Q&R: Un portrait des superstars de l’activisme de la célébrité

NATIONS UNIES, 14 nov (IPS) – Lancer un débat mondial sur les raisons sous-jacentes de l’existence de la pauvreté – et le faire à travers le cinéma. La nouvelle initiative ambitieuse “Pourquoi la pauvreté” réunit huit cinéastes primés et 30 talents émergents du cinéma.

L’objectif de cette initiative est de créer des documentaires touchant différents aspects de la pauvreté, tels que le genre et l'inégalité, la ségrégation résidentielle, l'aide et le commerce.

Du 25 au 30 novembre, les films seront diffusés à travers le monde via 62 chaînes de télévision nationale, atteignant 500 millions de personnes. Une conversation en ligne sur le sujet suivra.

“Pourquoi la pauvreté” a été lancée aux Nations Unies le 27 septembre, et est dirigée par l'organisation 'Steps', basée au Danemark et en Afrique du Sud. Le programme n'est pas de collecter de l'argent ou de faire pression pour une solution unique à la pauvreté mondiale – il s’agit de susciter des discussions sur autant d’aspects de la pauvreté que possible.

Le cinéaste suédois, Bosse Lindquist, prend l'angle de la charité dans sa contribution, un documentaire intitulé 'Give Us The Money' (Donnez-nous l’argent). Il a parlé du film au correspondant de IPS, Becky Bergdahl, et de l’accent que cela met sur les artistes multimillionnaires Bob Geldof et Bono, qui ont passé des années à défendre les intérêts des plus pauvres du monde.

Voici quelques extraits de l’interview.

Q: Comment avez-vous eu l’idée de ce film? R: J'ai été invité par BBC, SVT et les autres directeurs des programmes à examiner la charité et le développement. Après avoir exploré le monde des célébrités, j'ai réalisé que Bob Geldof, qui de plusieurs manières a commencé l’implication de la célébrité dans la lutte contre la pauvreté, était l'un des rares acteurs constants à long terme.

Il est activiste depuis 1984, au début collectant des fonds pour les victimes de la famine, puis plus tard œuvrant pour un changement de système. Et sans surprise, Bono l'a aussitôt rejoint dans ce combat déjà dans les années 90, et ces gars, coopérant avec plusieurs autres individus et organisations, ont enregistré des gains assez remarquables. Et ils le font toujours.

Q: Les campagnes et concerts initiés par des artistes comme Bono et Geldof ont-ils réussi à aider les pauvres? R: Oui. Cela dit, il est aussi important de mentionner qu'il n’existe aucune étude scientifique montrant exactement l'impact qu'ils ont eu. Il en est de même, malheureusement, pour l'impact général de l'aide au développement sur le développement économique en Afrique. Ce sont des questions très compliquées, liées à une multitude de facteurs.

Toutefois, il est clair pour moi que Bono et Geldof ont joué un rôle important dans l'obtention de l’annulation en 2005 de la dette de l’Afrique envers les pays riches. En outre, Bono et Geldof ont aidé le président [George W.] Bush à mettre en place le PEPFAR (Plan d'urgence du président américain pour la lutte contre le SIDA), et à amener les pays riches à financer la GAVI (Initiative mondiale pour un vaccin contre le SIDA), deux projets qui ont financé ensemble une grande partie des médicaments salvateurs qui aujourd'hui atteignent huit millions d’Africains infectés par le VIH.

Q: Une superstar blanche et riche peut-elle vraiment devenir un porte-parole pour les pauvres de l'Afrique? R: Bono et Geldof sont devenus des défenseurs et lobbyistes habiles œuvrant pour des ressources accrues en faveur des personnes très pauvres en Afrique, ainsi que pour un changement de système au niveau mondial, afin de parvenir à une législation importante concernant la transparence de l'aide. Mais des porte-paroles – non! Ce travail doit être fait par les Africains.

Q: Quel travail des artistes activistes est fait pour l'image de marque personnelle, et qu’est-ce qui est fait pour aider? R: Quelques célébrités s'engagent dans la charité pour améliorer leur propre image de marque. Je n'ai trouvé aucune preuve indiquant que Bono et Geldof sont en train de faire cela. Mais bien sûr, leur plaidoyer sincère ne porte certainement aucune atteinte à leur image et leurs ventes de disques.

Q: Les 20 pour cent les plus riches des Etats du monde consomment 80 pour cent des ressources naturelles. Certaines personnes vivent dans le luxe absolu, d'autres souffrent de la faim. Est-il possible d'atteindre l'égalité mondiale – avec ou sans l'aide des superstars? R: Nous devons simplement œuvrer pour un monde plus équitable et plus juste. Toute autre chose ne serait pas juste. De même, c'est la seule façon de faire si nous voulons rendre le monde plus pacifique et plus sûr. Je crois que cela est également une condition préalable pour amener tout le monde à s’associer et lutter contre les dangers environnementaux et le réchauffement de la planète.