DEVELOPPEMENT: Les réfugiés climatiques – la réalité d’aujourd’hui*

RIO DE JANEIRO, 25 jun (IPS) – L'exode continue des Somaliens vers le Kenya et l’Ethiopie a alimenté le débat sur une nouvelle question de préoccupation mondiale: les réfugiés climatiques, chassés de leurs maisons et à travers les frontières par des événements météorologiques extrêmes.

Le déplacement massif des gens dans certaines régions d'Afrique, en particulier la partie orientale du continent, est provoqué par de longues périodes de sécheresse, la famine et des conflits armés. Une illustration de cette situation est le flot de personnes qui quittent la Somalie depuis la fin de 2010.

La question a suscité de vives inquiétudes au bureau du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui a lancé le rapport intitulé “Changements climatiques, vulnérabilité et mobilité humaine” lors de la conférence de Rio+20 sur le climat, le 21 juin.

Les organisations sociales sont très déçues par le document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, ou Rio+20, qui a réuni les chefs d'Etat de près de 130 pays à Rio de Janeiro et a pris fin le 22 juin.

Ce rapport du HCR, présenté à Riocentro, le lieu de la conférence, est basé sur les témoignages personnels de 150 réfugiés et personnes déplacées à l'intérieur en Ethiopie et en Ouganda, et évalue les tendances mondiales des déplacements forcés ainsi que leur relation avec les changements climatiques et les catastrophes naturelles.

Le nombre croissant de réfugiés climatiques donne une nouvelle urgence à la nécessité d'une atténuation des changements climatiques et pour des mesures d'adaptation dans les zones éloignées des régions du monde qui sont les plus touchées par le phénomène, telles que l'Afrique.

Des manifestants à travers le monde sont descendus dans les rues il y a une semaine pour marquer la Journée mondiale du réfugié célébrée les 20 juin et exigent que la communauté internationale fasse plus d’efforts pour résoudre ce problème humanitaire croissant.

Le rapport présenté par le Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, a été produit par l'Institut universitaire des Nations Unies pour l'environnement et la sécurité humaine, en partenariat avec le HCR, la Faculté des sciences économiques de Londres (LSE) et l'Université de Bonn.

Le recteur de l'Université des Nations Unies, Konrad Osterwalder, a déclaré que “Le rapport souligne combien il est important de comprendre les expériences réelles des personnes vulnérables avec des facteurs de stress environnementaux d'aujourd'hui”.

“Ce rapport confirme ce que nous apprenons depuis des années auprès des réfugiés”, a indiqué Guterres. “Ils ont fait tout leur possible pour rester chez eux, mais quand leurs dernières cultures n’ont pas réussi, (et que) leur bétail est mort, ils n'avaient pas d'autre choix que de se déplacer; un mouvement qui les a souvent conduits sur des chemins plus dangereux.

“Je suis convaincu que les changements climatiques seront de plus en plus un facteur dans l'aggravation des crises de déplacement dans le monde. Il est très important que le monde se mette ensemble pour faire face à ce défi”, a-t-il dit.

Le porte-parole du HCR au Brésil, Luiz Fernando Godinho, a déclaré à TerraViva que bien qu'il n'y ait toujours pas une définition claire de ce que constitue un “réfugié climatique”, ce qui est important à comprendre, c’est que les phénomènes liés au climat font sortir davantage de gens de leurs maisons et de leurs pays.

“Le HCR a lancé un appel à Rio+20 pour (que le monde) accorde plus d'attention à l'existence de réfugiés qui ont été déplacés par des changements climatiques extrêmes”, a-t-il indiqué. “La communauté internationale n'est pas parvenue à un ensemble de mesures ou d'accords pour donner des garanties aux personnes qui sont chassées de leurs foyers par des catastrophes naturelles”.

Il y a quelque 15 millions de réfugiés dans le monde aujourd'hui, dont 10 millions sont sous le mandat du HCR. Mais il est impossible de déterminer combien d'entre eux ont été déplacés par des catastrophes naturelles et des phénomènes liés au climat.

La Somalie seule, qui a la troisième plus grande population de déplacés dans le monde, compte 1,1 million de réfugiés vivant dans des pays voisins, trois fois le total de 2004. Ils ont été chassés du pays par une combinaison de conflits armés, la sécheresse et la famine.

*Cet article a été initialement publié dans TerraViva Rio+20