NIEVES: L’énergie éolienne s’implante dans une île à esprit écologique

CHARLESTOWN, Niévès, 8 nov (IPS) – Lorsqu’il s'agit de produire de l'énergie propre et de réduire les coûts, la petite île antillaise de Niévès se considère comme le chef de file au sein de l'Organisation des Etats des Caraïbes orientales (OECO) composée de neuf membres.

Mais cette île de 12.000 habitants a du mal à convaincre les autres îles d'adopter son modèle.

En 2010, cette île de 13 kilomètres de long, a lancé le premier parc éolien à être mis en service dans l'OECO, avec la promesse de fournir des emplois locaux, un approvisionnement fiable en énergie éolienne, une électricité moins coûteuse et une réduction de la surcharge et l'utilisation du carburant importé.

“Le combustible fossile, le diesel que la Société d'électricité de Niévès (NEVLEC) utilise, je pense que cela se situe entre 32 et 33 cents environ par kilowatt. Nous leur vendons l’énergie à moins de la moitié de ce prix afin que les nombres augmentent pour qu'il y ait des économies considérables pour le consommateur”, a déclaré à IPS, Dexter Bowrin, directeur de 'WindWatt Nevis Limited'.

Le 'WindWatt Wind Farm' (WindWatt Nevis Limited), un producteur d'électricité indépendant, est une société en joint venture entre des entreprises au Canada et à Niévès, qui a commencé ses opérations en 2010. La société a obtenu un contrat de 25 ans auprès de la NEVLEC, la société d'électricité appartenant à l'Etat, pour produire et vendre de l’énergie.

Elle utilise huit turbines éoliennes pour produire une capacité maximale d'environ 2,2 mégawatts, ce qui correspond approximativement à 20 pour cent de tous les besoins énergétiques de cette petite île.

Mais en dépit de ce qui, selon les responsables de la société, est clairement une histoire à succès et un désir “de développer et de mettre en place des parcs éoliens dans d'autres pays des Caraïbes”, Bowrin a indiqué à IPS que les voisins de Niévès ne s’alignent pas pour emprunter la voie de l'énergie éolienne.

“Nous aimerions la répandre, mais ce n'est pas à nous de le faire. Nous sommes allés dans plusieurs autres îles proches comme Saint-Kitts, jusqu’à Sainte-Lucie et Saint-Vincent pour essayer de vendre l'idée. Cependant, cela n'a pas été facile”, a-t-il souligné.

“Dans des endroits comme Sainte-Lucie, il y a des problèmes par rapport à l'espace en terme de terres. La plupart de ces terres sont privées, alors ces négociations reviennent au gouvernement du pays et aux propriétaires terriens, mais pas à nous. Nous apportons juste la technologie”.

Il a ajouté qu'il y a généralement une idée fausse selon laquelle si vous installez un parc éolien, ce sera une aubaine financière, mais “cela ne marche vraiment pas comme cela”.

A Saint-Kitts voisine, la plus grande île de cette fédération de deux îles, Bowrin a souligné que même si rien n'a été fait, “il y a des concurrents et nous n'avons pas été en mesure d'installer un autre parc éolien”.

Bien que l'énergie éolienne ne prenne pas aussi rapidement dans les Caraïbes, la plupart des pays de la région ont soit exprimé le désir ou ont investi dans l'énergie solaire.

Au début de mai, Suriname, un pays néerlandais de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a annoncé qu'il investirait dans l'énergie solaire pour fournir de l'électricité aux communautés reculées.

Gunzi, un village Maroon dans la région supérieure du fleuve Suriname, servira de site d'essai pour le projet.

WTEC, une compagnie américaine d’énergie alternative, a été engagée pour exécuter le projet, en étroite coopération avec le ministère des Ressources naturelles, la société nationale d'électricité EBS, et l'Université Anton de Kom du Suriname.

Plus de trois quarts de la superficie du Suriname est couverte par une forêt tropicale épaisse et la plupart des habitants du pays vivent à Paramaribo, la capitale. En conséquence, plusieurs villages de l'arrière-pays peu peuplé n'ont pas été raccordés au réseau de l’EBS et se débrouillent avec des groupes électrogènes diesel bruyants qui sont seulement allumés la nuit.

Le ministre des Ressources naturelles, Stanley Betterson, a souligné que le fait d’amener l'électrification aux villages reculés profitera à l’éducation, l'industrie et au développement de ces zones.

En avril, le gouvernement a abandonné une proposition visant à exécuter un projet hydroélectrique dans l'arrière-pays. Le projet TapaJai exigerait la submersion de 240 kilomètres de terre le long de la partie supérieure du fleuve Suriname et l'installation d'une nouvelle série de turbines qui génèreraient finalement 275 mégawatts d'électricité. Les habitants des villages Maroons environnants se sont opposés à ce projet.

Le directeur de WTEC, Brian Singh, a déclaré que l’énergie solaire est une alternative rentable, puisque le Suriname est très ensoleillé et les prix pour les panneaux solaires chutent partout dans le monde.

Singh a annoncé que sa compagnie faisait don de cette centrale de 75.000 dollars qui sera installée comme un projet pilote à Gunzi. Les étudiants de l’université suivront le projet de Gunzi pendant un an et leurs conclusions seront utilisées pour optimiser son utilisation et exécuter le projet dans d'autres villages.

Coordinateur de l’environnement, John Goedschalk a affirmé que le gouvernement investit dans une recherche approfondie afin de trouver la combinaison idéale d’alternatives pour fournir de l'énergie. Il a déclaré que les critères pour cette combinaison sont l'accessibilité, la rentabilité et moins d'impact sur l'environnement.

Bowrin a indiqué à IPS que les inquiétudes pour l'environnement étaient également au centre de l'esprit des principes de 'WindWatt Nevis Limited', notant qu’avant le début des opérations, une Etude d'impact environnemental a été faite afin de déterminer le niveau de bruit et d'autres impacts sur l'environnement.

“Nous n'avons pas seulement installé des turbines. Nous laissons une empreinte environnementale très limitée. Pour les huit turbines que nous avons en place, nous exploitons seulement deux hectares et un quart de terre et nous avons encore la flexibilité ou la capacité de faire paître des vaches et d’autres animaux dans la zone”, a-t-il expliqué.

* Des turbines à 'WindWatt Nevis Limited'. Crédit: Desmond Brown/IPS