Est-ce que l’Afrique peut anéantir son Hydre Financier?

BULAWAYO, Zimbabwe, Janvier 28 2017 (IPS) – Grâce à la croissance de l’intérêt pour investir, la croissance du respect pour des réformes démocratiques et son grand potentiel pour produire de la nourriture, l’histoire du Africa Rising se porte de mieux en mieux.

Le contrôle du flux financier illégal va libérer des finances pour des projets de développement comme la provision en eau potable garantie. Un homme qui vient chercher de l’eau à un puits foré par le gouvernement dans le sud du Zimbabwe. Credit: Busani Bafana/IPS Mais le grand succès du développement de l’Afrique ne sera complet que quand le continent arrêtera l’hémorragie de ses ressources financières dont il a absolument besoin pour son propre développement.

L’on estime que l’Afrique perd 50 milliards de dollars par an à cause des écoulements financiers illégaux (IFFs) -la moitié des pertes globales et l’équivalent du produit national brut du Maroc.

Selon la Banque Mondiale IFFs réfèrent à des pertes voulues délibérément de ressources financières à cause de manque de facturation. Des chercheurs prétendent que ceci porte une atteinte à l'histoire du Africa Rising. Encore pire, les IFFs dérobent des ressources dont les Africains ont besoin pour avoir accès à une meilleure nourriture, éducation et soins de santé. Malgré la diminution de l’importance de la sous-alimentation dans le Sub Sahara de l’Afrique le programme mondial de la nourriture dit que la région a encore toujours le plus haut pourcentage de population qui a faim; une personne sur quatre est sous-alimenté.

Aussi cancérogène que la corruption, les fuites financières illégales coûtent beaucoup de temps à l’Afrique. Ceci est en dépit d’une initiative continentale pour les réprimer au moment où, selon l’Index annuel de gouvernance Africaine 2016, l’Afrique progresse en bonne gouvernance.

Est-ce qu’on peut rogner les ailes de la fuite des capitaux ? Dans un rapport datant de 2015 du panel de haut niveau sur les fuites illégales des capitaux de l’Afrique établi par l’Union Africaine et la Commission Economique pour l’Afrique (ECA) des Nations Unies, ils estiment le montant des pertes financières entre 50 milliards et 148 milliards de dollars par an à cause d’une évaluation inexacte du commerce. L’Afrique du Sud, la République Démocratique du Congo, le Nigéria, le Mozambique et le Libéria sont parmi les pays qui ont souffert le plus à cause de l’évaluation inexacte du commerce. Richard Munang, expert du changement climatique et coordinateur des Nations Unies du programme régional environnemental, mentionnait à IPS que les IFFs entravent de façon significative le développement et le progrès qui mise à atteindre le but du Développement Durable (SDGs), si on considère les investissements astronomiques que la région doit mobiliser et le déclin des sources internationales. De façon cumulative les IFFs s’étendent du pillage des ressources naturelles et crimes environnementaux comme l’abattage illégal, le commerce illégal des animaux sauvages et la pêche irrégulière et irresponsable (IUU) jusqu’à l’exploitation illégale des mines, l’importation de nourriture et écosystèmes qui se dégradent. Munang estime que l’Afrique perd jusqu’à 195 milliards de dollars par an de son capital naturel- un montant qui dépasse largement le montant annuel dont l’Afrique a besoin pour investir dans son infrastructure, les soins de santé, l’éducation et adaptation au changement climatique avec un scénario de réchauffement de moins de 2 degrés.

Selon Munang il est absolument urgent de bloquer les IFFs et d’autres pertes de capital naturel si la région veut développer et atteindre les SDGs et d’ajouter qu’en termes de résilience du climat par exemple, on a projeté que les fonds qui sont distribués annuellement à l’Afrique devront augmenter avec un taux d’environ 10 à 20 % du niveau de 2011 afin de pouvoir amortir les frais d’adaptation à l’approche de 2020.

Jusqu’à maintenant, ceci n’a pas encore été atteint et il n’y a pas de chemin clair des sources internationales a dit Munang « mais les IFFs ne sont que le sommet de l’iceberg. Dans le paradigme des pertes du capital naturel de l’Afrique, partiellement sous la forme des IFFs, les pertes sont ahurissantes » Une étude récente appelée ‘’ Financement de l’Agenda de Développement de l’Afrique Post-2015’’ montre que l’Afrique a perdu entre 854 milliards et 1.8 mille milliards de dollars à cause des fuites financières illicites entre 1970 et 2008. De l’argent bon entre de mauvaises mains.

UNECA dit que les flux financiers illégaux sont des flux de capitaux qui ne sont pas registrés et qui proviennent de vols, de pots de vin et autres formes de corruption perpétrée par de employés du gouvernement et d’actes criminels comme entre autres le commerce de drogue, extorsion, le faux-monnayage, la contrebande et le financement de terrorisme. En outre, l’évasion fiscale et le blanchiment de transactions commerciales sont comptés parmi le IFFs. L’Afrique perd également beaucoup d’argent dont il a besoin par le trafic de stupéfiants, l’évasion fiscale, le braconnage des animaux sauvages, le trafic d’hommes et le vol de minéraux et d’huile. Les Contrôleurs des impôts sans frontières (TIWB), un projet lancé par l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OECD) et le Programme de Développement de Nations Unies a aidé en 2015 à récolter plus de 260 millions de dollars en recettes fiscales additionnelles dans huit pays pilotes, ce qui montre le potentiel des audits de resserrement fiscal.

Le directeur du secrétariat du TIWB James Karanja a noté que le renforcement des capacités peut aider les compagnies pour payer leurs impôts, arrêter la fraude fiscale et aider à augmenter les ressources intérieures pour financer les services gouvernementaux. Selon l’Institut Global McKinsey, la croissance GDP est en moyenne de 5% en Afrique, la dernière décennie, ceci dépasse largement les tendances économiques globales. Cette croissance a été accélérée entre autres par l’urbanisation rapide, des marchés locaux en cours d’expansion, une gestion saine de la macroéconomie et une meilleure administration.

Le comité présidé par l’ex président Sud-Africain Thabo Mbeki a également pointé du doigt les grandes sociétés commerciales comme coupables de IFFs qui ont été attisées par la corruption et une gouvernance faible. La solution était d’augmenter la transparence dans les transactions du secteur des mines et arrêter le blanchiment d’argent via les banques, des actions qui reposaient sur une action coordonnée entre le gouvernement, le secteur privé et la société civile.

‘’Les flux financiers illégaux sont un défi pour nous, les Africains, mais il est clair que la solution est globale. Nous ne sommes pas capables de résoudre ce problème nous-mêmes étant des Africains ‘’, a dit Mbeki dans une interview à New York avec le magazine des NU Africa Renewal en 2016.

Le Zimbabwe par exemple est actuellement dans une crise financière, ayant perdu, selon la Banque de Réserve, presque 2 milliards de dollars à des flux financiers illégaux en 2015. La figure vaut quatre fois la somme que le Zimbabwe a attiré dans l’Investissement Direct Etranger en 2015 et plus que la moitié du budget national de 2016. Le Rapport Financier Global sur l’Intégrité estime que les 30 dernières années, le Zimbabwe a perdu 12 milliards de dollars à des écoulements financiers illégaux.

‘’C’est une grande préoccupation. J’ai regardé les statistiques et j’ai trouvé que c’est un cancer que nous brassons’’ a concédé John Mangudya, Gouverneur de la Banque Centrale.

Est-ce que la transparence est l’instrument pour tuer le démon du développement? Selon La Banque Mondiale il faut une coopération internationale puissante afin de pouvoir contrôler les IFFs et des actions concertées par les pays développés et en voie de développement en collaboration avec le secteur privé et avec la société civile.

Les IFFs représentent un défi énorme pour la sécurité politique et économique dans le monde entier, surtout pour les pays en voie de développement. D’après la Banque du Monde, la corruption, le crime organisé, l’exploitation illégale de ressources naturelles, la fraude dans le commerce international et l’évasion fiscale sont aussi nocifs que le détournement d’argent des priorités publiques.

Si on donnait un avis comment rendre les politiques fiscales plus transparentes comme par exemple en demandant de révéler publiquement toutes les exonérations fiscales ainsi que les noms des personnes concernées qui ont donné l’exonération, ceci augmenterait probablement les revenus fiscaux des gouvernements et en même temps ceci réduirait le risque de corruption et le potentiel pour les firmes d’abuser des provisions pour exonérations fiscales.

Des initiatives globales pour limiter l’évasion fiscale et arrêter les produits de la criminalité comme le OECD/Le Forum Global de Taxation et les Conventions des NU contre la drogue, le Crime et Corruption Organisé Trans-National (UNODC) obtiennent des résultats. Le programme de la Banque Mondiale pour la Récupération des propriétés volées (StAR) a trouvé presque 1.4 milliards de dollars en acquisitions corrompues et gelées dans des pays OECD entre 2010 et 2012; moins de 150 millions ont été récupérés.

Des produits de flux financiels illégaux sont difficiles à récupérer malgré quelques cas high profile comme celui de Teodorin Nguema Obiang, le fils du leader qui a gouverné durant la plus longue période, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de la Guinée Equatoriale. En 2014 un tribunal américain a ordonné à Teodorin de vendre des biens pour une valeur de 30 millions de dollars qui sont supposés être produits de corruption. En 2013, 700 millions acquisitions volés et planqués en Suisse par le Sani Abacha régime ont été rendus au Nigéria.

Un rapport de 2016 de l’Initiative de Croissance de l’Afrique à l’Institut Brookings, ‘’Foresight Africa : Objectifs Prioritaires pour le Continent 2017’’ dit que la bonne gouvernance a un impact significatif de mobilisation de ressources intérieures comme recettes fiscales, aussi bien que les flux financiers externes comme FDI, ODA, envois de fonds et flux financiers illégaux.

Le rapport disait que les niveaux les plus bas de corruption et les niveaux les plus hauts de stabilité politique étaient en corrélation avec la proportion tax-to-GDP le plus haut tandis que à l’inverse, ‘’ les pays avec un score de stabilité politique bas ont une ODA-to-GDP proportion relativement haute. En outre, bien que les différences soient subtiles, les graphiques suggèrent que des pays plus corrompus ont des proportions de FDI-to-GDP plus hautes ‘’.