DEVELOPPEMENT: Amener les droits des LGBT au-delà de l’égalité en mariage

WASHINGTON, 21 mai (IPS) – Honorant la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a souligné le 16 mai des progrès dans la promotion des droits des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, et transgenres (LGBT), mais un nouveau rapport sur la criminalisation des personnes LBGT insinue qu’il y a encore du chemin à faire.

“Aujourd’hui, de tous les jours, on nous rappelle que la cause de la justice peut et doit triompher sur la haine et les préjugés”, a déclaré Kerry.

“Les Etats-Unis arrêtent et poursuivent plus de personnes sur la base de leur statut sérologique que le reste du monde réuni”, a indiqué Catherine Hanssens.

Indéniablement, un certain nombre d'événements il y a une semaine indiquent des avancées significatives en matière de droits des LGBT.

Michael Sam, le premier joueur de football américain ouvertement déclaré gay, a embrassé son petit ami à la télévision nationale après avoir été retenu par la Ligue nationale de football; Arkansas, un Etat américain où l’évangélisme est très répandu a levé une interdiction sur le mariage homosexuel; et Conchita Wurst, un travesti autrichien, a remporté le Concours Eurovision de la chanson, le concours de chants télévisé regardé par des dizaines de millions de téléspectateurs à travers l'Europe.

Néanmoins, les personnes LGBT et les Personnes vivant avec le VIH (PVVIH) connaissent des taux plus élevés de sans domicile fixe et de la pauvreté, des niveaux d'éducation plus bas, et des taux élevés de rejet par la famille et la communauté, selon le rapport.

“[Au total] 63 pour cent des personnes LGBT et des PVVIH ont eu des démêlés avec la police au cours des cinq dernières années”, a déclaré Aisha Moodie-Mills, co-auteure du rapport et chercheuse principale au Centre pour le progrès américain (CAP), un groupe de réflexion considéré comme proche de l'administration du président Barack Obama.

“Souvent, ces groupes connaissent également des bavures de la police, telles que les arrestations arbitraires et la violence verbale, physique, sexuelle pendant qu’ils sont en garde à vue à la police”, a-t-elle indiqué à IPS.

Publié il y a deux semaines par le CAP et plusieurs groupes de défense des droits civils, le rapport exhorte les agences américaines compétentes à adopter des réformes clé qui puissent améliorer la situation des personnes LGBT et des PVVIH. Les politiques actuelles de justice pénale, selon le rapport, perpétuent les conditions de vie précaires des personnes LGBT et des PVVIH.

“La police établit le profil des femmes transgenres et utilisent la possession de préservatifs comme preuve d’infractions liées à la prostitution et comme des motifs pour l'arrestation”, a déclaré Moodie-Mills. “Et, dans 36 Etats, il existe des lois qui criminalisent l'exposition au VIH. Les PVVIH peuvent être accusées de crimes graves pour avoir eu des relations sexuelles consensuelles, mordu, et craché [sur le partenaire] malgré le fait que cracher et mordre n'ont pas été cités comme posant de grands risques pour la transmission du VIH”.

En outre, certains Etats qui ne disposent pas de lois spécifiques au VIH poursuivent les PVVIH en vertu des lois pénales plus générales, y compris la tentative d’assassinat, agression, et même le bioterrorisme.

Selon des estimations prudentes du 'Center for HIV Law and Policy' (Centre pour les lois et la politique en matière de VIH), basé à New York, près de 200 PVVIH ont été poursuivies depuis 2008. Au Texas, par exemple, un homme séropositif est condamné à 35 ans d’emprisonnement pour avoir craché sur un policier. A New York, un homme a été condamné à 10 ans pour voies de fait aggravées pour avoir mordu un policier.

Et dans le Michigan, des procureurs ont inculpé un homme séropositif en vertu de la loi anti-terrorisme de l'Etat pour possession d'une “arme biologique” et ont assimilé l'infection au VIH à la possession d'un “dispositif nuisible”.

“Les Etats-Unis arrêtent et poursuivent plus de personnes sur la base de leur statut sérologique que le reste du monde combiné”, a noté Catherine Hanssens, directrice exécutive du centre et co-auteure du rapport.

“Les politiques qui sous-tendent ces arrestations émanent des idées fausses profondément phobiques sur les routes réelles, les risques et les conséquences de la transmission du VIH et le refus des autorités fédérales de la santé de promouvoir des informations franches et précises sur les rapports sexuels, l'orientation sexuelle et l'identité de genre”.

Les besoins particuliers des personnes LGBT et des PVVIH sont souvent négligés lorsqu’elles sont en prison. Par exemple, des attitudes discriminatoires à l'égard des personnes LGBT empêchent celles-ci de signaler des agressions sexuelles, en dépit de la Loi 2003 sur l'élimination du viol en prison (PREA) – la première loi fédérale adoptée qui traite de l'agression sexuelle sur les prisonniers.

“La justice continue d'être insaisissable et conditionnelle pour ces populations à cause d'une gamme de lois et de politiques inégales qui les déshumanisent, les victimisent et les criminalisent en raison de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leur statut sérologique”, indique le rapport.

Le rapport a été produit en collaboration avec plus de 50 activistes, des défenseurs des politiques, des avocats et des organisations de base travaillant sur la criminalisation des LGBT et les questions de la justice raciale et constitue la première publication globale à proposer des recommandations politiques à tous les niveaux de gouvernement, depuis la police locale et des prisons des Etats jusqu’aux agences fédérales et aux procureurs.

Ils appellent à des efforts plus énergiques pour réduire la discrimination en matière de maintien de l’ordre et d'application de la loi, pour stopper la violence et la discrimination dans les prisons et les centres de détention, y compris les installations de détention des immigrés financés au niveau fédéral.

Les auteurs de cette feuille de route soulignent que la législation actuelle qui échoue souvent à protéger les personnes LGBT.

La PREA peut être modifiée pour mieux aborder les problèmes spécifiques auxquels les personnes LGBT sont confrontées dans les prisons, selon le rapport. Cela inclut également le fait de permettre aux personnes transgenres de préciser le sexe de l'agent qu'elles préfèrent pour effectuer des recherches sur leurs personnes et en particulier d'interdire des recherches génitales dégradantes et envahissantes.

La criminalisation et le harcèlement officiel des personnes LGBT et des PVVIH sont répandus à travers le monde, particulièrement en Afrique subsaharienne, où les gouvernements du Nigeria et de l'Ouganda ont récemment approuvé des lois qui imposent des peines draconiennes pour comportement homosexuel.