MALAWI: Travailler pour améliorer la production agricole sensible à la nutrition

LILONGWE, Malawi, 17 déc (IPS) – Au cours des dernières années, le Malawi a réussi à réduire la mortalité des nourrissons et des moins de cinq ans. Mais la réduction de la malnutrition, qui touche environ 1,4 million d'enfants, continue d'être un défi coûteux pour le pays.

Un rapport publié en 2015 par le gouvernement du Malawi, le Programme alimentaire mondial (PAM) en collaboration avec d'autres agences des Nations Unies, et l'Union africaine, estime le coût annuel total associé à la malnutrition infantile à 597 millions de dollars – une indication que l'insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique est encore répandue dans cette nation d'Afrique australe.

Pour changer ces taux de malnutrition alarmants, le gouvernement du Malawi et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation de l'agriculture (FAO) ont mis au point plusieurs initiatives axées sur l'augmentation de la production agricole pour améliorer la nutrition.

Erica Maganga, ministre de l'Agriculture, de l'Irrigation et du Développement de l'Eau, déclare à IPS que le rôle que l'agriculture joue dans la lutte contre toutes les formes de malnutrition est indéniable.

“Mieux vaut prévenir que guérir et l'agriculture est la clé pour réduire la malnutrition pour tous les âges et aider à réduire le coût de traitement de la malnutrition”, affirme Maganga.

La représentante résidente de la FAO au Malawi, Florence Rolle, est d’accord.

“Nous savons tous que la nutrition est un problème au Malawi et que l'agriculture a un rôle à jouer pour contribuer à l’amélioration de l'état nutritionnel des enfants, des femmes et des hommes”, indique Rolle.

“Il est maintenant temps d’identifier parmi les programmes agricoles existants ceux qui ont le potentiel de devenir beaucoup plus sensibles à la nutrition”, ajoute-t-elle.

En 2008, la FAO et le gouvernement du Malawi ont commencé à mettre en œuvre un projet intitulé Améliorer les politiques de sécurité alimentaire et de nutrition et le programme de sensibilisation (IFSN). Un volet de ce programme était d’introduire un programme global d'éducation nutritionnelle qui cible les familles avec des enfants ayant entre six et 24 mois pour prévenir la malnutrition.

Avec l’appui financier de l'organisation “Flanders International Cooperation Agency – FICA), le programme a ciblé deux districts – Kasungu, à seulement 100 km de la capitale Lilongwe et Mzimba dans le nord du Malawi.

Selon Soka Chitaya, responsable du projet dans le district de Kasungu, le programme a eu un impact sur l'état de santé de nombreux enfants dans le district.

“Avant le début du programme, beaucoup de nourrissons tombaient malades. Les mères, la plupart d'entre elles paysannes, se battaient, qui a affecté leurs récoltes parce qu'elles passaient plus de temps à l'hôpital à soigner leurs enfants malades que dans leurs jardins”, explique Chitaya.

Mais il affirme que l’histoire est maintenant différente.

Kondwani Phiri, 32 ans, du village de Yosefe, une mère de quatre enfants, n'a rien d’autre que des éloges pour le programme.

“Ce projet a changé ma vie. Mes enfants sont en bonne santé et heureux parce que je sais désormais ce qu'il faut planter dans mes jardins pour avoir des aliments nutritifs pour ma famille”, a déclaré Phiri à IPS tout en préparant un repas pour ses enfants dans la chaleur torride de novembre.

Mais elle s’inquiète que si les pluies tardent un tout petit peu à venir cette année, elle peut perdre tous les gains qu'elle a eus au cours des dernières années.

Le Malawi fait partie des pays d'Afrique qui devraient connaître la sécheresse dans les régions centrales et des inondations dans les régions du sud en raison de la météo du phénomène El Nino.

Loveness Matola, une autre mère heureuse, espère une année difficile en tant qu’agricultrice parce que les pluies sont déjà en retard, mais elle est convaincue qu'elle va s’en sortir et avoir assez de vivres pour sa famille. “Ce programme m'a permis d'inscrire mon enfant dans le cadre du Programme de l'alimentation des nourrissons et des jeunes enfants. Je ne m’inquiète plus parce que je sais désormais comment produire des aliments nutritifs à partir de mon jardin”, a-t-elle indiqué.

La bouillie contient des féculents comme la purée, le manioc ou la farine de maïs; des aliments riches en protéines tel que les haricots, la farine d'arachide, le poisson ou la poudre de viande ou le lait de chèvre, mélangés avec un légume, par exemple des citrouilles ou des légumes à feuilles et une matière grasse telle que l'huile d'avocat. La mangue ou tout autre fruit est servie pour compléter les groupes de cinq aliments quotidiennement recommandés pour l'enfant.

Parmi d’autres domaines d'intervention, le projet a inclus la promotion de la production animale; le changement climatique, les ressources naturelles et l'éducation environnementale; le renforcement des capacités et l'appui institutionnel; l’augmentation de la production des cultures et leur diversification; la promotion de la production de fruits; la conservation des sols et de l'eau; l'eau potable et un assainissement amélioré, ainsi que d'autres questions transversales telles que le genre, le paludisme et le VIH.

Ce n’est pas la seule intervention que la FAO et le gouvernement du Malawi sont en train de mettre œuvre pour améliorer la nutrition à travers le pays.

“Strengthening School Nutrition Education and School Gardens” [Renforcement de l'éducation sur la nutrition dans les écoles et sur les jardins scolaires] est le nom d'une autre initiative mise en œuvre.

Le gouvernement du Malawi, la FAO et le gouvernement brésilien ont signé un accord trilatéral avec trois composantes principales à savoir: examen du Plan stratégique sur la santé et la nutrition en milieu scolaire, l’Education sur la nutrition et l'Intégration de l'éducation sur la nutrition et les jardins scolaires.

Spécialiste des écoles, de l'alimentation et de la nutrition de la FAO, Dr Andrea Polo Galante a expliqué que l'initiative vise à améliorer l'éducation nutritionnelle, qui se concentre plus sur les aliments et le fait de bien manger.

Selon Thoko Banda, directeur en chef du ministère de l'Education, cet examen est destiné à faire des recommandations à intégrer dans les programmes des Ecoles de formation des enseignants.