ONU: Déployer des conseillers en protection des femmes pour freiner les violences sexuelles

NATIONS UNIES, 17 juil (IPS) – Malgré la politique de “tolérance zéro” des Nations Unies contre les violences sexuelles, il y a eu une vague de crimes basés sur le genre dans plusieurs zones de conflits dans le monde.

Il s’agit notamment du Soudan du Sud, de la République démocratique du Congo (RDC), du nord de l'Ouganda, de la Somalie, de la République centrafricaine – et, plus récemment, de l’Egypte et de la Syrie qui sont politiquement troublées.

Décrivant le viol comme “une arme de guerre”, le secrétaire général, Ban Ki-moon, a déclaré au Conseil de sécurité en juin que les violences sexuelles survenaient partout où les conflits faisaient rage, “dévastant les victimes et détruisant le tissu social des communautés entières”.

“C'était un crime en vertu du droit international pour les droits de l’Homme et une menace pour la paix et la sécurité internationales”, a-t-il dit.

Comme la plupart des crimes odieux surviennent dans des zones de conflit supervisées par des missions de maintien de la paix de l’ONU, les Nations Unies sont en train de mettre en place une armée de Conseillers en protection des femmes (WPA, son sigle en anglais) pour freiner spécifiquement les violences sexuelles dans les zones de guerre.

Pour commencer, ils seront déployés avec les missions de maintien de la paix au Soudan du Sud, en République centrafricaine, en Côte d'Ivoire, en RDC, au Mali et en Somalie.

Prié de dire si ces WPA seront limités à l'Afrique, André-Michel Essoungou de la Division des affaires publiques au Département de l'ONU pour les opérations de maintien de la paix et d'appui sur le terrain, a indiqué à IPS: “Il n'y a pas de restriction à une région du monde à cet égard. Mais le processus commence avec ces missions pour le moment”.

“Les procédures de recrutement sont en cours actuellement”, a-t-il ajouté. Marcy Hersh, une défenseuse principale des droits des femmes et des filles à 'Refugees International', a déclaré à IPS que son organisation insiste qu’avant le déploiement des WPA dans les missions politiques et de maintien de la paix, les Nations Unies prennent des mesures urgentes pour s’assurer que les WPA sont formés avant et encouragés à travailler en collaboration avec les structures humanitaires déjà opérationnelles.

En outre, ils doivent respecter les critères fondamentaux non négociables d’éthique et de sécurité pour enquêter sur les violences sexuelles dans les conflits, qui préservent la sécurité et la dignité des victimes.

Elle a indiqué que la Résolution 2106 adoptée récemment à l'unanimité par le Conseil de sécurité renferme un langage qui est conforme avec ces recommandations dans ses appels pour un déploiement à temps des WPA, leur formation adéquate, et leur coordination à travers plusieurs secteurs.

Compte tenu de ce langage fort, combiné avec les déclarations de plusieurs Etats membres selon lesquelles les WPA devraient être déployés dans toutes les missions politiques et de maintien de la paix, Hersh a déclaré: “Je suis convaincue que les Nations Unies travailleront d'urgence pour améliorer le déploiement des WPA”.

Elle a dit qu'elle espère aussi que les Nations Unies veilleront à ce que les WPA collectent des informations opportunes, objectives, exactes et fiables, comme une base pour la prévention et la programmation des interventions, et préservent la sécurité et la dignité des victimes de violences sexuelles.

Le secrétaire général a déclaré que l'ONU-Femmes et le département des opérations de maintien de la paix (DPKO) ont développé, au nom du Réseau d'action de l’ONU, le “tout premier programme de formation basée sur des scénarios pour des soldats de maintien de la paix”, dont certains, ainsi que des travailleurs humanitaires, ont été accusés de violences sexuelles – en particulier au Soudan du Sud, en RDC, Côte d'Ivoire et en Haïti.

Les Nations Unies mettront également en place une équipe d'experts sur “l’Etat de droit et les violences sexuelles dans les conflits”, décrite comme un instrument important pour renforcer les systèmes nationaux de justice et les cadres juridiques.

L'équipe a déjà fourni des conseils techniques aux gouvernements de la République Centrafricaine, de la Colombie, de la Côte d'Ivoire, de la RDC, de la Guinée, du Libéria, de la Somalie et du Soudan du Sud.

Zainab Hawa Bangura, représentante spéciale de l'ONU pour les questions des violences sexuelles dans les conflits armés, souligne qu'il y a 20 ans, les Nations Unies avaient fourni des “preuves irréfutables” de viol généralisé et systématique dans les pays de l'ex-Yougoslavie.

Elle a indiqué que lors d'une récente visite en Bosnie – où environ 50.000 femmes avaient été violées ou victimes de violences sexuelles – elle a découvert que, à ce jour, seule une poignée de poursuites ont eu lieu.

“Ainsi, les victimes de ces crimes continuent de marcher dans l'ombre et la honte, incapables de se débarrasser du passé pour se reposer et avancer”.

Plus récemment, à la fin de juin, les Nations Unies ont qualifié “d’inacceptables” plusieurs cas de viol de jeunes filles en RDC.

Neuf jeunes filles âgées de 18 mois à 12 ans, ont été admises dans un hôpital au Sud-Kivu avec des marques de violences sur le corps et des blessures internes très graves, entraînant la mort de deux d’entre elles.

“De telles violences et maltraitances sont inacceptables et doivent prendre fin”, a déclaré Roger Meece, chef de la mission de maintien des Nations Unies pour la stabilisation de la RDC (MONUSCO).