’appui de la Banque mondiale.

Plant A Million (PAM) (Planter un million) est une autre intervention visant à améliorer les moyens de subsistance locaux des agriculteurs en revitalisant les terres dégradées. Lancé l’année dernière, PAM est un projet soutenu par la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans le cadre de l’initiative 3S dirigée par l’Afrique. Il vise à planter au moins deux milliards d’arbres d’ici 2021.

Emanuel Chibesakunda de Munich Advisors Group, une société de conseil en affaires et en investissement qui a développé le concept et met en œuvre l’initiative, a déclaré à IPS que depuis le lancement, une étape importante pour les agriculteurs ruraux a été le partenariat avec des parties prenantes partageant les mêmes idées.

Musika Development Enterprise, une société à but non lucratif dont le mandat est de stimuler et de soutenir l’investissement privé dans le marché agricole zambien, en se concentrant spécifiquement sur l’extrémité inférieure de ces marchés, a été l’un de ces partenaires.

«Musika a fourni un soutien technique et financier à PAM pour mettre en place une pépinière commerciale afin de renforcer les moyens de subsistance en milieu rural grâce à la domestication d’arbres indigènes fruitiers et non fruitiers en Zambie. Cette intervention proposée renforcera les efforts de Musika pour tester le concept des «arbres dans les exploitations agricoles» en tant qu’activité commerciale pour la petite économie qui a le potentiel de générer un retour socio-économique sur l’investissement et d’améliorer la durabilité environnementale », a déclaré à IPS Reuben Banda, directeur général de Musika. .

La pépinière vend des plants facilement disponibles à un prix abordable.

Approches centrées sur la communauté

Lors du Forum mondial sur les paysages qui s’est tenu le mois dernier en Allemagne, les dirigeants, les experts et les communautés autochtones ont délibéré et adopté une approche fondée sur les droits pour la gestion et la conservation durables des paysages.

Le forum a présenté des preuves provenant du monde entier selon lesquelles lorsque l’autorité des communautés locales sur leurs forêts et leurs terres, ainsi que sur leurs droits, est légalement reconnue, les taux de déforestation sont souvent réduits.

Reconnaissant que c’est cette génération qui peut et doit récupérer les terres endommagées, les gouvernements, la société civile et les dirigeants traditionnels utilisent des approches centrées sur la communauté pour parvenir à la neutralité de la dégradation des terres.

Une caractéristique unique de la FMNR en Zambie est le ciblage du leadership traditionnel comme point d’entrée.

«En tant que gardiens de vastes terres traditionnelles où la plupart des activités de déforestation ont lieu, nous pensons que leur implication est très importante pour inverser les dégâts», a déclaré Phiri.

Il a expliqué que l’approche communautaire a été mise en œuvre avec succès au Niger et en Éthiopie, avec des millions d’hectares de forêts en cours de régénération, tandis que le Malawi également fait des progrès constants.

Lors d’une récente réunion communautaire en Zambie, les chefs traditionnels ont décidé de former des comités forestiers communautaires pour faire respecter la FMNR et toutes les activités de gestion forestière connexes dans leurs chefferies.

Mais pour y parvenir, ils ont demandé au gouvernement d’envisager de renforcer leur autorité en leur donnant des pouvoirs d’exécution en ce qui concerne les lois qui régissent les infractions et sanctions locales.

«En tant que chefs traditionnels, nous sommes d’avis que l’article 19 de la loi sur les infractions et les peines des villages devrait être renforcé pour donner plus de pouvoir aux chefs traditionnels pour traiter sévèrement les délinquants dans notre juridiction locale», a déclaré Tyson Hamamba, un représentant du chef Choongo de la province du Sud.

Hamamba a déclaré que c’était le seul moyen de dissuader la fabrication de charbon de bois et les feux de brousse délibérés, entre autres pratiques destructrices, conduisant à une dégradation alarmante des forêts et des terres.

Selon les lois en vigueur, les chefs ne peuvent pas sanctionner pénalement les contrevenants. Leur seul rôle est de faciliter l’arrestation des contrevenants par la police d’État et/ou d’autres organismes d’application de la loi légalement autorisés.

Pour Handondo, la FMNR est importante pour l’avenir des forêts du pays. Elle la considère comme la clé de la croissance luxuriante de son entreprise de semis.

«En tant que petite agricultrice et productrice de semis d’ailleurs, j’ai trouvé cette pratique bon marché et facile à entreprendre. J’ai remarqué que nous avons beaucoup de buissons stagnants qui ne poussent pas parce qu’ils sont surpeuplés, mais lorsque nous élaguons grâce à la pratique de la FMNR, nous avons vu que ces arbustes se développent rapidement en arbres formant le couvert forestier si nécessaire parce que la compétition pour les nutriments est réduite. ”

* Correction: Cette histoire indiquait à l’origine que Handondo gagnait 78 dollars par mois en vendant des récoltes. Cela a été corrigé pour déclarer qu’elle gagne 78 dollars par mois en vendant des semis et des poudres.