ECONOMIE-ZIMBABWE: De bonnes politiques favorisent de bonnes affaires

BULAWAYO, Zimbabwe, 8 sep (IPS) – Avec des orientations politiques et économiques efficaces, l'Afrique peut être un refuge pour des compagnies multinationales (MNC), même dans des pays les moins développés du continent.

La présence d'une entreprise agro-industrielle, dont le siège est au Zimbabwe, sur une liste des 30 sociétés les plus performantes en Afrique subsaharienne, pourrait surprendre certains, sauf le directeur général de 'AICO Africa' (AICO-Afrique), Pat Devenish.

AICO-Afrique a profité d’une politique agricole favorable à travers l'Afrique australe pour développer ses activités, renforçant en même temps les capacités de quelque 200.000 petits producteurs dans la région.

Alors que ce conglomérat a bénéficié des programmes de subvention des intrants au Malawi et en Zambie, il a permis aux producteurs de coton et de céréales d’accéder aux semences de meilleure qualité, et à d'autres intrants tels que les engrais et les pesticides. En outre, les agriculteurs ont utilisé les services de vulgarisation de l'entreprise pour obtenir des méthodes culturales améliorées, en particulier pour la culture du coton au Zimbabwe, au Malawi et en Zambie.

AICO-Afrique a été constituée au Zimbabwe en 2008, au moment où le pays passait d'un grenier régional et une destination régionale pour des investissements à une économie en quasi-effondrement. Cette rétrogression du Zimbabwe, et la consolidation de l'incertitude politique ont été en partie dues aux séquelles de la réforme agraire en 2000 et aux violences politiques suite aux élections présidentielles contestées de 2008. Les filiales d’AICO-Afrique – 'Cottco', 'Olivine Industries' et 'SeedCo' – sont toutes des noms réputés dans la production de coton, l’agro-industrie et la production de semences au Zimbabwe ayant opéré en Rhodésie (le nom du Zimbabwe au temps colonial) depuis les années 1950.

Pourtant, AICO-Afrique a encore bravé la récente incertitude politique au Zimbabwe pour développer ses activités. Elle a utilisé le Zimbabwe comme base pour s’étendre à d'autres pays africains.

“L'expansion au-delà de notre base au Zimbabwe a joué un rôle important dans la croissance et le succès d'AICO-Afrique”, souligne Devenish. “Dans le même temps, elle a bénéficié à des millions d'Africains qui dépendent de l'agriculture pour leurs moyens de subsistance”.

En 1997, le gouvernement du Zimbabwe, pour répondre aux demandes d'indemnisation des anciens combattants de la liberté, leur a unilatéralement accordé des chèques de 50.000 dollars zimbabwéens, déclenchant l’effondrement du dollar du Zimbabwe.

C’était l'une des nombreuses décisions politiques mal avisées – notamment l'introduction du contrôle des prix et de nouvelles régulations des devises étrangères – qui ont ignoré la prudence économique et la logique des investissements. Cela a rendu le Zimbabwe encore non compétitif par rapport à ses voisins qui ont mis en place des politiques pour attirer des investisseurs et des Investissements directs étrangers.

“Lorsque la réforme agraire est arrivée, notre plateforme de production a été détruite”, a déclaré Devenish à IPS. “C’était le chaos et nous étions obligés de trouver un moyen pour continuer à faire fonctionner l'entreprise et il a fallu trois ans avant que nos unités d'affaires stratégiques ne commencent à montrer des bénéfices”.

Le secret de l'entreprise, a indiqué Devenish, était le concept novateur d'exporter l'expérience et les compétences de ses employés dans les pays voisins après y avoir identifié un marché.

“Des décennies de pénuries de devises étrangères et de contrôles des prix ont été mauvais pour nos entreprises, en particulier 'Cottco' et 'Olivine Industries'; 'SeedCo' était meilleure parce qu'elle avait déjà une présence régionale”, a déclaré Devenish.

“Sans doute, la dollarisation était une bonne politique pour nous. Je recommande la dollarisation à tout le monde dans les pays de la région; elle facilite les affaires en termes de transfert d'argent à travers les frontières, d’emprunt d'argent et d'importation des biens d'équipement”.

Dans le cadre de son expansion, Devenish affirme qu’AICO-Afrique a amené des stocks de semences améliorées en Zambie et au Malawi, permettant notamment aux producteurs de coton d’augmenter leurs rendements et d’obtenir de meilleurs prix pour leurs produits.

En 2011, les fermiers du Malawi ont produit 3,6 millions de tonnes de coton par rapport à la demande nationale estimée à 2,4 millions de tonnes. Au Zimbabwe, AICO-Afrique a mis de côté 200 millions de dollars pour acheter le coton, prévu pour dépasser 200.000 tonnes.

“En tant que chefs d'entreprise, nous devons continuer à travailler avec les gouvernements pour nous assurer que les bonnes politiques sont en place pour une augmentation de l'expansion des affaires et le développement économique transfrontalier”, a exhorté Devenish, qui a pris les rênes d'AICO-Afrique en 2010.

Devenish est un membre du réseau 'Frontière 100', un programme de la 'Initiative for Global Development' (Initiative pour le développement mondial – IGD), mettant en relation les directeurs généraux prospères opérant dans les marchés frontaliers et émergents avec d'éminents directeurs généraux aux Etats-Unis et en Europe afin qu’ils partagent les expériences pour accroître les affaires et augmenter les opportunités pour les gens des pays en développement.

AICO-Afrique a été nommée en 2011 comme l'une des 30 premières MNC les plus performantes dans un rapport d’enquête couvrant toute l'Afrique, intitulé 'Pioneers on the Frontier: Sub-Saharan Africa's Multinational Corporations' (Pionniers à la frontière: Les entreprises multinationales d'Afrique subsaharienne). Elle était parmi un groupe de sociétés subsahariennes qui se sont développées au taux annuel d’environ 30 pour cent de 2006 à 2009, dépassant leurs concurrents mondiaux, y compris les 500 plus grandes firmes américaines du 'Standard & Poor'.

“Ce rapport a fourni un instantané unique d'une gamme d'entreprises africaines qui ont connu une croissance remarquable en dépit des obstacles politiques régionaux et des défis économiques mondiaux”, a déclaré Jennifer Potter, présidente-directrice générale de l'IGD.

Une nouvelle politique, telle que le 'Statutory Instrument 2008' (Instrument statutaire 2008) sur la commercialisation du coton, est un exemple de la façon dont les politiques peuvent profiter aux entreprises zimbabwéennes et à leurs partenaires de petite taille.