OUGANDA: En quête de meilleurs soins de santé

BUDUDUA, Ouganda, 27 juil (IPS) – Même si les services de santé publics sont gratuits, Grâce Nafungo Kutosi n’est pas gênée de payer les 2.000 shillings (environ un dollar) quand elle fréquente 'Beatrice Tierney Clinic', une clinique privée dans le village de Bumwalukani, en Ouganda.

En effet, il est moins coûteux pour elle de payer ce montant dans cette clinique, qui est à 20 minutes de marche de son domicile, que d’être obligée d’aller au centre de santé public le plus proche, situé à près de sept kilomètres.

“Nous souffrions beaucoup. Même si vous avez supporté le voyage, sept kilomètres de votre maison au centre de santé (public), (il y a la possibilité que) vous ne serez pas soigné. Si vous avez la chance, les infirmiers vous donneront de Panadol et vous diront d'aller acheter ailleurs les médicaments prescrits. Ici, nous recevons tous les médicaments”, a déclaré Kutosi.

Les soins de santé publics en Ouganda sont gratuits depuis 2001, mais les patients dans le village de Bumwalukani, dans le district de Bududua, à environ 200 km de Kampala, la capitale, préfèrent payer un petit frais à leur clinique privée locale parce qu'ils savent qu'ils recevront les services dont ils ont besoin.

“Vous pouvez venir ici quand vous êtes malade et vous êtes sûr (d’avoir) des médicaments, contrairement à l'hôpital public”, a indiqué Kutosi pendant qu'elle attendait au milieu des mères, enfants et hommes.

'Beatrice Tierney Clinic' a été créée par la 'Foundation for International Medical Relief for Children' (Fondation pour une aide médicale internationale pour les enfants) comme une infirmerie pour les écoliers de 'Arlington Academy of Hope'. Elle fournit des soins de santé non seulement aux élèves de l'école, mais aussi à la communauté environnante.

Les villageois ont bénéficié de son existence pour accéder aux traitements pour leurs familles et ne rechignent pas à payer les frais de l'usager de 2.000 shillings par consultation par adulte. Les enfants sont soignés gratuitement.

“Ce n'est pas beaucoup d'argent. Parce que vous pouvez dépenser plus que cela si vous devriez aller à l’hôpital de Bududua”, a souligné Kutosi.

Les habitants de Bumwalukani sont également chanceux parce que la clinique dispose d’un volontaire docteur en médecine qui travaille avec les infirmiers. Un centre de santé public est généralement dirigé par un infirmier d’Etat qui travaille avec une sage-femme, deux aides-soignantes et un assistant en santé.

Wilson Mangoye, un coordonnateur de la sensibilisation sur la santé à Bumwalukani et usager régulier de la clinique, affirme que la présence d'un médecin qualifié a attiré des malades des districts voisins qui recherchent désespérément de meilleurs soins médicaux.

“Parfois, nous recevons des malades de l'hôpital régional de référence pour un traitement ici parce qu'ils sont rassurés (d’avoir) les médicaments”, a-t-il dit. Sam Bulukwa, 43 ans, a parcouru environ 10 km du sous-comté de Bubiita pour un traitement.

Bulukwa a indiqué qu'il a dû parcourir cette distance parce que les services dans les hôpitaux publics locaux sont désolants, en particulier pour les pauvres qui ne peuvent pas soudoyer les agents de santé. Les services dans les installations publiques sont censés être gratuits, mais dans plusieurs cas, des agents de santé extorquent de l'argent aux malades désespérés pour des services.

“Les agents dans les hôpitaux publics n'ont pas la passion de servir; vous pouvez ne pas être respectés en tant que malades. Même les agents d’entretien peuvent crier sur vous, mais vous ne pouvez rien dire parce que vous ne savez jamais, ils pourraient (vous mettre en contact avec) quelqu'un qui peut vous soigner”, a déclaré Bulukwa.

Mais bien qu’elle prélève un petit frais de l'usager, la clinique est encore sous-financée. Dr Lisa Umphrey, le médecin résident, est assise dans un petit blockhaus à s’occuper de ses patients. Elle est spécialiste des maladies infantiles comme le paludisme, les maladies respiratoires telles que la pneumonie et la malnutrition, entre autres. Umphrey a indiqué qu'il est difficile de fournir les services nécessaires aux malades dans une clinique sous-financée.

“Même avec un appui en dons, il y a trop de malades qui ont besoin de nos soins. Nous sommes donc contraints de trouver des moyens créatifs pour atteindre beaucoup de patients, traiter plusieurs maladies. Nous essayons de sensibiliser et d'atteindre les communautés afin de prévenir les maladies avant qu'elles n'arrivent à la clinique”, a expliqué Umphrey.

La clinique, selon Umphrey, s’occupe de 100 à 150 patients par jour. Elle affirme que l'inclusion des programmes de sensibilisation de la communauté a eu un certain avantage parce que les gens ont maintenant une certaine compréhension des maladies et la façon de les prévenir.

Dans le passé, le gouvernement avait tenté de lancer des programmes de sensibilisation similaires, mais ils n'ont pas réussi à cause d'un manque de fonds.

La fourniture des soins de santé et les infrastructures sanitaires en Ouganda sont chroniquement sous-financées et sont très variables en qualité.

Un système de 'partage des coûts', par lequel les hôpitaux prélevaient des frais de l'usager, a été supprimé par le gouvernement en raison d’une forte pression exercée par des groupes d'activistes et des politiciens qui estimaient que c'était très coûteux pour la majorité des Ougandais qui vivent avec moins d'un dollar par jour.