ENVIRONNEMENT: Les négociateurs africains évitent le pire au Protocole de Kyoto

DOHA, 28 nov (IPS) – Les négociateurs africains participant aux discussions des Nations Unies sur les changements climatiques, à Doha, au Qatar, se disent déterminés à faire en sorte que les pays développés ne laissent pas mourir le Protocole de Kyoto, comme sa période d'engagement arrive à terme.

La première période d'engagement du protocole expirera le 31 décembre 2012, sauf si les négociateurs à la 18ème Conférence des Parties (COP18) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) peuvent lui donner un nouveau souffle de vie sous une deuxième période d'engagement pour commencer à partir de janvier 2013.

“Nous ne sommes pas prêts à regarder certains pays développés comploter pour enterrer le Protocole de Kyoto à Doha”, a déclaré à IPS, Chebet Maikut, un délégué ougandais. Le protocole actuel oblige les pays industrialisés et la Communauté européenne à réduire de quatre leurs émissions de gaz à effet de serre.

Le Groupe africain de négociateurs et l'Alliance des petits Etats insulaires font pression pour le renouvellement de l'accord, puisqu’il est le seul traité international en son genre.

Peter Odhengo, le coordonnateur de la 'Greening Kenya Initiative' (Initiative pour l’écologisation du Kenya), a confié à IPS: “Certains des pays développés qui prennent du temps (à mettre en œuvre les réductions des émissions) veulent utiliser la prochaine échéance comme une occasion de mettre fin à Kyoto et nous disons 'non'”.

Selon Odhengo, le Canada, la Russie et le Japon ne sont pas disposés à signer une deuxième période d'engagement, en partie parce qu'ils veulent que des économies émergentes comme la Chine et l'Inde s'engagent pour des réductions plus importantes des émissions.

Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la CCNUCC, a déclaré à IPS qu’un renouvellement de la période d'engagement était d’urgence nécessaire afin de sauvegarder des réductions importantes des émissions et des rôles comptables qui ont existé conformément au Protocole de Kyoto.

“Le Protocole de Kyoto est le seul accord existant et contraignant en vertu duquel les pays développés s'engagent à réduire les gaz à effet de serre. Il garantit la confiance politique internationale que les pays développés demeurent responsables pour conduire les réductions des émissions”, a-t-elle dit.

Figueres a indiqué que les projets de Doha avaient été préparés au cours de l'année et qu’elle espère qu’aucun nouveau problème ne se poserait.

Selon Figueres, ces projets comprennent la deuxième période d'engagement pour Kyoto ainsi qu'un ensemble de dispositions institutionnelles et la convention pour soutenir les pays en développement.

En attendant, selon Odhengo, les pays africains sont désireux de sauver le Mécanisme de développement propre (MDP) des Nations Unies, qui prévoit que des projets de réduction des émissions s’arrêteraient d'exister si le Protocole de Kyoto n'est pas prolongé au-delà de décembre.

Cependant, Peter Storey, le coordinateur du Réseau de conseils en financement privé de l'Initiative de la technologie climatique, basée aux Etats-Unis, a expliqué à IPS que c'est inutile que l'Afrique fasse pression pour cela. Il a indiqué que l'Afrique avait moins de deux pour cent de tous les projets du MDP enregistrés au niveau mondial et que les projets restants étaient pour la plupart en Chine, en Inde et au Brésil.

Conor Barry, le directeur des mécanismes de développement des acteurs au Secrétariat du changement climatique de l’ONU, a déclaré à IPS que les projets de MDP augmentaient rapidement en Afrique.

Il a affirmé que l'accent a changé pour passer des projets à grande échelle qui pourraient être facilement trouvés en Inde, en Chine et au Brésil aux projets à petite échelle en Afrique et dans des pays les moins avancés (PMA) dans d'autres régions.

“Nous avons beaucoup appris du MDP au cours de la première période d'engagement et nous pensons que la situation sera beaucoup mieux pour l'Afrique si les parties à Doha conviennent pour la deuxième période d'engagement (de Kyoto)”, a indiqué Barry.

Il a déclaré que le secrétariat élargissait ses projets à petite échelle, y compris ceux impliquant l'utilisation des foyers améliorés et des lampes solaires, à travers diverses régions géographiques.

Selon Barry, en avril, le secrétariat a introduit un projet de crédit visant à encourager l'enregistrement des projets du MDP dans des pays sous-représentés.

Les prêts sont accordés aux projets qui ont une forte probabilité d'enregistrement, une génération prévue de 7.500 Réductions certifiées des émissions (RCE) par an dans les PMA et de 15.000 RCE par an dans des pays non-PMA.

John Christensen, directeur du Centre Risoe du Programme des Nations Unies pour l'environnement, a déclaré à IPS que de telles initiatives pourraient augmenter la part de l'Afrique dans les projets du MDP.

Il a dit que le projet de commercialisation des émissions de l'Union européenne, qui est le principal acheteur des RCE, accepterait seulement des crédits de carbone provenant des projets dans les PMA à partir de 2013.