GABON: Le "Gabon émergent" pour en finir avec la dépendance pétrolière

ROME, 20 juin (IPS) – Le président du Gabon, Ali Bongo Ondimba, a présenté un nouveau plan de développement économique devant l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), insistant que son pays doit diversifier son économie.

Cette diversification aidera le Gabon à en finir avec sa dépendance de l’exploitation pétrolière, et à satisfaire les besoins existentiels de sa population.

Le plan, intitulé “Gabon émergent”, est basé sur quatre piliers, visant à exploiter «de manière rationnelle et soutenable» les richesses forestière, agricole, minière, et maritime du pays, a déclaré Bongo Ondimba pendant une séance spéciale de la 38e conférence de la FAO, à Rome.

Ces piliers sont consacrés dans les programmes «Gabon bleu», pour le développement de la pêche gabonaise, et «Gabon vert», visant à optimiser l’exploitation de la forêt, et à renforcer l’expansion de l’agriculture, ainsi que les programmes de développement industriel et des services.

Bongo a expliqué que son plan de développement économique du pays était imposé par les réalités auxquelles le Gabon est confronté, et par l’état fragile de sa situation socioéconomique actuelle.

En réalité, le Gabon est fortement dépendant de la filière pétrolière. Mais la dynamique de croissance de l’économie gabonaise constatée pendant les années 1960, favorisée par les exportations de pétrole, s’est ensuite essoufflée, avec une moyenne de deux pour cent de croissance annuelle depuis 1980. Insuffisante, cette croissance était également fragile parce que dépendante d’une ressource pétrolière dont la production, d’après les statistiques nationales, baisse continuellement depuis 10 ans. En plus, malgré cette manne pétrolière, le Gabon souffre du «paradoxe d’être un pays à revenu intermédiaire avec des indicateurs sociaux des pays les moins avancés», selon le plan stratégique «Gabon émergent», publié en 2012.

Selon les statistiques officielles, environ un quart de la population gabonaise vit en dessous du seuil de pauvreté, tandis que les conditions sociales sont préoccupantes pour les couches les plus vulnérables.

La dépendance pétrolière fait que le Gabon importe aujourd’hui «70 pour cent de ses besoins alimentaires», a déclaré Bongo pendant son allocution devant la FAO. L’agriculture locale ne représente que cinq pour cent du produit intérieur brut. Face à cette situation, a-t-il ajouté, «le Gabon, dans le cadre du nouveau plan de développement, va exploiter ses ressources naturelles, forestières, agricoles, minières, et maritimes, de manière rationnelle et durable, pour améliorer les conditions de vie» de la population.

«Le pilier 'Gabon vert' s’appuiera sur la valorisation de notre formidable écosystème: nos 22 millions d’hectares de forêt, nos terres agricoles, nos 800 kilomètres de littoral maritime», a-t-il indiqué. «L’économie verte s’annonce, en effet, comme un vecteur de l’économie mondiale du XXIème siècle et notre pays dispose des atouts pour en devenir un grand acteur».

Le Gabon veut aussi développer la pêche, et devenir «exportateur de bois tropical certifié». «Avec le plan 'Gabon émergent', nous voulons résolument placer notre pays dans la modernité», a souligné Bongo.

Bongo est le président du Gabon depuis 2009, suite aux élections controversées, tenues immédiatement après la mort de son père, Omar Bongo Ondimba, qui a dirigé le pays pendant 42 ans environ. Le directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, a participé à la séance spéciale de l’organisation, ainsi que Maria Helena Semedo, directrice adjointe de l’agence en charge du développement des connaissances, Eduardo Rojas-Briales, directeur adjoint en charge des forêts, et Ib Kollavik-Jensen, du département des pêches et de l'aquaculture.

Graziano da Silva a loué la présentation de Bongo sur «une stratégie de développement compréhensible», menée «par un leadership politique réel», et incluant «les dimensions multiples de développement, qui vont encadrer la coopération de la FAO» avec le gouvernement gabonais.

Kollavik-Jenssen a aussi salué le plan «Gabon émergent». Kollavik-Jenssen et Rojas-Briales ont rassuré Bongo de «la coopération la plus totale» de la FAO pour mener le plan de développement «à son meilleur succès».

Bongo a rappelé que les forêts gabonaises, de 24 millions d’hectares, qui représentent 10 pour cent du bassin du fleuve Congo, «constituent un précieux patrimoine naturel, bien conservé, destiné à jouer un rôle décisif devant les problèmes climatiques» à travers le monde.

Le Gabon dispose en effet d’une chaine de 13 parcs nationaux, qui constituent une forêt vierge, «pas encore piétinée par l’Homme», selon une collaboratrice du président gabonais, qui a requis l’anonymat.