GHANA: Vers une sécurité alimentaire dans le pays

TAMALE, Ghana, 28 déc (IPS) – A Dundo dans le district de Nyankpala, dans le nord du Ghana, 10 femmes sont occupées à désherber un champ de riz sur une parcelle de terre qui leur a été donnée par le chef du village.

Fusiena Idrisso, une mère de sept enfants, travaille dur dans l’entretien de sa culture parce qu'elle est impatiente de voir les bénéfices qu’elle pourra tirer de sa prochaine récolte. La saison dernière, elle avait gagné 200 dollars.

“Je n'ai jamais gagné une telle somme de toute ma vie”, a déclaré Idrisso.

Depuis qu'elle s’est mariée il y a 14 ans, Idrisso a été le plus souvent une domestique et travaille parfois comme ouvrière agricole journalière dans les fermes des autres, pour gagner en moyenne un peu plus d'un dollar par jour.

Mais grâce au système novateur introduit par le gouvernement, de petites parcelles des terres non utilisées ont été allouées aux gens comme Idrisso, avec des intrants agricoles et un appui technique pour leur montrer cultiver correctement.

Le projet est connu sous le nom de l'Initiative du grenier. Le gouvernement, avec l’appui de l'Alliance pour la révolution verte en Afrique (AGRA), acquiert temporairement des terres non utilisées par des propriétaires fonciers individuels et les rend disponibles principalement pour les jeunes et les femmes du pays. Cela a connu un succès jusqu'à présent. Les rendements de maïs et de riz ont presque doublé dans le nord du Ghana avec à la première récolte de l'initiative, en août. “Le gouvernement est dans le processus de quantification du produit pour le comparer avec les récoltes précédentes dans tout le pays afin de trouver le pourcentage d'amélioration”, a déclaré à IPS, Joseph Faalong, le directeur de l'agriculture dans le nord du Ghana.

“Mais à partir d’une observation, je peux dire en toute confiance que les rendements du maïs et du riz dans le nord du Ghana ont plus que doublé à la suite de l'initiative”.

Selon Dr Wilson Dogbe, chef du Programme de culture de riz à l’Institut de recherche agricole de Savannah, dans le nord du Ghana, la région demeure une zone à fortes potentialités malgré les conditions climatiques extrêmes ici, y compris des sécheresses et des inondations.

“Les communautés vivant dans la vallée de Libi, près du lac Volta dans la région du nord, profitent généralement de l'eau des inondations pour faire des rizières pour la production du grain de riz qui est l'un des principaux aliments de base au Ghana”, a-t-il affirmé à IPS.

L'initiative est un système simple qui consiste à ne pas perdre des terres. Les agents de l’administration locale persuadent ceux qui possèdent des terres non utilisées à les laisser volontairement afin qu’elles soient utilisées par les membres de la communauté qui sont intéressés.

Un propriétaire foncier peut aussi choisir d'être impliqué dans l'initiative et cultiver son propre champ, mais s’il ne veut pas, la location de la terre est payée en nature à partir de la récolte.

Une fois qu’un “groupe” agricole est formé, il est inscrit auprès du ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture. Le gouvernement fournit des tracteurs aux communautés pour la préparation de la terre, des semences certifiées et améliorées, des engrais et autres intrants agricoles, et un appui technique par le biais des agents de vulgarisation.

Cependant, ces services ne sont pas gratuits. Après leur récolte, les agriculteurs doivent payer le gouvernement en nature.

“La plupart des éléments fournis par le gouvernement viennent avec des subventions afin de s'assurer que les pauvres agriculteurs peuvent se les procurer comme des moyens d'amélioration de la sécurité alimentaire du pays”, a souligné Faalong.

Le programme vise à améliorer les conditions de vie de 250.000 petits fermiers en les dotant des compétences adéquates.

“Le nord du Ghana seul compte environ 60 groupes d’agriculteurs de diverses tailles allant de sept acres à 32 hectares, avec différents adhérents. Mais au total, la région du nord compte 15.722 agriculteurs qui font diverses cultures prioritaires y compris le riz, le sorgho, le maïs et le soja”, a indiqué Faalong.

“Le gouvernement s’est lancé dans des programmes de formation pour les agriculteurs grâce aux fonds de l'Agence danoise de développement international, par le biais de l'AGRA. Nous nous concentrons notamment sur des techniques agricoles améliorées et l'utilisation des intrants agricoles appropriés en bonnes quantités et au bon moment”, a déclaré Faalong.

Selon Idrisso, son groupe a récolté 120 sacs de 80 kilogrammes de riz pluvial, la saison dernière.

“Les 10 membres du groupe ont reçu chacun 10 sacs et les 20 sacs restants ont été remis au ministère comme paiement en nature des services et des intrants agricoles”, a-t-elle déclaré à IPS par l’intermédiaire d’un traducteur.

Tous les 10 membres du groupe d’Idrisso sont des femmes, qui n’ont pas d’éducation formelle.

“Nous continuons de les suivre pour nous assurer qu'elles font la bonne chose au bon moment”, a déclaré Dogbe au sujet des agriculteurs impliqués dans le projet.

Jusqu'à présent, des sites de démonstration ont été mis en place dans 16 districts du nord du Ghana.

“Nous utilisons ces sites comme des centres de formation basés sur des pratiques fondées pour les agriculteurs – dont la plupart ont une instruction limitée, ou sont carrément illettrés”, a expliqué Faalong.

Le ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture est en partenariat avec des entreprises commerciales qui vont acheter en bloc les grains récoltés auprès des agriculteurs à un prix pré-négocié.