AFRIQUE AUSTRALE: La lune de miel est-elle terminée pour les échanges entre la SADC et l’UE?

JOHANNESBURG, 24 août (IPS) – Un différend relatif aux exportations de citron sud-africain vers l'Union européenne (UE) n'était pas la seule fausse note lorsque les dirigeants des deux parties se sont rencontrés pour des discussions sur les échanges commerciaux et d'autres questions à Pretoria en juillet.

Le président sud-africain, Jacob Zuma, a rencontré José Manuel Barroso, président de la Commission européenne et le président du Conseil européen, Herman Van Rompuyon, le 18 juillet pour négocier la rationalisation des relations de l'UE avec l'ensemble du bloc commercial de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).

Les négociations actuelles remplaceront tous les accords existants avec la SADC, y compris l’Accord sur le commerce, le développement et la coopération (ACDC), avec un Accord de partenariat économique (EPA) plus étendu.

Cependant, John Mare, un consultant en relations internationales, qui était délégué au Forum d’affaires Afrique du Sud-UE, a insinué qu'une nouvelle atmosphère est devenue apparente.

“Je pense que les choses sont devenues beaucoup plus réelles pour les deux parties, et que de graves dommages causés au commerce UE-Afrique du Sud et UE-Afrique, et aux relations politiques d’appui, sont sur le point de se produire – à un moment inopportun pour les deux parties”, a déclaré Mare à IPS.

Gert Gouws, le directeur financier de la Société de développement industriel du gouvernement d'Afrique du Sud, qui participait au Forum d'affaires, a indiqué à IPS qu'il est “optimiste que nous aurons un nouvel accord avec l'UE”.

“Généralement, les lunes de miel ne durent pas pour toujours”, a-t-il ajouté.

“Des relations à long terme doivent être bâties sur des fondamentaux qui sont mutuellement bénéfiques. Il y a beaucoup de discussions qui se mènent sur une base bilatérale, et il existe encore des intérêts de la part des entreprises européennes à investir dans notre région, dans des domaines tels que les énergies renouvelables, qui seront importantes pour les années à venir”.

Il est devenu clair à la veille du sommet qu'il y avait une irritation du côté de l'Afrique du Sud et de l'UE à la fois dans la relation actuelle.

Le ministre du Commerce et de l'Industrie d’Afrique du Sud, Rob Davies, et son négociateur commercial en chef, Xavier Carim, s’en sont pris à une décision de l'UE d'imposer un délai d’octobre 2014 pour la mise en œuvre de la nouvelle APE avec la SADC, suggérant que si cela ne peut pas être atteint, certains des voisins de l'Afrique du Sud pourraient trouver que l'accès préférentiel actuel de leurs exportations vers l'Europe prendra fin, sans la mise en œuvre d’un nouveau régime quelconque.

Davies a insinué que cela pourrait affecter des pays tels que la Namibie, le Swaziland et le Botswana de “manière brutale, avec toutes sortes de conséquences socio-économiques et en matière d’emploi”.

Commissaire européen au commerce, Karel De Gucht, a souligné que les négociateurs européens sont sous la pression de leur lobby agricole à un moment où l'économie de l'UE reste déprimée.

Il a estimé que l'UE accorde déjà un meilleur accès aux exportations sud-africaines par rapport à ce qui est accordé par l'Afrique du Sud aux importations européennes.

De Gucht a prévenu que l'Afrique du Sud ne devrait pas se dire que c’est un acquis que l'Europe continuera à faire des concessions à moins que ses propres intérêts soient respectés, et cela s'applique également aux investissements – avec l'UE la source de 88 pour cent des investissements directs étrangers passés en Afrique du Sud.

Mare a indiqué qu'il est optimiste que malgré cette rhétorique, “l'UE est plus disposée à parvenir à un compromis sur un résultat mutuellement acceptable, établissant un nouveau régime commercial”.

“Nous sommes le plus grand partenaire commercial de l'Afrique du Sud, et nous envisageons de rester ainsi”, a déclaré Barroso. “Nous voyons un grand potentiel dans la relation entre l'UE et l'Afrique du Sud”.

Et Zuma a approuvé: “Nous apprécions énormément ce partenariat stratégique”.

Le projecteur sur le sommet a désormais faibli et les négociations commerciales entre l'UE et les pays de la SADC se poursuivront au cours des sessions plus discrètes.

Cependant, après les récents pourparlers houleux, le ton des discussions a changé.

L’Afrique du Sud et ses partenaires ont reçu un avertissement clair que les bonnes intentions de l'Europe demeurent, mais qu’il doit y avoir du donner et du recevoir.

Directrice du programme de diplomatie économique à l'Institut sud-africain des affaires internationales, Catherine Grant, a déclaré à IPS “qu’il semble encore exister des niveaux de méfiance”.

“La relation est très fragile, en particulier autour des questions économiques. Nous voyons le domaine des investissements devenir un point explosif pour une grande partie des discussions”.