SWAZILAND: Les coopératives ne sont pas une menace pour les banques

MBABANE, 20 fév (IPS) – Nomsa Tsabedze est l’une des nombreuses personnes à la coopérative d’épargne et de crédit 'Bunye Betfu, Buhle Betfu', qui attendent pour demander un prêt afin de payer les frais de scolarité de ses enfants au Swaziland, en Afrique australe.

“Contrairement aux banques, aucune garantie n’est exigée avant que vous n’obteniez un prêt de la coopérative”, a déclaré Tsabedze, ajoutant: “Si vous êtes membre d’une coopérative, un prêt vous est accordé en fonction de combien vous avez épargné”. Depuis les cinq dernières années, lorsqu’elle a commencé à travailler comme employée dans la fonction publique, Tsabedze épargne et obtient des prêts auprès de la coopérative. Mais alors que Tsabedze et des milliers de personnes comme elle ont choisi de mettre leur argent dans des coopératives et non dans des banques, bon nombre de personnes dans cette nation d’Afrique australe estiment que cela ne pose aucun risque à l’industrie bancaire. Cela, en dépit des inquiétudes du Fonds monétaire international (FMI) selon lesquelles les 230 coopératives d’épargne, de plus en plus populaires, constituent une menace pour les banques commerciales. Dans une récente évaluation, le FMI a dit qu’il était préoccupé par le fait que les gens fuient les banques commerciales pour les coopératives. “C’est parce que les prêts auprès des coopératives sont plus accessibles à la population swazi et n’ont pas de garanties pondérées appropriées contre les risques”, indique le rapport publié en décembre 2011. Alors que les banques commerciales sont considérées comme une aversion au risque et hésitent à prêter, les coopératives sont devenues le prêteur privilégié pour les fonctionnaires, en particulier. Il y a quatre banques commerciales dans le pays et une société de crédit immobilier, qui fonctionne comme une banque. Toutefois, le vice-gouverneur de la Banque centrale du Swaziland, Sibongile Mdluli, a déclaré qu’en dépit de la crise économique en cours, qui a commencé en 2010 lorsque le Swaziland avait perdu jusqu’à 60 pour cent de son budget national, à cause d’une coupe dans les recettes obtenues auprès de l’Union douanière d’Afrique australe, les banques demeurent stables. “Les risques émergents et la pression de l’environnement macroéconomique sont surveillés de près et il n’y a aucune raison de croire que la stabilité du secteur des finances est menacée”, a expliqué Mdluli. Bien que le commissaire adjoint de l’entreprise 'Cooperatives and Development' (Coopératives et développement), Mike Gama, ait affirmé que les banques n’ont rien à craindre des coopératives, il a indiqué à IPS que son association était en train de créer sa propre banque et que cela constituerait une menace pour l’industrie bancaire. “Les banques imposent aux coopératives des frais exorbitants au respect des frais bancaires”, a souligné Gama. “Par conséquent, nous sommes en train de créer notre propre banque. Cela va certainement paralyser les banques”. En attendant, le FMI affirme que les coopératives ne sont pas actuellement régulées et supervisées; par conséquent, il est possible que les gens tombent dans un endettement grave parce qu’une personne peut obtenir des prêts auprès de différentes institutions en même temps. Mais Gama n’était d’accord, estimant qu'une personne est éligible pour adhérer uniquement à une seule coopérative et que ces institutions soumettent ceux qui veulent emprunter aux mêmes règles attendues des banques et des micro-prêteurs. Il a ajouté qu'une personne ne pouvait emprunter de l'argent qu’auprès de la coopérative à laquelle elle appartient. “Les coopératives veillent également à ce que les dettes de la personne ne dépassent pas 33 pour cent de son salaire brut, comme le stipule la loi”, a dit Gama, ajoutant: “Chaque coopérative dispose d'une politique sur les prêts, l'épargne et le remboursement. J’imagine que le FMI était juste en train de généraliser sur cette question”. Il a admis que les coopératives d'épargne et de crédit gagnent en popularité auprès des travailleurs parce qu'elles offrent des conditions de prêt souples et les gens ont le sentiment qu’elles leur appartiennent. Tsabedze a déclaré à IPS que l'aspect séduisant des coopératives était que l’intérêt généré par le prêt est également partagé entre les membres à la fin de l'année. “Vous ne générez pas un profit pour quelqu'un d'autre, mais vous gagnez de l'argent pour vous-même”, a souligné Tsabedze. Elle a affirmé que même l'intérêt sur un prêt est inférieur à celui pratiqué par les banques commerciales – huit pour cent pour un prêt de trois ans. Le FMI a évalué la situation à nouveau au cours de sa visite au Swaziland du 26 janvier au 1er février, où le chef de mission du FMI, Johannes Mongardini, a demandé au gouvernement de mettre en place une autorité de régulation pour les institutions financières non bancaires tout en transférant, en attendant, la régulation des coopératives à la Banque centrale. Dans le rapport publié en décembre, le FMI a révélé que les banques au Swaziland sont plus vulnérables qu’elle ne l'ont jamais été par le passé en raison du fait que le gouvernement leur doit directement et indirectement à travers des fournisseurs qui ont contracté des prêts avec les institutions financières. En effet, ce n'est pas la première fois que le FMI a lancé un avertissement sur les institutions financières. En novembre, il avait souligné que les banques commerciales du Swaziland étaient menacées parce que des gens retiraient leurs dépôts et les amenaient en Afrique du Sud. Le gouverneur de la Banque centrale, Martin Dlamini, a toutefois rejeté l'assertion du FMI qui affirme que les déposants retiraient leur argent pour investir dans des fonds communs de placement. Mais le FMI, à travers le rapport intitulé “Vulnérabilités macro-économiques découlant de la crise économique mondiale: le cas du Swaziland”, a souligné que les banques ont plus à s’inquiéter sous la crise économique en cours. “Bien que les banques commerciales aient essayé de réduire leur exposition directe au gouvernement en 2011, l'accumulation d'arriérés les avait amenées à fournir un financement relais aux fournisseurs, augmentant une exposition indirecte”, indique le rapport. Le gouvernement devait aux fournisseurs environ 200 millions de dollars depuis juin 2011 et le FMI a dit que si la crise financière persiste, les portefeuilles de prêts des banques diminueraient également.