MALAWI: La présidente montre la voie pour l’autonomisation des femmes

LILONGWE, 14 août (IPS) – La présidente du Malawi, Joyce Banda, sait une chose ou deux au sujet de l'autonomisation des femmes. Après tout, elle est la première femme chef d'Etat en Afrique australe.

Mais elle n'a pas eu la vie facile. Banda avait une tâche difficile consistant à relancer une économie en baisse après avoir pris le relais de son prédécesseur, Bingu wa Mutharika, décédé en fonction le 5 avril 2012. En 2011, le pays avait connu des manifestations à travers le pays contre Mutharika et la défaillance de l'économie. Le Royaume-Uni, le plus grand donateur du Malawi, avait suspendu 550 millions de dollars d’aide après que Mutharika a expulsé son ambassadeur pour l’avoir qualifié d’autocrate.

Pourtant, elle a réussi. Depuis sa prise de fonction, elle a mis en place un certain nombre de mesures d'austérité, parmi lesquelles la vente du jet présidentiel du pays à 15 millions de dollars et une réduction de 30 pour cent de son salaire. Elle a également lancé une série de réformes qui n’ont pas été approuvées par tout le monde. L’établissement des relations plus étroites avec les institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international, qui est connu pour ses plans d'austérité brutaux, est la réforme la plus controversée.

Mais en juin, la Banque mondiale a déclaré que l'économie du pays se remettait, avec le secteur de la transformation censé accroître de six pour cent et l’agriculture de 5,7 pour cent.

En septembre 2012, l'Institut des droits de l'Homme de l’organisation 'International Bar Association' a indiqué que depuis la fin du règne de plus en plus autocratique de Mutharika, le respect de la démocratie et des droits humains a repris dans le pays sous la présidence de Banda.

Dans un entretien exclusif accordé à IPS, Banda a déclaré que l'autonomisation des femmes restait importante sur son agenda.

“Le message que j'essaie de passer, c’est 'Rien pour nous sans nous' – rien pour les femmes sans leur implication et inclusion. Nous devons faire des efforts et politiques délibérés qui viseront à éliminer les obstacles structurels posés par la pauvreté et l’inégalité entre les sexes dans l'autonomisation économique des femmes parce que ces efforts apporteront des améliorations durables au bien-être d'une femme”, a expliqué Banda à IPS.

En juin, Banda a nommé Anastasia Msosa la première présidente de la Haute cour de justice du pays. Msosa fait juste partie d'un certain nombre de femmes qui ont été nommées à des postes de haut niveau par Banda. En mars, elle a nommé Hawa Ndilowe la première femme directrice de la fonction publique. Banda a noté que même après la participation active des femmes dans la lutte pour l'indépendance dans les années 1960 et leur implication dans les mouvements de libération en Afrique, “les femmes n'ont pas obtenu des postes importants de prise de décisions correspondant à leurs contributions dans les luttes”.

Voici quelques extraits de l’interview: Q: Beaucoup de chercheurs et activistes affirment qu'il y a un lien direct entre l'égalité des sexes, la bonne gouvernance, l'autonomisation des femmes et le développement durable. Etes-vous d'accord avec cela? R: L'égalité des sexes libère le potentiel des femmes et des hommes à se laisser de l'espace. Et l'autonomisation des femmes améliore de manière proactive la capacité des femmes à participer au processus de prise de décisions et aux affaires qui les touchent.

Q: Depuis votre arrivée au pouvoir en avril 2012, vous avez nommé un certain nombre de femmes à des postes très influents comme présidente de la Haute cour de justice et directrice de la fonction publique. Vous avez également nommé plus de femmes dans votre gouvernement. Quel est votre programme? R: Il est important que les besoins, aspirations et les réalités des femmes deviennent des facteurs déterminants des politiques et programmes visant à accroître l'accès aux soins de santé maternelle et leur utilisation. Les femmes doivent être autonomisées et être activement impliquées dans toutes les décisions relatives à leur santé et leur bien-être. Comme je l'ai dit plusieurs fois dans différents forums, nous ne pouvons pas parler de l'autonomisation d'un groupe particulier sans impliquer le groupe lui-même. Aucune décision ne doit être prise sur les femmes sans l’implication des femmes.

Q: Avant que vous n’entriez en politique, vous aviez créé l’Association nationale des femmes d’affaires, une organisation qui prête un capital de démarrage aux petites commerçantes. Vous aviez également réussi à créer une école pour aider à éduquer les filles. Pourquoi êtes-vous si passionnée de cela? R: Les femmes constituent la grande partie de notre population en Afrique. Par conséquent, lorsque nous parlons de pauvreté, la souffrance et du sous-développement, nous parlons essentiellement des femmes. C'est pourquoi je crois que la promotion de l'égalité des sexes, de l'autonomisation des femmes, de l’amélioration de la santé maternelle et de l'éducation pour les filles est une stratégie de transformation pour atteindre le développement.

Q: La position subordonnée des femmes dans la plupart des sociétés africaines restreint leur capacité à prendre le contrôle de leur vie pour combattre le VIH/SIDA, à laisser une relation à haut risque ou à avoir un accès adéquat aux soins de santé et une éducation de qualité. Quelle est votre opinion sur cela? R: Au Malawi, les femmes et les filles âgées de 15 à 30 ans connaissent des taux très élevés d'infection au VIH/SIDA. Le taux d'infection des femmes/filles est six fois plus élevé que celui des hommes/garçons de la même tranche d’âge et la raison est la faiblesse du statut socioéconomique des femmes, en plus de diverses pratiques culturelles qui empêchent les femmes de négocier des rapports sexuels protégés.

Q: Alors que faut-il faire pour changer cela? R: Nous avons besoin de lois qui protègent les femmes et mon gouvernement a réussi à faire passer le Projet de loi sur l'égalité des sexes et il a été adopté par le parlement. Nous avons également besoin de politiques délibérées pour pousser les femmes capables dans des postes de prise de décisions dans tous les secteurs afin qu'elles dirigent et aident à autonomiser d’autres femmes.