AFRIQUE: Progrès dans la promotion des femmes en 2012

PORT-LOUIS, 14 déc (IPS) – L’année 2012 restera une année positive par rapport à la promotion des femmes dans les instances de décisions sur le continent africain, mais pas uniquement sur cette plateforme. C’est le cas dans d’autres domaines en général.

Si la plupart des économistes prévoient un boom économique en Afrique, les mesures pour la promotion des femmes ont déjà été enclenchées. Des femmes ont été promues alors que d'autres ont été maintenues à des postes amplement mérités.

Au sommet, on retrouve une femme, l'ex-épouse du président de l'Afrique du Sud, Nkosazana Dlamini-Zuma, qui a été élue présidente de la Commission de l’Union africaine (UA). Son élection n’a pas été chose facile, mais elle y est parvenue cette année. Cette femme, membre convaincu du Congrès national africain (ANC), qui s’est forgée politiquement au cours de la lutte anti-apartheid et l’exil, est considérée à 63 ans comme la femme la plus influente d’Afrique du Sud. Gravissant les échelons au sein de l’ANC, elle a partagé son temps entre le Royaume-Uni et l’Afrique australe, en œuvrant activement aux intérêts de son peuple. C’est au Swaziland, où elle était pédiatre dans un hôpital, qu’elle a rencontré Jacob Zuma. Elle est devenue sa troisième épouse en 1982 et ce, jusqu’en 1998, année de leur divorce. Cette position d’épouse ou d’ex-femme d’un leader important ne l’a jamais empêchée de jouer un rôle politique de premier plan. En 1994, lors de son accession au pouvoir, Nelson Mandela lui avait confié le ministère de la Santé. Une nomination où elle a eu la tâche ardue de reconstituer un système de santé publique fondé au départ sur le principe de la ségrégation raciale. Après cinq ans dans ce ministère, elle a passé dix autres années aux Affaires étrangères et trois au ministère de l’Intérieur. Partout où elle est passée, Nkosazana Dlamini-Zuma a laissé l’image d’une femme austère, sérieuse, efficace et parfois frondeuse. Cependant, détrôner un Jean Ping à la tête de l'UA n'a pas été une tache aisée, mais elle a réussi. Avoir une femme à la tête de l'UA donne de l'espoir à des milliers de femmes africaines, qui sont les premières victimes des conflits, des inégalités sociales, de viols, d’agressions barbares, et même des catastrophes naturelles et des maladies qui affligent toujours les peuples de ce continent.

L’année 2012 a vu aussi une femme africaine nommée procureur à la Cour pénale internationale (CPI) de la Haye. En effet, la Gambienne Fatou Bensouda, 51 ans, a succédé en juin 2012 à l’Argentin Luis Moreno-Ocampo au poste de procureur de la CPI. Cette avocate est mariée à un homme d’affaires maroco-gambien et mère de deux enfants.

Au Malawi, c'est aussi une femme qui a pris les affaires du pays en main, une nation qui demeure l'une des plus pauvres du monde. Joyce Banda a accédé à la tête du Malawi le 7 avril 2012 comme quatrième présidente du pays après le décès du président en exercice. Agée de 62 ans, cette militante de la cause féministe est une éducatrice confirmée. Elle a patiemment tissé sa toile pour occuper les fonctions de chef d’Etat aujourd’hui. Elle a occupé le poste de vice-présidente du pays en 2009, après avoir été ministre des Affaires étrangères et ministre de la Femme et de l’Enfance. Femme de courage et de convictions, elle s’est fait connaître du grand public pour sa décision de dépénaliser l’homosexualité et pour son refus d’accueillir sur son sol le président soudanais, Omar el-Béchir, qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI.

Dans la région de l'océan Indien et en particulier à Madagascar, on espère des élections crédibles en 2013. La Commission électorale nationale de la transition (CENIT) est certes respectée par toutes les forces politiques de la Grande Ile. Toutefois, elles n’étaient pas toutes sur la même longueur d'ondes par rapport au calendrier électoral. Mais que ce soient les politiciens malgaches ou le secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (COI), Jean-Claude de L'Estrac, la CENIT fait l'unanimité. Cette commission électorale malgache a, depuis le début de 2012 à sa tête, une femme, Béatrice Atallah, élue démocratiquement. Atallah a régi pendant huit ans le projet d’appui au Conseil national électoral, et a donné satisfaction aux bailleurs de fonds. Elle peut également revendiquer légitimement une expérience de 13 ans au sein de la Cour d’appel du tribunal d’Antananarivo, la capitale malgache, et démontrer son enracinement dans la société civile à travers sa participation à l’administration de l’orphelinat «Fazako». Avec Gisèle Ranampy, une des deux seules candidates, elle a reçu l’appui affirmé d’associations plaidant pour davantage de parité de genre au cours de la période de transition à Madagascar. Madagascar a aussi une femme officier de liaison permanente au sein de la COI, en l’occurrence Béatrice Mahasaly. La présidente des officiers de liaison permanente est également une femme, la Seychelloise Jeannette d'Offay.

A Maurice, les secteurs tant public que privé peuvent s’enorgueillir d’avoir su faire de la place aux femmes. Dans la fonction publique, on retrouve Prabha Chinien à la tête du 'Registrar of Companies' depuis plusieurs années, et dans le système judiciaire, l'avocate Mohanna Naidoo a été promue assistante du directeur des poursuites publiques.

L’année 2012 a été donc une très bonne année pour la promotion de la femme africaine. Espérons qu’il en sera de même en 2013.

*(Leevy Frivet est journaliste à Maurice et a écrit pour 'Gender Links', une ONG de défense des droits des femmes en Afrique australe. Cet article est publié en vertu d’un accord de coopération entre Gender Links et IPS).