DEVELOPPEMENT: L’Afrique commence à ne plus dépendre de l’aide

NAIROBI, 19 jan (IPS) – Un nombre croissant de pays africains commencent à s'éloigner de la dépendance de l'aide, puisque le secteur privé national devient le moteur de la croissance à travers une grande partie de l'Afrique.

Actuellement, au moins un tiers des pays africains reçoivent de l'aide qui équivaut à moins de 10 pour cent de leurs recettes fiscales. Ils comprennent l'Algérie, l’Angola, la Guinée Equatoriale, le Gabon et la Libye – tous producteurs de pétrole. C'est un changement important par rapport aux années de forte dépendance de l'aide. Ce sont des pays qui ont le plus progressé vers le remplacement de l’aide par des ressources mobilisées localement. En moyenne, l'Afrique a réussi à collecter environ 441 dollars de taxes par personne par an tout en recevant 41 dollars par personne et par an d’aide, selon un examen approfondi de la mobilisation des ressources africaines réalisé par les Perspectives économiques en Afrique 2011. “Ce que cela signifie est que l'Afrique dans son ensemble bénéficie d'une aide qui est inférieure à 10 pour cent des taxes perçues”, indique Ken Mwai, un analyste financier et investisseur immobilier au Kenya. “Bien que l'aide dépasse 10 pour cent des recettes fiscales dans 34 pays, ces pays ont montré un élargissement progressivement plus élevé de leur assiette fiscale. “Ils comprennent des pays tels que le Mozambique qui ont presque doublé leurs recettes fiscales, ainsi que le Libéria, qui dans la dernière décennie, a augmenté ses recettes fiscales, de six pour cent à environ 20 pour cent”. Le Botswana est une autre économie forte dont le développement dépend largement des recettes localement réunies. Bien que des pays comme le Rwanda mobilisent davantage de ressources auprès des donateurs, cette nation d'Afrique orientale et centrale a également une attention forte sur l'investissement direct étranger. Mwai explique en outre que “le développement au Kenya dépend des donateurs, mais l'aide a été utile dans la construction d'infrastructures durables. En conséquence, le Kenya a pu construire des routes de pointe. Par exemple, la super autoroute 'Thika Road' a rendu l'entreprise immobilière dans cette région rentable de façon exponentielle. “Cela a attiré des investisseurs privés et aura un impact positif direct et indirect sur les impôts, puisque les gens créent et développent des entreprises déjà existantes”. La route a été financée par la Banque africaine de développement (BAD), une banque régionale multilatérale focalisée sur la promotion du progrès économique et social en Afrique. L’Ouganda dépend fortement du financement des donateurs pour son développement. Mais comme le Kenya, l'aide est allée dans la construction d'infrastructures solides, ce qui a créé un environnement propice pour l'investissement privé. “Au cours des deux dernières années, l'économie de l’Ouganda a été soutenue par la croissance dans les télécommunications, le bâtiment, ainsi que la multiplication des institutions financières – les secteurs dominés par des investisseurs privés représentent environ 54 pour cent du PIB (produit intérieur brut), par rapport au secteur de l'agriculture qui représente environ 24 pour cent du PIB”, affirme Ken Ogwang, un promoteur immobilier affilié à la 'Kenya Private Sector Alliance' (Alliance du secteur privé du Kenya), qui est composée d'environ 60 entreprises. Sur les 54 pays d'Afrique, l'aide dépasse les impôts perçus dans seuls 12 pays extrêmement pauvres comme le Niger. Mais, selon la Stratégie de développement accéléré et de réduction de la pauvreté de cette nation d’Afrique de l’ouest, qui appuie la croissance du secteur privé, des recettes supplémentaires issues de cette croissance sont prévues pour doubler le taux actuel de croissance du PIB réel à 11,5 pour cent. Les pays politiquement stables et démocratiques en Afrique, tels que la Tanzanie et Madagascar, mobilisent aujourd’hui des ressources alternatives principalement à travers l’accroissement de la fiscalité, du commerce et de l'emprunt intérieur. L'aide a été la principale source de revenus dans des pays comme la Tanzanie, qui a reçu 2,9 milliards de dollars d’aide, faisant d’elle le principal bénéficiaire de l'aide publique au développement dans la région. Toutefois, des analystes économiques prédisent que les partenariats public-privé en cours en Tanzanie rendront le pays plus autonome. Ces partenariats comprennent le 'Southern Agricultural Growth Corridor of Tanzania' (Corridor de croissance agricole dans le sud de la Tanzanie), un partenariat public-privé agro-alimentaire destiné à appuyer les petits fermiers. Au Kenya, les principales entreprises privées telles que 'Safaricom', 'East African Breweries Limited' et les banques privées ont élargi l'assiette fiscale du pays en agrandissant leurs succursales et leur champ de distribution, augmentant par conséquent le nombre de personnes qui sont employées et, donc, devant payer des impôts. 'Safaricom' est un opérateur principal de téléphonie mobile au Kenya. En 2011, l’entreprise a payé environ 58 millions de dollars d’impôts. Selon le Programme des Nations Unies pour le développement, pour que les pays africains atteignent les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et continuent de maintenir cet exploit, ils devront investir au moins 25 pour cent du PIB, ce qui demande des économies intérieures plus élevées pour répondre aux besoins de développement. Les OMD sont une série d'objectifs de développement et de lutte contre la pauvreté adoptés par les membres de l'ONU en 2000, avec pour échéance 2015. Le promoteur immobilier Ogwang affirme que “le secteur privé s'est avéré utile dans le renforcement du PIB. Des années de dépendance de l'agriculture ont été une perte pour l'Afrique. En conséquence, davantage de pays africains diversifient maintenant leurs économies en créant un environnement propice au secteur privé pour prospérer. Déjà, les télécommunications constituent l'un des principaux secteurs moteurs de l'économie de l'Ouganda”. L'implication du secteur privé, dans la création des établissements d'enseignement motivés par le profit, est devenue une autre source de revenus. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), l'Afrique du Sud, le Sénégal et le Nigeria ont le plus grand nombre de ces établissements.