CARAÏBES: Des applications pour aider les fermiers à avoir de grandes récoltes

PARAMARIBO, Suriname, 18 oct (IPS) – Les fermiers des Caraïbes sont encouragés à utiliser davantage des applications agricoles et d'autres formes de Technologies de l’information et de la communication (TIC) dans un effort visant à accroître les connaissances disponibles pour prendre des décisions agricoles judicieuses et rentables.

Peter Thompson de l’Autorité jamaïcaine de développement de l’agriculture en milieu rural (RADA) a déclaré que la technologie des Systèmes d'information géographique (SIG) est de plus en plus utilisée pour suivre des “conditions localisées, des parasites et la prévalence des maladies. Cette technologie ajoutera de la valeur non seulement pour nous, mais aussi pour les agriculteurs en donnant les informations dont ils ont besoin”.

Thompson a parlé à IPS lors de la Semaine de l'agriculture des Caraïbes (CWA), qui a eu lieu du 6 au 12 octobre à Paramaribo, au Suriname.

Une grande attention a été accordée à “l’intensification” de l'intégration de la technologie dans les pratiques agricoles quotidiennes à la CWA 2014, co-parrainée par le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) du groupe ACP-UE et l'Institut de recherches agricoles et de développement des Caraïbes (CARDI).

L'Université des Antilles, à Saint Augustine, a présenté des applications que les étudiants du Département de l'informatique et de la technologie de l'information ont développées dans le cadre du projet AgriNeTT, un effort de collaboration entre le département, la Faculté de l'alimentation et l'agriculture, et les représentants des agriculteurs.

Chef/coordinatrice du de projet AgriNeTT, Dr Margaret Bernard, a indiqué que “l'objectif principal … est de développer des systèmes intelligents dans l'agriculture. Il y a un manque de données [et] la plupart des modèles en cours de développement ne disposaient pas de données réelles provenant du terrain”.

Les applications sont destinées à soutenir l'agriculture, a-t-elle souligné à IPS. “Une grande partie du projet AgriNeTT, c’est le développement d'un référentiel de Données ouvertes, notamment pour loger les données agricoles au niveau national … Ce référentiel abritera différents ensembles de données, y compris les données de production au niveau des fermes, les prix et les volumes des produits de base, les données spatiales foncières, les sols, le climat, ainsi que les données de suivi des mauvais insectes et des maladies”.

Dr Bernard a dit que le but du référentiel de Données ouvertes était de construire une plateforme qui serait accessible à travers les Caraïbes. Le projet vise à encourager toute la communauté agricole des Caraïbes à partager en téléchargeant des données afin que “les équipes de promoteurs puissent utiliser ces données de manière créative et développer des applications [pour l'agriculture]”.

Elle a ajouté que la création d'applications et d'outils basés sur ces données permettrait de moderniser l'agriculture dans les Caraïbes. “La collecte, l'agrégation, l'analyse, la visualisation et la diffusion des données sont importantes pour la compétitivité des Caraïbes”, a déclaré Dr Bernard.

Dr Bernard nourrit de grands espoirs pour une nouvelle application appelée AgriExpenseTT, que son équipe a développée pour la tenue des informations agricoles. Cette application, aujourd’hui disponible pour être téléchargée sur Google Play, permet aux agriculteurs de surveiller les dépenses de plus d'une culture à la fois, suivre les achats des produits agricoles qu'ils utilisent sur leurs fermes, ainsi que de savoir quelle quantité des produits achetés est effectivement utilisée pour chaque culture.

Elle a dit que les agriculteurs qui ont opté pour le service d'abonnement pour cette application auraient alors leurs données stockées, qui permettraient aux chercheurs “de vérifier certains des modèles pour les coûts de production; ainsi, nous savons que c'est ce qu'il coûte pour produire une quantité X de [toute culture]”.

L’autre raison d’encourager l'utilisation des TIC dans l'agriculture, c’est la nécessité de rendre l'agriculture un métier plus attrayant pour les jeunes, a expliqué, Michael Hailu, directeur du CTA. Il a dit qu’une dimension importante de l'agriculture familiale, le thème de la CWA de cette année, c’est le rôle important que les jeunes devraient et pourraient jouer dans le développement de l'agriculture dans la région.

Puisque la population agricole de la région vieillit, “nous au CTA, nous faisons un effort spécial pour encourager les jeunes à s'engager dans l'agriculture – par des manières à travers lesquelles ils peuvent s'identifier, en utilisant de nouvelles technologies qui sont loin de la vieille image de l'agriculture”, a-t-il indiqué.

A cette fin, le CTA a offert un prix à de jeunes promoteurs d'applications dans la région qui développeraient des applications de TIC innovantes pour relever les principaux défis agricoles dans les Caraïbes et encourager l'agro-entreprise chez les jeunes.

Bon nombre des applications développées pour la compétition AgriHack Talent de la CWA 2014 se sont concentrées sur la fourniture aux agriculteurs des informations utiles qui ne sont pas toujours facilement disponibles.

Jason Scott, qui fait partie de l'équipe jamaïcaine qui a remporté le hackathon agricole avec leur application nommée Node 420, a déclaré: “La collecte des informations dont ils ont besoin peut être un véritable problème pour les fermiers”. Il a dit que lui et son collègue Orane Edwards “ont décidé de concevoir un certain matériel qui pourrait rassembler toutes sortes d’informations pour les aider avec leur culture, y compris la plantation, le semis et la récolte”.

Thompson de la RADA a indiqué que “L'application de ces technologies dans l'agriculture attirera les jeunes. Si vous vous concentrez sur les moyens traditionnels, il y des chances que l'agriculture meurt d'une mort naturelle … Nous avons ces jeunes gars qui font leur entrée qui ont simplement envie de faire des choses en termes de technologie. Nous devons les aider”.

Toutefois, Faumuina Tatunai, une spécialiste des médias qui travaille avec 'Women and Business Development' ‘Femmes et développement des entreprises), une ONG qui appuie 600 agriculteurs au Samoa, a déclaré à IPS que la concentration excessive sur l’attraction des jeunes vers l'agriculture à travers les TIC peut être à courte vue.

“La réalité de l'agriculture est que nous avons besoin des jeunes dans les fermes dans le cadre de la famille. Pour ce faire, nous devons les attirer de façons tout à fait holistiques … et les TIC ne sont qu'une partie de la solution, mais elles constituent pas la seule solution”.

Elle a dit que son organisation cherche à encourager l'intérêt pour l'agriculture chez les jeunes en adoptant une approche centrée sur la famille et en encourageant tous les membres de la famille à en apprendre davantage sur l'agriculture et grandir ensemble en tant qu’agriculteurs à travers la formation et d'autres opportunités.

“Tout le monde dans la famille est un agriculteur, qu’ils aient six ou 70 ans … notre approche consiste à renforcer les capacités de la mère, du père et de l'enfant”, a expliqué Tatunai.

Edité par Kitty Stapp Traduit en français par Roland Kocouvi L’auteur peut être contacté à l’adresse email jwl_42@yahoo.com