SWAZILAND-AFRIQUE DU SUD: Une ligne ferroviaire pour renforcer les économies

MBABANE, 24 jan (IPS) – La ligne ferroviaire de 146 kilomètres, qui sera établie entre l'Afrique du Sud et le Swaziland, permettra de réduire le coût des affaires entre ces deux pays voisins d’Afrique australe.

Les commerçants du Swaziland, qui importent la plupart de leurs marchandises d'Afrique du Sud, estiment que la nouvelle infrastructure ferroviaire aura également des retombées positives pour le consommateur en réduisant les prix des denrées en raison de la possibilité de la baisse des coûts de transport. “Les trains ne sont pas largement utilisés dans le pays parce que la capacité de l'industrie ferroviaire est réduite et donc limitée à quelques-unes des grosses entreprises”, a déclaré Sibusiso Sibandze, un entrepreneur. Le chemin de fer ira de Lothair, à Mpumalanga, en Afrique du Sud, à Sidvokodvo, au Swaziland. Annonçant ce projet, à Johannesburg le 12 janvier, le ministre sud-africain des Entreprises publiques, Malusi Gigaba, a dit que son pays verserait 1,5 milliard des deux milliards de dollars que coûtera le chemin de fer, tandis que le Swaziland paiera le reste. La construction débutera l'année prochaine et s’achèvera en 2016. “Le transport est l'une des raisons pour lesquelles le coût des affaires dans ce pays est un peu élevé”, a expliqué Hezekiel Mabuza, le vice-président de la Fédération de la communauté des entreprises du Swaziland. Le Swaziland importe plus de 80 pour cent de ses produits d'Afrique du Sud, qui à son tour importe environ 70 pour cent des produits d’exportation du Swaziland, qui comprennent le charbon, le sucre, la viande de bœuf et les agrumes. Cependant, la nouvelle ligne ferroviaire transportera essentiellement du charbon. Récemment, le pays a relancé son gisement de minerai de fer et 'Salgaocar Swaziland' est en train de mettre sur pied une usine de retraitement de minerai de fer afin d’extraire le minerai des décharges de mine abandonnées. Mais l'usine de retraitement n'est pas encore construite et 'Salgaocar' transporte actuellement le minerai de fer vers le Mozambique par voie routière pour être traité. Quotidiennement, 30 camions voyagent entre le Swaziland et le Mozambique et beaucoup de citoyens sont préoccupés par le nombre de véhicules lourds sur les routes. “La forte densité des poids lourds détruira nos routes et c'est pourquoi nous sommes ravis de ce projet parce que nous espérons que 'Salgaocar' saisira également l'occasion pour utiliser le chemin de fer”, a indiqué Mabuza. Mabuza a ajouté que parce que le Swaziland était enclavé, cela a fait qu’il était encore plus cher de faire entrer et de faire sortir des marchandises du pays. “Lorsque nous transportons des marchandises par bateau, nous sommes encore obligés de dépenser plus d'argent à les faire venir ou les expédier par la route soit du Mozambique soit de Durban”, a souligné Mabuza. Les hommes d'affaires ont salué la nouvelle ligne ferroviaire entre l'Afrique du Sud et le Swaziland, appelée la 'Swazilink Railway Line', comme une bouffée d'oxygène frais dans l'industrie du transport dans la région, parce qu’elle créera non seulement des emplois pour beaucoup, mais elle renforcera aussi les économies des deux pays. Environ 63 pour cent de la population de 1,1 million d’habitants du Swaziland vivent en dessous du seuil de pauvreté de deux dollars par jour. Le pays a été durement touché par la récession mondiale puisqu’il a perdu 60 pour cent de son Union douanière d'Afrique australe. L'investissement direct étranger est très faible alors que le taux de croissance économique est inférieur à deux pour cent. “Nous sommes très heureux que le Swaziland fasse partie de ce développement parce que ce projet permettra également d'augmenter la quantité de produits transportés dans la région”, a déclaré Zodwa Mabuza, directeur général de la Fédération des employeurs et de la Chambre de commerce du Swaziland. “Nous nous attendons à ce que des industries se développent le long de l’infrastructure ferroviaire et que des emplois soient créés pour les communautés”, a indiqué Dr Gideon Mahlalela, le directeur général de la 'Swaziland Railway' (Société des chemins de fer du Swaziland). Mahlalela a ajouté que le nouveau chemin de fer ciblerait également des ports au Mozambique. “Nous envisageons également de nous connecter à d'autres ports dans le futur, qui pourraient se développer le long de la ceinture côtière orientale”, a déclaré Mahlalela. “Les chemins de fer sans solutions portuaires ne constituent pas la réponse aux besoins logistiques des clients”. Même si la ligne ferroviaire transportera essentiellement du charbon, a souligné Mahlalela, elle révèlera également le potentiel pour d'autres minéraux, non seulement entre les deux pays, mais aussi dans toute la région. Les institutions financières salivent déjà en pensant au projet et Mahlalela a affirmé que l'argent pour sa construction ne sera pas un problème, car le projet se financera grâce à la demande qu'il créera. Gigaba, le ministre sud-africain, et le ministre des Travaux publics et des Transports du Swaziland, Ntuthuko Dlamini, ont marqué le début du projet lors d’une cérémonie d'inauguration le 12 janvier à Lothair. Salué comme le premier investissement à grande échelle en Afrique australe depuis la construction de la ligne de chemin de fer 'Richards Bay' en 1976, lorsqu’il sera achevé, le projet créera une capacité supplémentaire de 15 millions de tonnes. “Globalement, l'infrastructure ferroviaire vit une renaissance majeure comme un investissement et un moteur de développement des citoyens de manière écologique et rentable”, a déclaré Brian Molefe, directeur général de 'Transnet', un groupe des chemins de fer et de transport en Afrique du Sud.