POLITIQUE: L'Ouganda cherche à arrêter des rebelles cachés au Congo

NAIROBI, 11 avr (IPS) – L'Ouganda a demandé à la République démocratique du Congo (RDC) de désarmer et d'arrêter des rebelles qui se cachent dans ce vaste pays d'Afrique centrale.

Le gouvernement du président Yoweri Museveni veut que les rebelles de l'Armée de résistance du seigneur (LRA), qui font des ravages dans le nord de l'Ouganda, soient jugés pour des crimes contre l'humanité. "Cela signifie que quel que soit l'endroit où ils (LRA) sont, ces pays (Ouganda et RDC) devraient coopérer et les arrêter afin qu'ils puissent être jugés pour leurs crimes. Je ne pense pas que le fait qu'ils aillent en RDC les sauvera, à moins que la RDC ne rejette cet appel", a dit à IPS, Onapito Ekolomoit, secrétaire de la presse présidentielle de l'Ouganda, depuis Kampala, la capitale du pays.

Les efforts faits par IPS pour avoir une réponse du gouvernement de la RDC à travers son ambassade à Nairobi, la capitale du Kenya, ont été infructueux.

La plupart des combattants de la LRA ont quitté leurs planques au Sud-Soudan voisin l'année dernière et ont passé la frontière pour se rendre dans l'est de la RDC, en proie à l'anarchie. Le Soudan a apporté tout son appui à la LRA en représailles au soutien présumé de l'Ouganda au Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (SPLM/A), un groupe rebelle qui a mené une guérilla contre des régimes successifs de Khartoum entre 1983 et 2005. Les conflits ont mis à rude épreuve les relations entre les deux voisins..

Toutefois, le nouveau gouvernement soudanais, formé après l'accord décisif de paix nord-sud, a promis de sévir contre la LRA.

Salva Kiir, président du gouvernement du Sud-Soudan, a demandé à la LRA de négocier avec le gouvernement ougandais ou de quitter le Sud-Soudan avant de faire face à une action militaire.

"En tant que force armée, la LRA n'a aucune puissance. Nous l'avons effectivement extirpée de l'Ouganda. Nous savons qu'il y a encore une poignée de rebelles qui ne se sont pas passés au Congo, et essaient de le faire maintenant, mais l'armée les poursuit. Puisque nous n'avons aucun protocole pour combattre les rebelles au Congo, nous les poursuivons ici (Ouganda), a ajouté Ekolomoit.

En 2004, Kampala a demandé à la Cour pénale internationale (CPI), basée aux Pays-Bas, d'enquêter sur les violations des droits humains dans le nord de l'Ouganda. Ceci fait suite à des efforts du gouvernement de l'Ouganda pour inviter les rebelles à la table de négociation. Mais les rebelles ont refusé de saisir l'opportunité.

Ce ne sont pas seulement les rebelles qui ont été accusés d'avoir commis des atrocités contre des civils dans le nord de l'Ouganda, mais également l'armée, quelque chose que le gouvernement a réfuté.

Conduite par l'ancien catéchiste catholique Joseph Kony, la LRA, qui cherche à diriger l'Ouganda en se basant sur les Dix commandements de la Bible, a été accusée de meurtre généralisé, de torture et de viol, pendant pratiquement 20 ans de combat contre l'armée. Les rebelles ont kidnappé des milliers d'enfants, dont la majorité a été recrutée comme enfants soldats.

Des milliers de personnes sont mortes des suites du conflit tandis qu'environ 1,5 million d'autres ont été extirpées de leurs maisons depuis que la guerre a commencé en 1986. Les districts les plus touchés sont : Pader, Kitgum et Gulu dans le nord de l'Ouganda.

Le conflit, qui a été décrit par les Nations Unies comme la guerre la plus oubliée du monde, a vu des milliers de personnes, en particulier des enfants, sortir en masses de nuit pour aller trouver refuge dans des couloirs d'hôpitaux et d'églises, craignant un enlèvement.

Mais la situation semble s'être améliorée maintenant. "En 2003-2004, nous recevions 40.000 personnes dans des églises et différents centres dans la ville de Gulu. Actuellement, il y a très peu de gens", a déclaré à IPS, le prêtre catholique, Carlos Rodriguez, dans un entretien téléphonique depuis Gulu, sans donner de chiffres. Il est le secrétaire de la Commission justice et paix à l'archidiocèse catholique de Gulu.

Les tueries ont également baissé considérablement. "En 2004, nous enregistrions chaque mois 30 à 40 personnes tuées. Mais au cours des six derniers mois, 56 personnes seulement ont été tuées", a ajouté Rodriguez.

L'amélioration dans les violations des droits de l'Homme a été également remarquée par Jan Egeland, le sous-secrétaire général de l'ONU aux affaires humanitaires et coordonnateur de l'aide d'urgence. "Il y a moins d'attaques de la LRA dans le nord de l'Ouganda et dans certaines régions, les gens commencent par retourner dans leurs maisons", a-t-il dit aux journalistes à une conférence de presse à Nairobi le 7 avril. La conférence faisait suite à sa visite dans le nord de l'Ouganda il y a quelques jours.

Selon lui, entre 200.000 et 300.000 personnes dans des régions voisines de Teso et de Lango avaient quitté des camps pour personnes déplacées pour retourner dans leurs maisons.

Egeland a toutefois exprimé des préoccupations par rapport aux mauvaises conditions dans les camps pour personnes déplacées. "Il y a un surpeuplement et les gens vivent dans des conditions inhumaines dans ces camps", a-t-il fait remarquer.

Les autorités ougandaises affirment qu'un plan est en cours pour désengorger les camps en aidant à la réinstallation des personnes déplacées. "Le gouvernement leur donne une aide de réinstallation, qui comprend des feuilles de tôle pour la construction des maisons, des semences pour des plants et des labours à la charrue", a affirmé Ekolomoit.

Les moyens agricoles devaient assurer la sécurité alimentaire dans une région qui dépend de l'aide humanitaire depuis deux décennies.

Pour accroître la sécurité alimentaire dans la région, Egeland a lancé un appel de fonds de 426 millions de dollars pour appuyer les besoins urgents de plus de huit millions de personnes gravement touchées par la sécheresse au Kenya, en Somalie, en Ethiopie, à Djibouti et en Erythrée.

Des personnes touchées par la pauvreté et les conflits vivant dans ces pays sont confrontées à de graves pénuries d'eau et à un faible accès aux vivres suite à l'absence de pluies. Ceci a entraîné un manque de nourriture – aussi bien pour les hommes que pour le bétail.

"Nous devons investir dans la sécurité alimentaire de ces populations vulnérables. Nous avons besoin de cet argent comme hier, au plus tard demain, si nous voulons sauver la vie de huit millions de personnes en danger de mort", a souligné Egeland.