Changement climatique: des défis complexes pour l’agriculture

ZURICH, Suisse, le 8 janvier 2019 (IPS) – L’été 2018, exceptionnellement chaud, a montré que le changement climatique affectait une partie centrale de nos vies: l’agriculture. La grave sécheresse au Liechtenstein a entraîné de lourdes pertes dans la récolte de foin.

Dans les pays du Sud, les conséquences du changement climatique sont déjà beaucoup plus dramatiques. En Afrique, par exemple, des conditions climatiques extrêmes menacent la sécurité alimentaire de millions de personnes.

L’Afrique de l’Est a connu des périodes de sécheresse de plus en plus courtes au cours des dernières années, et plus récemment en 2005-2006, 2009, 2011, 2014-2015 et 2017.

Outre la sécheresse, les conditions de l’agriculture deviennent également de plus en plus difficiles en raison de la hausse progressive de la température, de la salinisation et de l’évolution des saisons des pluies.

Parmi les conséquences graves, figurent la diminution de la disponibilité de nourriture et la multiplication des conflits liés à l’eau, autant d’obstacles aux possibilités de développement des États touchés et de possibles déclencheurs de migration.

L’agriculture est aussi la cause

L’agriculture et le système alimentaire sont non seulement des victimes, mais aussi des causes du changement climatique. Le terme «système alimentaire» désigne l’ensemble du cycle alimentaire, de la production à la récolte, en passant par le stockage, la distribution, la consommation et l’élimination.

Ce cycle produit des quantités importantes d’émissions de gaz à effet de serre. Paradoxalement, l’agriculture industrielle moderne vise à intensifier les opérations pour compenser les pertes de production causées par le changement climatique.

Cependant, l’utilisation de plus en plus de combustibles fossiles, d’engrais synthétiques et de produits agrochimiques augmente les émissions de gaz nocifs pour le climat au lieu de les réduire. L’agriculture industrialisée pose également des problèmes supplémentaires, notamment une déforestation à grande échelle, une consommation d’eau considérable, le compactage et l’érosion des sols, la pollution chimique de l’environnement et la perte de biodiversité.

Cela exacerbe la surexploitation des ressources naturelles et augmente la vulnérabilité au changement climatique.

Dans le projet «Sécurité alimentaire en Ethiopie rurale» de Biovision et Caritas Vorarlberg, les communautés villageoises du district de Siraro creusent des fossés de lutte contre l’érosion. Ceci est important pour préserver et valoriser les ressources naturelles. Crédit: Peter Lüthi / Biovision

Continuer comme par le passé n’est plus une option

“L’agriculture industrielle est dans une impasse – il n’y a aucune option pour continuer comme avant”, prévient Hans Rudolf Herren, lauréat du Prix mondial de l’alimentation et président de longue date de la Fondation Biovision.

Cet agronome et entomologiste de renom appelle instamment l’agriculture mondiale à adopter des pratiques biologiques, multifonctionnelles, saines et durables tenant compte des principes agro-écologiques, plutôt que de rechercher les rendements les plus élevés possibles.

Cette option est désormais également reconnue par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) comme une réponse aux nombreux défis du changement climatique.

La diversité augmente la résilience

Le changement climatique est un problème complexe impliquant divers facteurs. Cela appelle à des solutions holistiques. Celles-ci incluent une agro-écologie adaptée aux conditions politiques, sociales et naturelles locales.

Un principe important de l’agro-écologie est la promotion de la diversité. Plus un écosystème est diversifié, plus il est flexible et peut réagir aux changements, récupérer des perturbations et s’adapter aux nouvelles conditions.

Les agroécosystèmes diversifiés utilisent des synergies issues de systèmes de culture mixte ou d’agroforesterie et s’appuient sur les engrais naturels issus du compost et du fumier.

L’agro-écologie allie connaissances traditionnelles et nouvelles. Cela inclut les variétés de plantes et les races animales robustes et adaptées au niveau local. Les mesures d’amélioration de l’efficacité, telles que les systèmes d’irrigation, deviennent de plus en plus importantes.

Au niveau de la société, les conditions du commerce équitable et l’accès au marché pour tous les producteurs sont importants, de même que la gouvernance responsable. Ce dernier est nécessaire pour coordonner et élaborer des politiques appropriées.

Économiser de l’argent pour les périodes de sécheresse: Barite Jumba de Siraro a appris à élever de la volaille dans le cadre du projet Biovision et Caritas Vorarlberg. Avec les revenus de son commerce d’œufs, elle achète des excédents de légumes pour les vendre à profit.
Cela lui permet d’économiser de l’argent pour la nourriture lorsque ses propres provisions s’épuisent. Crédit: Peter Lüthi / Biovision

Agir à tous les niveaux

Une avancée pour les principes de l’agro-écologie nécessitera un dialogue entre tous les acteurs impliqués. Ce n’est qu’alors que l’agriculture pourra évoluer vers un avenir commun durable.

C’est l’objectif de l’équipe de plaidoyer de la Fondation Biovision. Avec une alliance d’organisations et d’États axés sur des objectifs, ces défenseurs de l’agro-écologie ont réussi à établir la demande pour une agriculture durable dans le cadre des 17 objectifs de développement durable de l’ONU à New York en 2015.

La Fondation Biovision soutient la réalisation de ces objectifs tant pour l’agriculture que pour la protection du climat à trois niveaux:

Chez Biovision, nous nous attachons à sensibiliser le public à la consommation durable et à créer un réseau pour mettre en œuvre des objectifs de développement durable.

Au niveau international, l’équipe de plaidoyer discute de l’agro-écologie avec les représentants des pays intéressés pour positionner les principes de l’agro-écologie dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

Dans le projet «Plaidoyer pour l’agro-écologie», Biovision aide les pays avec des recommandations d’action concrètes et un dialogue politique coordonné afin de planifier des mesures agro-écologiques respectueuses du climat.

Par le biais de divers projets locaux en Afrique, Biovision a démontré divers exemples concrets d’application réussie de ces mesures. Le soutien du LED (Liechtensteinischer Etwicklungsdienst) pour la formation et l’information des petits exploitants revêt une importance cruciale pour que les agriculteurs puissent se préparer aux conséquences du changement climatique.

* Cet article a été publié pour la première fois dans «Blickwechsel», le magazine du Service de Développement du Liechtenstein (LED).