RWANDA: Améliorer la vie des petits agriculteurs

KIGALI, 23 août (IPS) – Joelle Nsamira Kajuga, chercheuse agricole, a une réponse toute prête pour dire quelle culture modifiée aura un rendement plus élevé, laquelle sera résistante aux bactéries, et quelle culture assurera la sécurité alimentaire et générera un chiffre d'affaires plus élevé pour les petits agriculteurs dans différentes régions du Rwanda.

La connaissance approfondie de Kajuga des cultures vient après une année de recherche sur diverses semences modifiées. Et maintenant, elle espère mettre en œuvre ses conclusions scientifiques pour améliorer la vie des petits fermiers des zones rurales de son pays.

Dans cette petite nation d'Afrique centrale, 60 pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et 90 pour cent des terres sont essentiellement composées de petites fermes. Mais l'agriculture est le pilier de l'économie du Rwanda, contribuant pour 40 pour cent aux 3,4 milliards de dollars du produit intérieur brut du pays.

A l'Institut de recherche agricole du Rwanda, Kajuga dirige une équipe de chercheurs qui étudient une semence modifiée et améliorée afin d’évaluer la façon dont les petits agriculteurs dans les zones rurales reculées du Rwanda pourraient l’adopter, ainsi que les nouvelles pratiques agricoles, pour accroître leur productivité.

L’équipe de Kajuga développe également de nouvelles méthodes et pratiques visant à lutter contre des maladies dans les cultures. Cela comprend l'étude des effets des facteurs de virulence sur la semence modifiée, en particulier les plants de tomates et de manioc – des cultures qui selon Kajuga peuvent être utilisées pour éradiquer la malnutrition et générer des revenus pour les communautés rurales.

Kajuga déclare que les agriculteurs dans les zones rurales sont à peine capables de satisfaire leurs besoins alimentaires quotidiens et de générer des revenus, en dépit du fait qu’ils produisent des cultures. Elle explique que c'est parce que les petits agriculteurs du Rwanda ont été dépendants des variétés de semences traditionnelles qui arrivent à maturité après une longue période et qui donnent de faible rendement pour chaque hectare de culture plantée.

Dans un pays qui est confronté au problème de plus en plus grave des terres limitées – le Rwanda fait 26.338 kilomètres carrés mais compte plus de 10 millions d’habitants -, des moyens pour cultiver de façon efficace les terres disponibles sont importants.

“Les communautés rurales produisent un certain nombre de cultures, mais le rendement a souvent été d’une faiblesse décevante, rendant aux petits fermiers la situation beaucoup plus difficile de s’en sortir”, a-t-elle expliqué à IPS.

Dans le district de Rutsiro, à l'ouest du Rwanda, Kaguja et son équipe ont effectué des essais de terrain en remplaçant la plantation de tomates par des patates douces modifiées. Ils ont conclu que les petits agriculteurs ont la capacité de tripler leur production si les vraies compétences agricoles et semences étaient appliquées.

“[Il n’existe pas] encore des chiffres qui indiquent à quel degré ces nouvelles cultures modifiées pourraient résoudre le problème de la faim et la malnutrition mais [les études] ont montré que la mise en œuvre et le succès de la recherche dépendront de la mentalité des communautés rurales dans ces régions”, a-t-elle déclaré.

Kajuga souligne que les fermiers rwandais ont besoin d'être formés et éduqués sur les avantages de l'utilisation des semences améliorées.

“Afin de changer l'image de l'agriculture à petite échelle au Rwanda [nous devons] mettre l'accent sur les programmes de formation sur la façon de maintenir la gestion des semis et des maladies”, a-t-elle confié à IPS.

Selon le ministère de l'Agriculture du Rwanda, dans les zones rurales, le chômage a touché plus les femmes que les hommes – surtout celles qui sont dans l'agriculture. Le gouvernement rwandais a adopté un certain nombre de politiques visant à promouvoir de nouvelles technologies agricoles dans les zones rurales.

Mary Mukamabano, 42 ans, mère de sept enfants et productrice de manioc dans le district de Rutsiro, croit que les petits agriculteurs ont besoin d'être éduqués sur le changement des pratiques agricoles. Selon elle, c'est parce que la plupart des terres exploitées actuellement par les petits fermiers dans les zones rurales se sont avérées insuffisantes pour nourrir leurs familles.

“C'est un défi si quelqu'un exploite une portion de terre qui ne nourrira jamais sa famille et ne générera aucun revenu”, a-t-elle expliqué à IPS.

Mukamabano a confié que “le caractère aléatoire” de ses jours constitue le plus difficile dans le fait d’être une petite agricultrice et qu'elle préférerait trouver un emploi autre que l'agriculture. “Ce dont on a le plus besoin, c’est de nous aider à trouver d'autres emplois que l'agriculture”, a-t-elle déclaré.

Mais Gloriose Nyiramatama, une productrice de maïs et d'arachide dans le district de Huye, dans le sud du pays, ne veut pas changer sa profession. Elle a plutôt changé de culture.

“Si nous [voulons vraiment] aller de l'avant avec des idées d’agriculture alternée, nous avons besoin des pratiques de recherche pour enrichir les gens de la localité et nous avons [aussi besoin d'être éduqués sur] les bonnes pratiques agricoles”, a indiqué Nyiramatama.

Nyiramatama a pu utiliser efficacement la recherche pour accroître sa production agricole. Cette mère de cinq enfants a cessé de cultiver des patates douces et elle a remplacé cette culture par l'arachide. Elle a raconté que depuis qu’elle a changé de culture, elle a généré un revenu légèrement supérieur à celui qu'elle faisait lorsque qu'elle cultivait des patates douces et que cette “production augmente”.