ASIE DU SUD: Des gens pourraient retomber dans la pauvreté, selon un rapport du PNUD

COLOMBO, 28 (IPS) – Des millions de gens vivent encore dans la pauvreté et même ceux qui ont gagné la sécurité de la tranche de revenu intermédiaire pourraient retomber dans la pauvreté en raison des changements soudains de leur situation économique en Asie du Sud, a révélé le dernier Rapport annuel sur le développement humain publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

“En Asie du sud 44,4 pour cent de la population, environ 730 millions de personnes, vivent avec entre 1,25 et 2,50 dollars par jour”, a indiqué le rapport, publié à Tokyo le 24 juillet.

Il a ensuite prévenu que malgré les gains de la région, la menace de voir davantage de ses citoyens repoussés dans la pauvreté était bien réel et qu'il y avait de grandes disparités dans les niveaux de revenu et les de vie au sein des nations.

“Beaucoup de ceux qui ont récemment rejoint la classe moyenne pourraient facilement retomber dans la pauvreté avec un changement soudain des circonstances”, ont souligné les auteurs du rapport.

Ici, à Sri Lanka, classé comme un pays à revenu intermédiaire plus faible par la Banque mondiale en 2011, les niveaux globaux de pauvreté ont baissé au cours de la dernière demi-décennie.

Le Département des statistiques a indiqué que les niveaux de pauvreté ont chuté de 8,9 pour cent en 2009 à 6,7 pour cent en avril 2014. Dans certains des districts les plus riches, cette baisse était plus nette. Colombo, la capitale, a vu des nivaux chuter de 3,6 pour cent à 1,4 pour cent. Des baisses semblables ont été enregistrées dans les deux districts adjacents de Gampaha et Kalutara.

Cependant les plus pauvres semblent devenir plus pauvres. Le taux de pauvreté dans la région la plus pauvre du pays, le district de Moneralaga, dans le sud-est, est passé de 14,5 pour cent à 20,8 pour cent dans la même période.

Cette disparité pourrait être plus grande si des mesures plus strictes ne sont pas utilisées, a estimé Muttukrishna Sarvananthan, un économiste.

“Il y a un seuil très bas pour le statut de l'emploi”, a-t-il souligné à IPS, se référant au seuil d'âge de '10 ans et plus' utilisé par le gouvernement pour évaluer les taux d'emploi.

“Un tel seuil bas donne un taux d'emploi artificiellement plus élevé, ce qui est trompeur”, a-t-il expliqué.

Le rapport du PNUD a dit qu’en l'absence de garanties solides, des millions de gens courent le risque d'être entraînés dans la pauvreté. “Avec une protection sociale limitée, des crises financières peuvent rapidement entraîner des crises sociales profondes”, a prévu le rapport.

En Indonésie, par exemple, la crise financière asiatique de la fin des années 1990 a vu les niveaux de pauvreté gonfler pour passer de 11 pour cent à 37 pour cent. Même des années plus tard, les pauvres du monde ont de difficulté à monter l'échelle des revenus.

“L'Organisation internationale du travail estime qu'il y avait davantage 50 millions de travailleurs pauvres en 2011. Seulement 24 millions d'entre eux sont passés au-dessus du seuil de pauvreté de 1,25 dollar par jour au cours de la période 2007-2011, contre 134 millions entre 2000 et 2007”.

Globalement quelque 1,2 milliard de personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour, et 2,7 milliards vivent avec encore moins, a noté le rapport, ajoutant que bien que ces chiffres soient en train de baisser, beaucoup de gens ont seulement augmenté leur revenu à un point à peine au-dessus du seuil de pauvreté si bien que “des chocs idiosyncrasiques ou généralisés pourraient facilement les repousser dans la pauvreté”.

Cela a des implications énormes, puisqu’environ 12 pour cent de la population mondiale vit dans la faim chronique, tandis que 1,2 milliard des travailleurs dans le monde sont encore employés dans le secteur informel.

Le Sri Lanka, reflétant les tendances mondiales, abrite également un grand nombre de personnes pauvres bien que l'île montre des taux de croissance impressionnants.

Puntchi Banda Jayasundera, le ministre des Finances et la cheville ouvrière de l'économie nationale, prévoit un taux de croissance de 7,8 pour cent pour cette année.

“Cette année ne devrait pas être inconfortable pour nous”, a-t-il déclaré à IPS, mais bien que cela soit vrai pour les riches, il ne pouvait pas être plus loin de la réalité pour des centaines de millions de personnes qui ne peuvent pas joindre les deux bouts ou s’offrir un repas par jour.

Bien que le rapport ait identifié les pauvres comme étant les plus vulnérables face à des bouleversements soudains, d'autres groupes – comme les femmes, les communautés indigènes, les minorités, les personnes âgées, les déplacés et les handicapés – sont également considérés comme “très exposés”, et sont souvent confrontés aux problèmes de marginalisation et de pauvreté, qui se chevauchent.

Le rapport a également identifié le changement climatique comme un facteur majeur favorisant l'inégalité et l'instabilité, prévenant que la chaleur extrême et les épisodes de précipitations extrêmes augmenteraient probablement en fréquence.

D’ici à la fin de ce siècle, de fortes précipitations et la montée des niveaux de la mer sont susceptibles de constituer des risques pour certaines des zones de faible altitude en Asie du sud, et de faire également des ravages dans ses centres urbains en expansion rapide.

“Les petits fermiers d’Asie du sud sont particulièrement vulnérables – l’Inde seule compte 93 millions de petits agriculteurs. Ces groupes sont déjà confrontés à une pénurie d'eau. Certaines études prévoient des baisses des rendements des cultures pouvant atteindre 30 pour cent au cours des prochaines décennies, même pendant que les pressions de la population continuent d'augmenter”, a poursuivi le rapport, exhortant les décideurs à envisager sérieusement des mesures d'adaptation.