SANTE-AFRIQUE: ''Une opportunité pour changer le cours de l'histoire''

JOHANNESBURG, 13 avr (IPS) – Une campagne africaine a été lancée pour arrêter les infections du VIH, ceci au moment où le continent continue d'être le plus touché par le SIDA dans le monde entier.

Selon le Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), 3,2 millions sur les cinq millions de nouvelles infections, qui seraient survenues l'année dernière, étaient en Afrique subsaharienne. Plus de 60 pour cent de toutes les personnes séropositives (un peu moins de 26 millions) vivent dans cette région, même si elle représente environ 10 pour cent de la population mondiale.

'L'année d'accélération de l'accès à la prévention du VIH' a été lancée simultanément à Johannesburg, Addis Abeba, Ouagadougou et à Khartoum; elle est menée par l'Union africaine et des agences de l'ONU. L'espoir est que les pays en Afrique intensifieront et amélioreront les efforts pour prévenir l'infection du VIH.

"Il est inadmissible que chaque jour, près de 2.000 enfants soient infectés par le VIH au cours de la grossesse, de l'accouchement ou de l'allaitement — la plupart en Afrique au sud du Sahara — et que chaque jour, quelque 6.000 jeunes gens âgés de 14 à 24 ans contractent le virus", a déclaré le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) dans un communiqué distribué au lancement de la campagne.

"Cette année représente une opportunité pour changer le cours du virus et de l'histoire". Ceux qui étaient présents au lancement de Johannesburg comprenaient la ministre sud-africaine de la Santé Manto Tshabalala-Msimang et la chanteuse béninoise Angélique Kidjo, participant en sa qualité d'ambassadeur de bonne volonté de l'UNICEF.

"Nous devons identifier les vecteurs de la propagation de l'infection du VIH dans la région et faire des efforts concertés pour nous y attaquer", a déclaré à la rencontre, Tshabalala-Msimang. "Ces facteurs incluent la pauvreté, le sous-développement et les inégalités de genre qui rendent les femmes plus vulnérables à l'infection du VIH et l'impact du SIDA".

L'ONUSIDA évalue le taux de prévalence du VIH au sein de la population adulte d'Afrique du Sud à 21,5 pour cent. Le pays a adopté la stratégie 'ABC' pour contenir la propagation du VIH; cette approche met l'accent sur l'abstinence jusqu'au mariage, la fidélité à un seul partenaire — et l'utilisation du condom pour éviter la transmission du VIH au cours des rapports sexuels, en particulier là où des partenaires multiples sont impliqués.

"Profitant du programme de distribution massive de condoms, qui atteint en moyenne plus de 300 millions par an, notre message se focalisera principalement sur l'utilisation correcte et conséquente de ces produits que le gouvernement met à disposition gratuitement", a indiqué Tshabalala-Msimang, notant que 33 millions de dollars seraient dépensés pour la campagne anti-SIDA de l'Afrique du Sud durant les deux prochaines années. Le pays a été accusé d'avoir organisé une réponse lente à la pandémie. Des activistes restent préoccupés par le fait que le président Thabo Mbeki et la ministre de la Santé ne montrent pas un leadership suffisant dans la lutte contre le VIH, et ont demandé l'accélération du rythme de fourniture des anti-rétroviraux.

L'Afrique australe est la partie du continent la plus touchée par le VIH.

Des chiffres de l'ONU indiquent que plus d'un tiers de toutes les personnes infectées par le virus à la fin de l'année dernière se trouvaient dans cette région – environ 15 millions. Des gouvernements et des groupes de soutien en Afrique australe cherchent des voies et moyens de réduire la propagation du VIH, se trouvant parfois confrontés aux coutumes séculaires.

"Au Malawi, nous avons des initiations traditionnelles. Après l'initiation, on demande aux filles de sortir avec des hommes plus âgés pour prouver leur féminité. La pratique augmente les risques d'infection au VIH", a déclaré Maureen Kumwenda, une responsable de jeunes luttant contre le SIDA, qui a pris part au lancement de Johannesburg.

"Certains (parents) envoient leurs filles aller chercher de l'argent à travers la prostitution", a-t-elle souligné. Ceci fait également courir aux jeunes femmes le risque de contracter le VIH.

Par ailleurs, le chômage pourrait être en train de contribuer à l'avancée du virus. "Par exemple, les étudiants, qui ont fini leur cours secondaire et ne peuvent pas aller à l'université, se livrent à de mauvais comportements", a indiqué Kumwenda.

Elle a demandé qu'on forme ces jeunes en leur donnant des connaissances dans des domaines comme la technologie de l'information, pour augmenter leurs chances de trouver un emploi. Le taux de prévalence de VIH du Malawi est de 14,2 pour cent, selon l'ONUSIDA.

Le Zimbabwe est le seul pays en Afrique australe où les taux d'infection du VIH ont chuté.

En octobre dernier, l'UNICEF a noté que le taux de prévalence parmi les femmes enceintes est passé de 24,6 pour cent à 21,3 pour cent entre 2002 et 2004. Ceci avait eu pour effet la réduction du taux global d'infection parmi les adultes à 20,1 pour cent.

Toutefois, la situation sanitaire dans le pays reste désastreuse. Trois bébés sont infectés par le VIH par heure, tandis qu'un enfant meurt d'une maladie liée au SIDA toutes les 20 minutes, affirme l'agence de l'ONU pour l'enfance.

Kidjo a demandé qu'on mette fin à la violence contre les femmes et qu'on leur donne l'éducation pour leur permettre de contrôler leurs vies.

"Plusieurs recherches ont montré que les personnes éduquées peuvent réduire le taux d'infection du VIH", a-t-elle dit à la rencontre. "Mais ce n'est pas assez pour maintenir les filles à l'école. Elles doivent être maintenues hors de portée des auteurs d'abus".

D'autres activistes ont dit que la campagne de prévention devrait être combinée avec une bonne alimentation et des médicaments anti-rétroviraux pour les mères, afin d'éviter que plus d'enfants ne deviennent orphelins..

Plus de 12 millions d'enfants ont perdu leurs parents à cause de la pandémie du SIDA en Afrique, note l'ONUSIDA.