RIO DE JANEIRO, 20 juin (IPS) – Les objectifs guident l’action, et c'est pourquoi la définition d'un ensemble d'Objectifs de développement durable est si importante pour mettre le monde sur une voie durable, ont déclaré des experts, le 16 juin, sous la forêt tropicale de figues et de palmiers qui couvre une grande partie du sol à l'Université catholique pontificale de Rio de Janeiro.
“L’élaboration d’un consensus sur un ensemble d'objectifs donnera la clarté à la communauté mondiale sur ce qui doit être fait et un moyen pour mesurer les progrès”, a indiqué Saleemul Huq, un professeur principal au sein du Groupe sur les changements climatiques à l'Institut international pour l'environnement et le développement (IIED).
Des termes tels que “économie verte” et “durabilité” ont trop de significations différentes et trop d'interprétations diverses, a déclaré Huq à TerraViva au cours d'une pause lors de la conférence de deux jours sur des Idées justes, organisée par l'IIED et l'Université catholique pontificale, en prélude à la Conférence de haut niveau sur le développement durable ici du 20 au 22 juin.
Les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) se sont révélés être un outil utile, même si certains ne seront pas atteints d’ici à la date butoir de 2015, a-t-il dit. Les OMD ont permis de guider les gouvernements dans la définition de leurs politiques pour essayer d'atteindre des objectifs tels que la réduction de moitié de la pauvreté. L’OMD visant à connaître le nombre de personnes n’ayant pas accès à l'eau potable a été atteint au début de cette année.
Les OMD ne sont pas axés sur l'environnement et ils ne s'appliquent qu'aux pays en développement, a souligné Huq.
“Les objectifs de développement durable seraient beaucoup plus larges, couvrant la pollution, les impacts environnementaux et la consommation, et s'appliqueraient à tous les pays, riches et pauvres, mais de différentes manières”.
Les gouvernements de Colombie et du Guatemala ont d’abord proposé qu’un cadre pour la définition des Objectifs de développement durable (ODD) soit l'une des principales conclusions du Sommet de Rio+20 sur le développement durable.
“Les ODD ne portent pas sur l'environnement, ils concernent la sécurisation d'un avenir viable pour tous les peuples”, a déclaré Paula Caballero, directrice des affaires économiques, sociales et environnementales, au ministère des Relations extérieures de la Colombie.
“Nous voulons que le public et les décideurs politiques comprennent cela”, a indiqué Caballero à la conférence.
Un ODD sur la garantie de la sécurité alimentaire ne porte pas seulement sur les aliments, il concerne aussi l’assurance que l'eau coule pour produire ces cultures ainsi que la création de marchés justes et équitables afin que les agriculteurs puissent avoir des moyens de subsistance raisonnables, a-t-elle expliqué. Toutes les propositions actuelles pour des ODD conduiront à la réduction de la pauvreté.
“Les ODD seraient des outils pour la prise de décisions et la définition de politiques à tous les niveaux”, a dit Caballero.
Le rapport final du Panel de haut niveau sur de la durabilité mondiale du secrétaire général de l’ONU, publié en janvier, a également recommandé que les plus de 190 pays participant à Rio+20 s’accordent sur des ODD.
Au même moment, un groupe prestigieux de dirigeants mondiaux indépendants travaillant ensemble pour la paix et les droits humains, appelé 'Les Aînés', a demandé à la communauté internationale de soutenir les ODD à Rio.
“Si les décideurs continuent de se concentrer principalement sur la croissance économique pour répondre aux besoins de l'humanité, au lieu de prendre en compte une série de facteurs dans une approche plus durable, ils risquent de laisser aux générations futures un monde encore plus divisé et dangereux”, a indiqué l'archevêque Desmond Tutu, président des Aînés.
Cependant, il ne suffit pas de lancer simplement l'idée des ODD, a indiqué Caballero. Les pays doivent convenir d'une série de thèmes autour desquels il faut créer des ODD afin que le travail puisse commencer au lendemain de la fin de Rio+20.
“Un accord sur un processus judicieux pour définir ces objectifs est également important”, a-t-elle déclaré.
Le processus de Rio+20 seul n'est pas la façon de faire cela. Les experts et tous les acteurs doivent être impliqués, mais le processus devrait permettre la construction des ODD, pas la négociation de ces objectifs, a-t-elle affirmé.
L’obtention d’un accord pour créer des ODD ne sera pas facile parce qu’ils incluront un objectif visant à réduire la consommation des ressources dans le monde riche, a souligné Huq.
Lors du premier Sommet de la Terre à Rio en 1992, l’ancien président des Etats-Unis, George H.W. Bush, avait fameusement déclaré que “le style de vie américain n'est pas négociable”. La réalité et la science disent le contraire. Mais il y a un débat croissant au sein des Américains sur la nécessité de réduire la consommation, a indiqué Huq.
“Des débats sur la consommation et les ODD sont nécessaires dans tous les pays”, a-t-il dit.
Rio+20 doit également définir un délai dans lequel les ODD seront atteints, tel que 2015 pour la fin prévue des OMD.
“Sans un délai, rien ne se passera”, a déclaré Huq.
*Cet article a été initialement publié par IPS TerraViva.